Le Canada est-il une démocratie ?

 


Certaines personnes prétendent que le Canada est une démocratie. Regardons de plus près.

•  Le Canada a un chef d'État non élu qui est un monarque étranger nommé à vie: cela fait très Moyen Âge, n'est-ce pas !

•  Comme en Grande-Bretagne, le Canada a aussi une 'Chambre des Lords' non élue appelée 'Sénat' au Canada, où l'oligarchie qui gouverne le Canada depuis Toronto et Ottawa place les serviteurs du système pour superviser la Chambre des communes élue, et amender ou rejeter les lois qu'elle désapprouve.

•  Le gouvernement canadien peut opérer après n'avoir reçu qu'environ 20 pour cent du soutien de l'électorat, comme c'est le cas avec le gouvernement libéral minoritaire actuel, et prétendre toujours qu'il a un «mandat» pour changer profondément le Canada.

•  Puis, depuis les changements fondamentaux apportés à la constitution canadienne par des politiciens, en 1982, et cela sans référendum, la Confédération canadienne a été substantiellement centralisée. Les gouvernements provinciaux canadiens, qui avaient auparavant des droits exclusifs dans la Constitution de 1867, comme le gouvernement du Québec en matière de langue, de culture et d'éducation, ont été placés de force sous la tutelle de juges non élus, nommés et payés uniquement par le gouvernement fédéral.

•  Et pour couronner le tout, le gouvernement fédéral canadien possède et exploite ses propres réseaux de radio et de télévision, en français et en anglais, lesquels peuvent véhiculer à volonté la propagande gouvernementale.

Une démocratie ? Le système de gouvernement du Canada semblerait être plus rapproché d'une forme oligarchique de gouvernement, dans laquelle les citoyens ordinaires n'ont pas grand-chose à dire, essentiellement parce que la pyramide du pouvoir est inversée avec le pouvoir politique ultime au sommet, et non au niveau du peuple souverain. Nous sommes loin d'un système de gouvernement «du peuple, par le peuple et pour le peuple», dans lequel le pouvoir politique suprême appartient aux citoyens.

_____________________________________

P. S. Ajoutons que le gouvernement fédéral canadien a accès à sa propre banque centrale, laquelle peut imprimer de l'argent à volonté et ainsi imposer une taxe d'inflation furtive à la population.

_________________________________________________

Addendum,

Jeudi le 2 février 2023

Le système politique canadien et la démocratie au Canada

Le système fédéral canadien repose sur l'Acte constitutionnel de 1982.

Ce dernier, avec l'Acte constitutionnel de 1867, constitue la constitution canadienne.

Ces deux lois ont été approuvées par le Parlement britannique avant de s'appliquer au Canada, une fédération initialement composée des quatre colonies britanniques fondatrices (Québec, Ontario, Nouvelle-Écosse et Nouveau Brunswick), dont le nom était 'La Confédération du Canada'. De nos jours, le Canada comprend dix provinces et trois territoires.

L'Acte constitutionnel de 1982 a été adopté par le Parlement britannique, en 1982, et par le Parlement fédéral canadien et par neuf parlements provinciaux par la suite, mais pas par le Parlement de Québec.

Cette loi constitutionnelle ne fut point soumise directement à la population pour approbation. Elle ne mentionne pas le mot « démocratie » et son Préambule stipule que le sytème politique canadien reconnait la « suprématie de Dieu ».

En conséquence, le Canada est une monarchie constitutionnelle parlementaire fédérale.

Le Chef de l'État est un monarque non élu, chef de l'Église anglicane. La Chambre des Communes est élue au suffrage universel, mais le Sénat canadien n'est pas élu et ses membres sont nommés par le gouvernement en place.

Les référendums sont possibles, mais ils ne sont que consultatifs.

_____________________________________




Professeur Rodrigue Tremblay, 
professeur émérite de science économique, 
Université de Montréal.



COMMENTAIRES

François Ricard
22 décembre 2021

Le parlementarisme britannique a été conçu par et pour la haute bourgeoisie. Il est tout-à-fait bancal pour une utilisation plébéienne.

Il fonctionnait bien lorsque les Whigs et Tories étaient plutôt des clubs sociaux plutôt que des partis politiques. Le système n'a pas été conçu pour des partis de masse.

Une gouvernance véritablement démocratique fait une nette différence entre les trois pouvoirs : législatif, exécutif et juridique. Le système britannique est totalement bancal et fait du premier ministre un vrai monarque. Il dirige les législateurs (ses propres députés, à cause de la ligne de parti, ne sont là que pour endosser ses mesures); il supervise l'exécution du tout en nommant ou en dégommant les ministres. De plus, il a une certaine influence, sinon une influence certaine, sur la nomination des juges. C'est en fait un véritable dictateur pour la durée de son mandat. Nous n'avons qu'un semblant de démocratie. Les députés peuvent s'engueuler à la journée longue. Le premier ministre décide de tout.

Le parlementarisme à la britannique était un embryon de démocratie qui n'a pas crû. C'est un avorton. Il est temps que notre corps électoral ait une réaction de rejet.

Le système américain est de beaucoup supérieur. Leur seul handicap est de ne pas avoir réglementé le financement des partis politiques comme le recommandait Eisenhower en 1958.

Le système américain fait une nette distinction entre les trois pouvoirs: le législatif, l'exécutif et le judiciaire. Les représentants et les sénateurs ne sont pas liés par une camisole de force connue ici sous le patronyme de "ligne de parti".

_________________________________________________

Le 23 décembre 2021

Réponse du Professeur Rodrigue TREMBLAY au commentaire de M. François Ricard :

En effet, le système de royauté parlementaire très centralisé qui continue de prévaloir aujourd'hui au Canada est issu du système britannique aussi très centralisé. Il est tout à fait juste de dire que le parlementarisme à la britannique était, et est encore, un embryon de démocratie.

La loi constitutionnelle de 1982, que le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau a imposée au Parlement du Québec et à toute la population canadienne, sans un référendum, a rendu le système canadien encore plus centralisé, et j'ajouterais, presqu'impossible à réformer dans sa structure institutionnelle.

Par exemple, c'est la règle de l'unanimité qui s'applique pour modifier le rôle du monarque au Canada, et c'est aussi le cas pour les modifications à la formule d'amendement elle-même. Pour faire des modifications dans ces deux cas, il faut l'accord à la fois du Parlement fédéral et celui des assemblées législatives de chacune des provinces. Dans ces deux domaines, et dans trois autres comme la composition de la Cour Suprême, la règle de l'unanimité signifie que la loi constitutionnelle est, en pratique, irréformable par la voie démocratique.

Je ne l'ai pas mentionné, parce que je voulais garder mon texte relativement court, mais le Canada, comme la Grande-Bretagne d'ailleurs, a un organisme peu connu qui est le Conseil Privé de la Reine (Queen's Privy Council for Canada). À ne pas confondre avec le Conseil Privé du Premier ministre, lequel est le ministère du PM. Font partie du Conseil de la Reine, les ministres en poste, les anciens ministres, le juge en chef du Canada, les anciens juges en chef, les anciens présidents de la Chambre des Communes, les anciens présidents du Sénat, les anciens gouverneurs généraux et aussi des personnes éminentes, à titre honorifique.

Le rôle de ce Conseil Privé est de conseiller le Roi ou la Reine, ou son représentant le ou la gouverneur(e) générale, dans l'exercice de leurs fonctions.

En temps normal, le rôle du Conseil Privé de la Reine est surtout symbolique. En période de crise, cependant, il peut prendre une grande importance.

Concernant le système américain, il est juste de dire qu'il est plus démocratique que le système canadien, puisque le Président et le Chef d'État est élu au suffrage universel et les membres du Sénat américain, à raison de deux pour chacun des 50 états, sont aussi élus. Cependant, il s'agit d'un système qui présuppose un certain degré de compromis de la part des partis politiques, sans quoi il peut perdre beaucoup de son efficacité.

Présentement, les partis démocrates et républicains sont campés sur des positions qui se prêtent peu aux compromis, de sorte que le processus législatif fonctionne au ralenti, et peut même être bloqué à l'occasion.

La décision de la Cour suprême américaine, le 20 janvier 2010, d'enlever presque toutes les limites aux dépenses électorales, a fait en sorte que les forces d'argent ont accru considérablement leur influence sur l'appareil gouvernemental américain.

_________________________________________


La 'Nuit des longs couteaux' des 4-5 novembre 1981 et le coup de force constitutionnel fédéral de 1981-82

 Lundi 1er novembre 2021

La 'Nuit des longs couteaux' des 4-5 novembre 1981 et le coup de force constitutionnel fédéral de 1981-82*

Par Rodrigue Tremblay, professeur émérite de l'Université de Montréal et ancien ministre

« Une des plus tristes constances dans la conduite des hommes au pouvoir, c'est l'incapacité absolue qu'ils semblent tous acquérir d'admettre la moindre erreur. On préfère se buter ou « fuir en avant » plutôt que d'avouer tout simplement qu'on s'est trompé, c'est-à-dire qu'on est humain. » René Lévesque, Le Journal de Montréal, 29 déc. 1970.

«  Les indications et sondages dont le gouvernement disposait depuis plusieurs mois laissaient la plupart du temps craindre une défaite de l'option souverainiste. Néanmoins, le Parti Québécois avait décidé sans retour, et quelles que soient les circonstances, que la consultation aurait lieu au cours de son premier mandat. Voulant se donner une obligation de résultat, le parti s'était créé une obligation de calendrier ! » Claude Morin, Les prophètes désarmés, Montréal, Boréal, 2001, p. 209-210.

« Dans l'agression dont le Québec fut victime à Ottawa au début de novembre 1981, l'agresseur, ce fut Pierre Elliott Trudeau... Le fossoyeur du droit de veto du Québec, ce fut en définitive le premier ministre actuel du Canada. — Les justifications que M. Trudeau multiplie à ce sujet sont du pur cabotinage intellectuel, de la démagogie mensongère. » Claude Ryan, Le Devoir, 30 déc. 1982.


Le 4-5 novembre marque le 40e anniversaire d'évènements qui ont profondément marqué l'histoire du Québec et sa place dans la fédération canadienne.

Ce fut pendant la nuit des 4-5 novembre 1981, en effet, que des tractations secrètes — lesquelles se tinrent au Château Laurier à Ottawa, entre le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau (1919-2000) et les premiers ministres des neuf provinces anglophones, mais en l'absence et à l'insu du gouvernement du Québec — menèrent à l'acceptation par ces derniers du projet constitutionnel du Premier ministre canadien du temps.

Fait démocratique important à souligner, le gouvernement canadien n'a tenu aucun référendum pan canadien, ni même une élection référendaire, pour faire approuver par la population souveraine les changements constitutionnels adoptés en 1981, lesquels furent par la suite insérés dans la loi constitutionnelle de 1982, laquelle ne fut jamais signée par le Gouvernement du Québec.

De plus, le projet de P. E. Trudeau ne comprenait pas, comme il l'avait promis lors de la campagne référendaire de 1980, que l'insertion d'une charte des droits et libertés dans la constitution allait tenir copte du « caractère distinct » de la société québécoise et que le gouvernement du Québec avait la responsabilité de protéger et de promouvoir ce caractère distinct, dans le respect des libertés fondamentales.

• Le fil des évènement qui menèrent à l'exclusion du Québec de l'entente constitutionnelle de 1981 et de la loi constitutionnelle de 1982

Le point d'enclenchement du processus de négociations constitutionnelles fut la décision du gouvernement du Québec de tenir un référendum constitutionnel, le 20 mai 1980, afin d'obtenir un 'mandat de négocier, d'égal à égal, un  nouvel accord constitutionnel avec le reste du Canada', en vertu du droit des peuples à l'autodétermination.

Cependant, un certain nombre d'évènements politiques importants se produisirent au Québec à l'hiver et au printemps de 1980, après le dépôt de la question référendaire, le 20 décembre 1979.

D'une part, les résultats des élections fédérales du 18 février 1980 donnèrent un fort appui électoral à Pierre Elliott Trudeau, quand son parti, le parti libéral du Canada (PLC), obtint 68,2% des votes au Québec et fit élire des députés dans 74 des 75 circonscriptions québécoises.

D'autre part, le gouvernement fédéral décida de s'impliquer pleinement dans la campagne référendaire québécoise, en tenant des débats à la Chambre des Communes, à compter du 15 avril1980, sur les propositions du gouvernement québécois.

Ces débats à Ottawa s'étendirent sur deux semaines et permirent au Premier ministre Pierre Elliott Trudeau d'éclipser partiellement Claude Ryan, le chef du « Non ». Il le fit, le 25 avril, dans une lettre ouverte destinée aux Québécois, dans laquelle le premier ministre canadien promettait qu'il ferait tout en son pouvoir « pour réformer la Constitution canadienne » en cas de victoire du « Non », mais sans toutefois préciser le contenu d'une telle réforme.

En effet, M. Trudeau ne précisa pas explicitement si une telle réforme irait dans le sens des neuf recommandations autonomistes pour un 'fédéralisme renouvelé' proposées par Claude Ryan, même si plusieurs crurent que cela allait être le cas. Les propositions du camp du « Non », avaient été explicitées dans le Livre beige que le PLQ avait publié le 9 janvier 1980. Elles avaient été présentées comme un alternative au manifeste du camp du « Oui », intitulé D'égal à égal.

Le premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, sans être inscrit à aucun camp, comme la loi québécoise sur les consultations populaires en faisait l'obligation, est intervenu aussi lors d'un rassemblement important pour le camp du « Non », le 14 mai 1980, en prenant des engagements qui contribuèrent fortement à la défaite du camp du « Oui ».

Il avait dit :

« Si c'est un Non, ce sera interprété comme un mandat de changer la Constitution et de renouveler le fédéralisme. Je prends l'engagement solennel qu'après un Non, nous allons mettre en marche le mécanisme de renouvellement de la Constitution et nous n'arrêterons pas avant que ce soit fait. Je m'adresse solennellement aux Canadiens des autres provinces. Nous mettons notre tête en jeu, nous du Québec, quand nous disons aux Québécois de voter Non ; [...] nous n'accepterons pas qu'un Non soit interprété par vous comme une indication que tout va bien, que tout peut rester comme avant. »

En bout de ligne, le 20 mai 1980, le mandat constitutionnel recherché par le gouvernement Lévesque fut rejeté avec un vote "Non" de 59,56% contre un vote "Oui" de 40,44%.

• Les conséquences de la défaite référendaire de 1980 pour le gouvernement Lévesque et pour le Québec

Après sa défaite, le gouvernement Lévesque commit un certain nombre d'erreurs stratégiques face à un gouvernement fédéral canadien qui sortait grand gagnant de la lutte référendaire et qui souhaitait procéder à des changements constitutionnels dans les meilleurs délais. 

Le gouvernement Lévesque ne démissionna pas. En effet, un gouvernement qui perd un plébiscite se doit normalement de démissionner, car une défaite plébiscitaire est, à certains égards, plus importante qu'une défaite électorale. À la surprise générale, le gouvernement Lévesque n'en fit rien. Il fit comme si une telle défaite était somme toute mineure et qu'il pouvait revenir à la case zéro et demeurer, même sans mandat, le négociateur du Québec face au gouvernement canadien.

Quand Pierre Elliott Trudeau publia le 15 juillet sa « lettre ouverte aux Québécois » dans laquelle il avouait, non sans une certaine arrogance, que les « changements constitutionnels » à venir iraient dans le sens d'un fédéralisme centralisé et unitaire, le gouvernement Lévesque ne posa aucun geste de contestation devant ce qui apparaissait être une négation évidente des promesses faites implicitement pendant la campagne référendaire.

Quand le Premier ministre québécois se présenta à la première conférence fédérale-provinciale, tenue à Ottawa, le 15 septembre 1980, pour entamer officiellement des négociations importantes sur des changements constitutionnels à venir, il ne pouvait prétendre détenir un mandat pour soumettre des propositions constitutionnelles au nom de la population québécoise, puisqu'un tel mandat lui avait été refusé.

Par contre, quand la Cour suprême du Canada, présidé par Bora Laskin (1912-1984), un ami personnel du premier ministre canadien, statua le 28 septembre 1981 que le gouvernement Trudeau n'avait besoin que de l'appui d'un « nombre suffisant » de gouvernements provinciaux pour procéder avec sa réforme constitutionnelle, et non pas de l'unanimité de ces derniers, comme cela avait été le cas auparavant, le gouvernement du Québec se trouva fort désemparé et il fut placé dans un position de grande vulnérabilité.

En effet, la stratégie du gouvernement Lévesque pour faire obstacle aux visées constitutionnelles unilatérales du gouvernement fédéral avait consisté à se joindre à sept autres gouvernements provinciaux anglophones pour former le Groupe des Huit.

Cependant, ce front interprovincial d'opposition était fort fragile, et il se trouva sérieusement menacé d'éclatement à la suite de l'interprétation complaisante de la Cour suprême du Canada. En effet, il sautait aux yeux que le gouvernement Trudeau n'avait qu'à acquiescer aux quelques demandes des provinces anglophones pour obtenir leur appui.

Ce fut d'autant plus facile que le Premier ministre Lévesque avait ouvertement accepté, sans avoir consultés au préalable ses collègues du Groupe des Huit, la proposition piège de Pierre Elliott Trudeau de tenir un double référendum pancanadien sur la Charte des droits et libertés et sur une formule d'amendement, un idée qui déplaisait souverainement aux premiers ministres anglophones et qu'ils souhaitaient éviter à tout prix.

L'éclatement du Groupe des Huit se produisit dans la nuit du 4 au 5 novembre 1981... et on connaît la suite.

• Les conséquences pour le peuple québécois et pour la nation canadienne-française du coup de force constitutionnel fédéral de 1981-1982

Trois grandes conséquences pour le peuple québécois et pour la nation canadienne-française dans son ensemble ont découlé du coup de force constitutionnel fédéral de 1981-1982.

1- Le Parlement élu du Québec a été placé depuis sous la tutelle arbitraire d'un 'gouvernement des juges' non élu et nommé par le seul gouvernement canadien. [ N.B. : En Allemagne, par exemple, les membres de la Cour constitutionnelle allemande sont nommés à part égal par le Bundestag (ou le parlement allemand) et par le Bundesrat (lequel est un conseil des ministres des Länder, ou des provinces)].

Dans un tel contexte, il est devenu problématique pour le gouvernement du Québec de légiférer en matière de langue, de culture, de laïcité et d'éducation, tous des domaines qui relevaient dans le passé de sa compétence exclusive. L'exemple le plus patent a été la Charte de la langue française, plus connue sous le nom de « Loi 101 », laquelle s'est vue retranchée des pans entiers par les tribunaux fédéraux.

2- L'insertion de l'idéologie politique du multiculturalisme dans la loi constitutionnelle de 1982, (N. B. : Le Canada est le seul pays au monde qui a constitutionnalisée une telle idéologie politique), a justifié l'adoption d'une politique fédérale d'immigration super massive de remplacement de population, en très grande majorité intégrée au Canada anglais. À terme, cette politique est une menace au pouvoir politique relatif et à la survie même de la nation canadienne-française dans son ensemble. 

3- La centralisation politique accrue au niveau fédéral canadien tend de facto à faire du foyer majoritaire des francophones en Amérique du nord qu'est le Québec une sorte de colonie intérieure soumise aux diktats politiques du Canada anglais. Il en résulte une entorse majeure à l'histoire et à la démocratie.

• Conclusion

Les changements constitutionnels sur lesquels il y a eu entente lors de la 'Nuit des longs couteaux' des 4-5 novembre 1981, malgré l'opposition formelle du gouvernement québécois, et lesquels furent constitutionnalisés dans le loi constitutionnelle du 1982, ont considérablement réduit la souveraineté du Parlement du Québec dans les domaines de ses compétences.

Dans le nouveau contexte constitutionnel canadien imposé au Québec dans l'après-1982, le gouvernement du Québec rencontre de nombreux embûches dans sa mission première de préserver l'avenir du Québec en tant que seule société à majorité francophone en Amérique du nord.

___________________________________________

* Ce texte est en partie inspiré du livre de l'auteur « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 » Montréal, Fides, 2018, 344 p. Il est aussi publié dans l'Action Nationale, numéro de novembre, 2021.

___________________________________________

COMMENTAIRE

Jean-Claude Pomerleau, Vigile.Quebec

« La 'Nuit des longs couteaux' des 4-5 novembre 1981 et le coup de force constitutionnel fédéral de 1981-1982* »

Mardi, le 2 novembre 2021

Le piège référendaire tendu par les mandarins fédéraux à Claude Morin (Voir livre 'Mes premiers ministres') aurait pu être évité si on (le gouvernement Lévesque) avait suivi vos conseils.

On vit maintenant avec les conséquences désastreuses pour notre nation : Un seul ministre avait prévenu la direction du Parti québécois de cette tragédie prévisible dès 1979 et proposé une stratégie pour sortir du piège référendaire : Rodrigue Tremblay (La régression tranquille du Québec, Fides, chapitre 3).

Ouvrage ignoré des médias et sur lequel l'auteur revient dans cette capsule (à 8 min 4 sec, et suivantes) : Référence ici

Cette naïveté face à la « démocratie canadienne » n'a jamais quitté le PQ, mené depuis par des utopistes détachés de la dure réalité que suppose le projet souverainiste....

_________________________________


Le Prof. Rodrigue Tremblay
 est professeur émérite d'économie à l'Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018 "La régression tranquille du Québec, 1980-2018", (Fides). Il est titulaire d'un doctorat en finance internationale de l'Université Stanford.



On peut le contacter à l'adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com

Il est l'auteur du livre de géopolitique  "Le nouvel empire américain" et du livre de moralité "Le Code pour une éthique globale", de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé "La régression tranquille du Québec, 1980-2018".

Site internet de l'auteur : http://rodriguetremblay.blogspot.com

Pour s'enregistrer et recevoir les articles par courriel, écrire "souscrire" à : carole.jean1@yahoo.ca

Pour se désinscrire, écrire "désinscrire" à : carole.jean1@yahoo.ca

Prière de faire suivre l'article : http://rodriguetremblay.blogspot.com


Mis en ligne, le lundi, 1er novembre 2021

___________________________________________________

© 2021 Prof. Rodrigue Tremblay















Retraite désordonnée d'Afghanistan : Les États-Unis sont devenus un empire militaire trop étendu et cela constitue une menace sérieuse pour leur sécurité à long terme

Le mardi 7 septembre 2021

Retraite désordonnée d'Afghanistan : Les États-Unis sont devenus un empire militaire trop étendu et cela constitue une menace sérieuse pour leur sécurité à long terme

Par le Professeur Rodrigue Tremblay

(Auteur du livre géopolitique « Le nouvel empire américain »de son livre sur la moralité « Le Code pour une éthique globale » et de son livre historique « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 »)


«  Si un État s'étend trop au plan stratégique — par exemple en conquérant de vastes territoires ou en menant des guerres coûteuses il court le risque que les avantages potentiels d'une expansion extérieure soient contrebalancés par les grandes charges que cela implique.»

Paul Kennedy (1945- ), historien britannique, (dans 'Naissance et déclin des grandes puissances', 1988, initialement publié en 1987).


«  À la différence des autres peuples, la plupart des Américains n'acceptent pas l'idée ou ne veulent pas la reconnaitre que les États-Unis dominent le monde grâce à leur puissance militaire. À cause du secret gouvernemental, nos concitoyens ignorent souvent que nos garnisons encerclent la planète. Ce vaste réseau de bases américaines sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique, constitue en fait une nouvelle forme d'empire un empire géographique de bases militaires, ce qui ne sera probablement jamais enseigné dans un cours de géographie au lycée.»

Chalmers Johnson (193102010), auteur américain et professeur de sciences politiques, (dans un article sur le site de TomDispatch et intitulé 'America's Empire of Bases' (L'empire américain de bases militaires'), le 15 janvier 2004).


«  Le défi qui se pose aux dirigeants américains, au cours des prochaines décennies, est donc de reconnaître que de grandes tendances sont en cours de formation et qu'il est nécessaire de ‘gérer’ les affaires de manière à ce que l'érosion relative de la position des États-Unis se fasse lentement et en douceur, et ne soit pas accélérée par des politiques qui n'apporteraient que des avantages à court terme mais produiraient des désavantages à plus long terme. »

Paul Kennedy (1945- ), historien britannique, (dans 'Naissance et déclin des grandes puissances', 1988, initialement publié en 1987).



En 1987, l'historien britannique Paul Kennedy (1945- ) a publié un livre géopolitique sur la naissance et le déclin des grandes puissances, dans lequel il étudiait comment des facteurs économiques et militaires se conjuguent et font perdre à des nations hégémoniques leur statut de grande puissance. Sa principale conclusion est à l'effet qu'une grande puissance hégémonique devient, tôt ou tard, surexposée et son économie éprouve alors du mal à soutenir son énorme machine de guerre. En effet, pendant un certain temps, un empire peut accroître ses ressources en lançant des guerres à l'étranger. Tôt ou tard, cependant, une situation de guerre permanente et l'occupation militaire de terres étrangères comportent plus de désavantages que d'avantages.


Il y a 193 pays qui sont membres des Nations unies. Mais un pays, les États-Unies d'Amérique, exploite un réseau étendu de centaines de bases militaires à travers le monde, bien plus que tous les autres pays pris ensemble. Le professeur David Vine, dans son livre de 2020 intitulé 'The United States of War' ('Les États-Unis de la guerre'), a établi le nombre total de bases militaires américaines à l'étranger à près de 800 bases, dans plus de 70 pays. Cela suffit à qualifier les États-Unis de premier empire militaire véritablement global de l'histoire du monde.


Un tel rassemblement généralisé de bases militaires étrangères a deux conséquences principales. Premièrement, cela garantit que les États-Unis sont susceptibles de s'impliquer dans de nombreux conflits étrangers. Et, deuxièmement, cela nécessite qu'une part importante du budget public américain soit allouée au maintien d'un appareil militaire aussi important.


En effet, dans le budget américain total soumis pour l'année 2021-2022 (6 800 milliards de dollars, dont 3 000 milliards de dollars ou 44% est un déficit), le ministère américain de la Défense (DOD) se voit allouer 740 milliards de dollars. Cependant, les dépenses militaires américaines sont beaucoup plus élevées que celles allouées au seul Pentagone. Par exemple, le budget proposé pour 2021-2022 pour le ministère des Anciens Combattants (VA) s'élève à 243 milliards de dollars. Il faut également ajouter les près de 100 milliards de dollars que le ministère des finances (le département du Trésor) dépense pour les pensions des militaires retraités. Ensuite, il y a le budget de la C.I.A., lequel était de 85,8 milliards de dollars en 2020 et qui pourrait s'accroître en 2021. Le tout représente, au minimum, 1 168,8 milliards de dollars de dépenses militaires, soit plus de 17 pour cent du budget total des États-Unis pour l'année 2021-2022.


̣ La surcharge de la fonction de président américain


Pour beaucoup d'observateurs, la débâcle américaine en Afghanistan est la preuve que le président démocrate Joe Biden est inepte et incompétent, et que ses conseillers sont incapables de prendre de bonnes décisions et d'apprécier correctement une situation. C'est une évaluation en grande partie injuste. Ils ne sont ni imbéciles ni incompétents, mais ils sont peut-être surmenés et distraits.


En effet, on pourrait faire valoir que la fonction de président américain est devenue de plus en plus complexe et lourde pour un seul individu, surtout depuis que les États-Unis se sont donné un rôle militaire global. Le président américain n'a que vingt-quatre heures dans sa journée, comme tout le monde.


Ainsi, le chef de l'État américain est obligé de gérer une énorme bureaucratie ; il doit gérer d'importantes crises intérieures (pandémie, budget, Congrès, etc.) ; et, si cela ne suffisait pas, il doit aussi jouer le rôle d'empereur sur la scène internationale et traiter avec l'Iran, la Chine, Taïwan, la Russie, l'Iraq, la Syrie, le Yémen, Israël, quand ce n'est pas avec la Corée du nord, la Somalie ou l'Ukraine, etc. De même, les quelques conseillers de confiance qui l'entourent sont appelés à se pencher simultanément sur de nombreux dossiers. On peut comprendre que le président et ses conseillers puissent se laisser distraire par la multitude des problèmes internationaux auxquels ils se trouvent confrontés.


 Les États-Unis face aux chutes de Saigon en 1975 et de Kaboul en 2021


Il peut être utile de comparer deux échecs militaires américains importants, en 1975 et en 2021.


 La chute de Saigon le 30 avril 1975


La première fois qu'un expédition militaire d'envergure tourna en un vrai fiasco pour les États-Unis se produisit le 30 avril 1975 avec la chute de Saigon. La capitale du Sud-Vietnam ne pouvait plus bénéficier de la protection aérienne de la US Air Force depuis une entente de retrait des forces américaines conclue deux ans auparavant. Cette date du 30 avril 1975 marque le retrait précipité et chaotique des derniers 6 000 Américains à  quitter le Sud-Vietnam, ainsi que de 50 000 Vietnamiens, alors que la ville est tombée aux mains de l'armée nord-vietnamienne.


En effet, il est très important de souligner que le Secrétaire d'état américain Henry Kissinger avait signé à Paris, le 27 janvier 1973, un traité d'armistice, qualifié d'Accords de paix de Paris. Ces accords ont été conclus entre les États-Unis et le Sud Vietnam, d'une part, et la République démocratique du Vietnam (RDV), au nord, et le Viet Cong, d'autre part. Les Accords prévoyaient, notamment, « un cessez-le-feu immédiat, le retrait du personnel militaire américain en dedans de deux mois, la libération des prisonniers américains, l'arrêt des bombardements et la réunification du Vietnam par des moyens pacifiques ».


Le but était de permettre aux États-Unis de sortir du bourbier vietnamien « dans l'honneur ». Cependant, ce n'était ni plus ni moins qu'une sorte de capitulation en douce de la part des États-Unis, car la clause d'une « réunification pacifique » entre le Nord et le Sud Vietnam dans l'accord était intenable et elle était, dans les faits, non respectée pas la RDV et ses alliés, même si l'administration du président Richard Nixon y tenait mordicus.


 La chute de Kabul le 15 août 2021


Le parallèle entre la chute de Saigon le 30 avril 1975 et la chute de Kaboul le 15 août 2021 est troublant. Dans les deux cas, le gouvernement américain avait conclu auparavant une entente de retrait des forces armées avec l'ennemi, en laissant le gouvernement en place dépourvu d'une protection militaire aérienne. De même, dans les deux cas, le retrait de civils américaines et d'alliés locaux se fit dans un climat de précipitation et de chaos.


La différence cette fois-ci entre l'exode du Sud-Vietnam et celui de l'Afghanistan, tient au fait que le gouvernement de Donald Trump, dans ce dernier cas, a laissé le gouvernement Afghan, et même les pays alliés de l'OTAN, en dehors du processus de négociations d'une retraite du pays, en 2020.


En effet, souhaitant s'extirper de l'Afghanistan, le gouvernement républicain de Donald Trump signa un accord d'armistice avec les talibans le 29 février 2020, à Doha, Qatar. L'entente fut signée par le délégué spécial américain, Zalmay Khalilzad, sous la supervision du Secrétaire d'état américain Mike Pompeo, et le leader des talibans, Mullah Abdul Ghani Baradar.


L'absence du gouvernement Afghan à la table des négociations était manifeste ; cela contribua énormément à miner sa crédibilité. La date fatidique du 29 février 2020 marque également le début de la démoralisation et de la désintégration de l'armée afghane, laquelle se sentit abandonnée, car elle pouvait désormais anticiper perdre la couverture militaire aérienne américaine et son soutien dans sa lutte contre les talibans.


L'accord de février 2020 prévoyait que les États-Unis ramèneraient leurs forces terrestres de 13 000 soldats à 8 600 au cours des trois à quatre mois suivants, et les forces américaines restantes se retireraient dans 14 mois suivants, ou au plus tard le 1er mai 2021.


De leur côté, les talibans s'engageaient à mettre fin aux attaques contre les forces américaines et de la coalition ⦋mais pas contre l'armée afghane⦌, à prévenir le terrorisme, y compris « l'obligation de renoncer à Al-Qaïda et d'empêcher ce groupe ou d'autres d'utiliser le sol afghan pour préparer des attaques contre les États-Unis ou leurs alliés. »


L'ancien conseiller à la sécurité de Donald Trump, le général H.R. McMaster, a qualifié le soi-disant « accord » de février 2020 de l'administration Trump avec les talibans d'« accord de capitulation », car ce dernier ouvrait clairement la voie aux talibans pour reprendre le pouvoir à Kaboul. Et le général McMaster de conclure : « Les talibans ne nous ont pas vaincus. Nous nous sommes vaincus nous-mêmes ! » 


 Une responsabilité conjointe Donald Trump-Joe Biden pour la catastrophe afghane 2020-2021


Tant le président en exercice Joe Biden que l'ex président Donald Trump souhaitaient mettre un terme à l'engagement américain en Afghanistan, (initié en octobre 2001 par le républicain George W. Bush), sans prêter trop d'attention aux conséquences. Ils pensaient qu'un retrait militaire sans conditions pouvait se dérouler en douceur et ils comptaient pour ce faire sur la collaboration des talibans. — C'était en grande partie un vœu pieux.


Il semble que le président Joe Biden était pressé de se concentrer davantage sur les frictions actuelles des États-Unis avec l'Iran, la Chine et la Russie, et il fit sien l'accord conclu par le gouvernement de Donald Trump en février 2020 pour un retrait complet et définitif des militaires américains de l'Afghanistan, au plus tard le 1er mai 2021.


Le 14 avril 2021, le Président Biden annonça sa décision à l'effet que les troupes américaines et celles de l'OTAN « seront hors de l'Afghanistan avant que nous ne marquions le 20e anniversaire de cette attaque odieuse du 11 septembre », et, aussi, qu'il repoussait la date définitive pour le retrait complet au 31 août 2021.


L'option de prolonger une mission militaire américaine réduite en Afghanistan, jusqu'à ce que le pays soit véritablement stabilisé et qu'il n'y ait aucune possibilité de résurgence des groupes terroristes de l'Al-Qaïda et de l'État islamique (EI), notamment le groupe État islamique au Khorasan (EI-K), tel que proposée par d'anciens responsables américains, ne fut point retenue.


Ajoutons que les talibans ont reçu en cadeau du gouvernement Biden un arsenal militaire de plusieurs milliards de dollars !


Ni Trump ni Biden ne prirent en considération le fait qu'un retrait complet et précipité des troupes américaines trahirait vingt ans d'engagement direct américain en Afghanistan et qu'il laisserait des milliers d'Afghans, qui avaient travaillé pour le gouvernement américain, en danger pour leur vie. De même, ils ne semblent pas avoir envisagé le scénario du pire dans lequel les talibans renverseraient rapidement le gouvernement pro-américain à Kaboul et qu'un chaos s'en suivrait. (N.B. : La C.I.A., pour sa part, avait prédit l'effondrement du gouvernement afghan et une victoire rapide des talibans en cas du retrait complet des troupes américaines du pays.)


Cependant, même si les présidents Trump et Biden furent tous deux impliqués dans la planification d'une sortie de leurs militaires de l'Afghanistan, il n'en demeure pas moins que ce fut le président démocrate qui prit les décisions qui menèrent à la débâcle prévisible du mois d'août 2021. C'est pourquoi il est probable — en dépit du déni de Joe Biden — que ce soit les démocrates qui subissent les contrecoups électoraux de sa contre performance, en 2022 et 2024. Il reste à voir quelle sera l'étendue de ces revers.


 Conclusion


L'expérience des dernières cinquante années a montré que l'idée qui prévalait après la Deuxième Guerre mondiale, et selon laquelle les États-Unis pouvaient compter sur leur suprématie militaire pour imposer la démocratie et le capitalisme à d'autres pays, a fait son temps. Aucun pays, quelque soit sa puissance militaire, ne peut imposer sa volonté aux autres pays indéfiniment. Ce fut une idée impériale que des penseurs néocons américains ont remis de l'avant après la chute de l'empire soviétique (URSS), en décembre 1991, mais rien de bon n'en est sorti.


Les gouvernements américaines successifs depuis l'administration de Bill Clinton (1993-2001) ont abandonné les Nations unies et ses mécanismes de maintien de la paix pour les remplacer par ceux de l'OTAN, plus souples, certes, mais aussi beaucoup moins légitimes.  Ce fut une erreur.  Un retour à la légitimité d'une Organisation des Nations unies réformée semblerait être la voie à suivre, dans les années à venir, si le monde veut éviter de replonger dans des conflits destructeurs.

_________________________________


Le Prof. Rodrigue Tremblay
 est professeur émérite d'économie à l'Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018 "La régression tranquille du Québec, 1980-2018", (Fides). Il est titulaire d'un doctorat en finance internationale de l'Université Stanford.



On peut le contacter à l'adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com

Il est l'auteur du livre de géopolitique  "Le nouvel empire américain" et du livre de moralité "Le Code pour une éthique globale", de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé "La régression tranquille du Québec, 1980-2018".

Site internet de l'auteur : http://rodriguetremblay.blogspot.com

Pour s'enregistrer et recevoir les articles par courriel, écrire "souscrire" à : carole.jean1@yahoo.ca

Pour se désinscrire, écrire "désinscrire" à : carole.jean1@yahoo.ca

Prière de faire suivre l'article : http://rodriguetremblay.blogspot.com


Mis en ligne, le mardi, 7 septembre 2021

___________________________________________________

© 2021 Prof. Rodrigue Tremblay


Le désengagement chaotique des États-Unis de l'Afghanistan : Les empereurs américains sont nus

 

Commentaire

Par le Professeur Rodrigue Tremblay

Le désengagement chaotique des États-Unis de l'Afghanistan : Les empereurs américains sont nus

Lundi le 16 août 2021


La guerre en Afghanistan a été une opération bâclée dès le premier jour, lorsque George W. Bush a envahi ce pays en octobre 2001 « parce qu'il fallait faire quelque chose après l'attaque du 11 septembre contre les États-Unis ». Ensuite, George W. Bush scella le problème pour l'avenir lorsqu'il a retiré de nombreuses troupes américaines de l'Afghanistan pour envahir le pays d'Irak, en mars 2003, avec son gros mensonge prétendant qu'il y avait des « armes de destruction massive » dans ce pays.

Après l'assassinat du chef terroriste Oussama ben Laden au Pakistan, le 2 mai 2011, le président étasunien Barack Obama aurait pu signifier la fin de l'aventure militaire afghane et crier victoire. Il ne l'a pas fait, parce qu'il savait très bien que sans le soutien militaire américain, le gouvernement afghan fantoche s'effondrerait et qu'il devrait assumer l'entière responsabilité de la catastrophe.

En février 2020, le président Donald Trump a conclue une « entente » lourde de conséquences avec les talibans islamiques, à Doha, au Qatar, et il accepta de fixer la date du 1er mai 2021 pour un retrait définitif des troupes américaines de l'Afghanistan. Même si le président Joe Biden a prolongé cette date jusqu'à la fin de l'été 2021, il a plus ou moins suivi le plan de retrait de Trump, quoi qu'il arrive. N.B. : L'entente Trump-talibans devait être mise en force après l'élection présidentielle américaine de novembre 2020, une élection que M. Trump s'attendait de gagner.

Aujourd'hui, le président Joe Biden risque d'être le seul à supporter le coût politique immense de vingt ans de mauvaises politiques des administrations précédentes en Afghanistan.

Certes, l'administration Biden aurait dû mieux prévoir le chaos possible d'un retrait américain précipité de l'Afghanistan et mieux planifier en conséquence. Les images de chaos absolu vues dans le monde entier suivront les États-Unis pendant des années.

Cela permettra à Donald Trump et aux républicains du Congrès américain de faire plus facilement porter l'entière responsabilité du désastre sur le président en exercice, sur son conseiller en sécurité Jake Sullivan et sur son secrétaire d'État Anthony Blinken.

Qui dit que la politique était une affaire juste et équitable ?

______________________________________________________________




Les suites économiques de la guerre contre la pandémie : inflation, récession, déflation, stagflation ou stagnation séculaire ?

 

Le jeudi 8 juillet 2021

Les suites économiques de la guerre contre la pandémie : inflation, récession, déflation, stagflation ou stagnation séculaire ?

Par le Professeur Rodrigue Tremblay

(Auteur du livre géopolitique « Le nouvel empire américain »de son livre sur la moralité « Le Code pour une éthique globale » et de son livre historique « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 »)


«  Le meilleur moyen de détruire le système capitaliste est de débaucher la monnaie. Par un processus inflationniste continu, le gouvernement peut confisquer, secrètement et sans être vu, une partie importante de la richesse de ses citoyens. »

John Maynard Keynes (1883-1946), économiste britannique, 1936.


«  Toutes les crises financières mettent en cause des dettes qui, d'une manière ou d'une autre, deviennent dangereusement décalées par rapport aux moyens de paiement disponibles. »

John K. Galbraith (1908-2006), économiste américain, né au Canada, en 1994.


«  Tôt ou tard, il se produira un krach boursier et ce sera peut-être catastrophique. Il se produira un cercle vicieux et cela débouchera sur une grave dépression économique. Il y aura possiblement une ruée vers la vente qui dépassera tout ce que la Bourse n'a jamais vu. Les investisseurs les plus sages seront ceux qui auront diminué leurs dettes. »

Roger Babson (1875-1967), entrepreneur et économiste américain, le 5 septembre 1929.


Après quarante ans de désinflation et de baisse des taux d'intérêt, il règne présentement une certaine confusion quant à savoir si cette longue baisse dés-inflationniste est sur le point de prendre fin et d'être remplacée par une période de hausses des salaires réels, des prix et des taux d'intérêt.


Cela pourrait certes être le cas dans la foulée de la présente reprise économique post pandémique. En effet, on peut prévoir, à plus long terme, un contexte d'importants changements démographiques, tandis que la mondialisation économique et financière continuera de montrer des signes d'essoufflement, et pourrait même s'inverser dans les années à venir.


Ces changements produiront des chocs négatifs sur l'offre de main-d'œuvre et s'accompagneront de chocs à la hausse sur les prix. Tout cela, bien sûr, dans le contexte de changements climatiques importants et des coûts croissants pour s'y adapter.


De même, il est possible que les plus importantes économies subissent à plus court terme une inflation rampante, comme cela s'est produit dans le passé après une grande guerre.


Après la Seconde Guerre mondiale, par exemple, la période de six années de reconstruction de 1946 à 1951 a connu un taux d'inflation moyen de 6,4 %, aux É.U., résultat d'une combinaison d'une inflation par la demande et d'une inflation par les coûts. Plusieurs gouvernements et leurs banques centrales avaient injecté beaucoup d'argent dans l'économie pendant la guerre, mais à cause du rationnement de la consommation, les gens n'étaient autorisés à dépenser qu'une partie de leurs revenus, ce qui les forçait à économiser une plus grande partie de ces revenus. En conséquence, les taux d'épargne étaient très élevés. Après la guerre, il y avait donc beaucoup de demande refoulée et l'augmentation des dépenses fit bondir les prix.


De même, la reconversion de nombreuses usines à la production de biens privés impliqua des coûts additionnels, ce qui se répercuta aussi dans les prix.


À l'époque, une forte pression démographique, causée par l'avènement du 'baby-boom' d'après-guerre, et des prêts hypothécaires facilement accessibles, firent flamber les prix de l'immobilier.


De nos jours, dans la foulée de la guerre globale contre la pandémie de 2020-2021, le marché immobilier est de nouveau en pleine exubérance. La cause est encore une fois démographique, conséquence de niveaux très élevés d'immigration. De généreux programmes publics de soutien des revenus et des taux hypothécaires exceptionnellement bas contribuent aussi à la surchauffe.


 Des déficits publics et des dettes publiques en expansion, et des politiques monétaires ultra laxistes de la part des banques centrales


Afin de lutter contre les dommages économiques causés par la pandémie de 2020-2021 et les blocages économiques qui ont suivi, les gouvernements des plus grandes économies se sont lancés dans des programmes agressifs de soutien du revenu, de déficits gonflés et d'endettement public accru, combinés à une politique d'expansion monétaire de la part des banques centrales.


C'est ainsi, par exemple, que la dette nationale de l'État fédéral américain (à l'exclusion des dépenses anticipées de la sécurité sociale et de l'assurance-maladie, lesquelles ne sont pas comptabilisées) est passée de 22 700 millards de dollars en 2019 à 28 200 milliards de dollars en mai 2021, soit une augmentation de 24 % et un niveau qui dépasse le 100 % du PIB étasunien annuel.


Aux États-Unis également, comme elle l'avait fait pendant la Grande récession de 2008-2009, la Fed a acheté des quantités massives de titres du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires, avec de la monnaie nouvellement imprimée. En effet, en date du 15 mars 2020, la Fed a annoncé qu'elle comptait acheter au moins 500 millards de dollars de titres du Trésor et 200 milliards de dollars de titres adossés à des créances hypothécaires garantis par le gouvernement, au cours des « prochains mois ».


Et il y a quelques mois, plus précisément en décembre 2020, la Fed a réitéré sa politique d'achat mensuel d'au moins 120 milliards de dollars d'obligations du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires (80 milliards de dollars de dette publique et 40 milliards de dollars de titres adossés à des créances hypothécaires), et ce « jusqu'à ce que l'économie retrouve le 'plein emploi' ».


Cependant, la définition du « plein emploi » pourrait poser problème, car des millions de travailleurs ont décidé de quitter le marché du travail, ou de prendre leur retraite pour de bon, pendant la pandémie et le ralentissement économique.


Ainsi, la force ouvrière pourrait être plus petite aujourd'hui qu'avant la pandémie, ce qui entraînerait un marché du travail plus tendu et des pénuries de main-d'œuvre dans certains secteurs parce que, aux dires des employeurs, certains travailleurs 'ne veulent tout simplement pas travailler', si ce n'est pas du télétravail. Par conséquent, peu importe combien de temps la Fed maintiendra les taux d'intérêt au plancher, ce ne sont pas tous les emplois perdus pendant la récession pandémique qui reviendront.


 Le danger des bulles financières


Il n'en demeure pas moins que les achats massifs de titres par la Fed ont poussé les taux d'intérêt à court terme au plancher, tout en maintenant les taux d'intérêt à long terme artificiellement bas. Ce faisant, la Fed (et d'autres banques centrales) a créé des bulles financières sur les marchés des obligations, des titres boursiers et de l'immobilier. Et lorsque ces bulles éclateront, une grave récession pourrait logiquement s'en suivre.


La politique monétaire ultra laxiste de la Fed en matière de liquidités excédentaires a également entraîné la situation inhabituelle de banques inondées de liquidités en trop qu'elles ne peuvent prêter de manière rentable. Elles n'ont donc aucun autre choix que d'en déposer la majeure partie à la Fed, sous la forme de réserves excédentaires. En date du 2 juin 2021, le total des dépôts des banques américaines s'élevait à 15 802,6 milliards de dollars (non désaisonnalisés), contre seulement $13 912,2 milliards en mars 2020, soit une augmentation de 12 %.


Le signe évident d'une politique monétaire ultra laxiste se reflète dans la taille du bilan de la Fed. Ce dernier a explosé pendant la pandémie, passant de 4,17 billions de dollars (trillions en anglais) à la fin de décembre 2019, à 7,95 billions de dollars en juin 2021, un bond prodigieux de 90 %.


Une politique monétaire ultra laxiste pendant trop longtemps risque de générer de l'inflation, quoique ce ne soit pas inéluctable. En effet, quand une économie est déjà en récession ou en période de ralentissement économique, une telle politique d'injection de grandes quantités de liquidités peut faire plonger l'économie dans une trappe de liquidités.


 Une trappe de liquidité et une trappe d'endettement


Voici comment je définis le phénomène de trappe de liquidité de John Maynard Keynes dans mon manuel de macroéconomique intermédiaire :


La situation monétaire qui prévaut quand le taux d'intérêt à court terme est à un niveau plancher et que tous anticipent une baisse du prix des obligations et une hausse des taux d'intérêt, de sorte que tout accroissement additionnel de la masse monétaire par la banque centrale n'est pas dépensé mais est thésaurisé.


Pour sortir une économie d'une trappe de liquidité, une banque centrale doit progressivement mettre fin à ses achats de titres et laisser les taux d'intérêt remonter lentement. À l'inverse, la politique budgétaire doit devenir plus agressive en stimulant les investissements et la demande globale.


Présentement, les banques centrales des plus grandes économies sont dans une impasse, car leur politique persistante de taux d'intérêt artificiellement affaissés — avec même des taux d'intérêt négatifs en Europe   a non seulement créée une trappe de liquidité, elle a également encouragé une hausse généralisée de l'endettement, créant possiblement une trappe d'endettement lorsque les taux d'intérêt repartiront à la hausse.


 Une trappe d'endettement pour les politiques monétaires laxistes


C'est alors que les banques centrales pourraient se voir confrontées à une situation d'aléa moral ou à une trappe d'endettement.


Ainsi, quand une banque centrale adopte pendant une longue période une politique monétaire laxiste et maintient des taux d'intérêt au plancher et même négatifs, elle incite non seulement les gouvernements, mais aussi les entreprises et les consommateurs, à assumer des niveaux d'endettement de plus en plus élevés, voire excessifs. C'est un peu ce que vit le Japon, dont l'économie est enlisée dans la déflation et dans la stagnation économique depuis plus d'un quart de siècle.


Or, tant en Europe qu'en Amérique du nord, les banques centrales poursuivent depuis 2008, et encore davantage depuis mars 2020, des politiques monétaires d'assouplissement quantitatif (QE) très agressives et de taux d'intérêt artificiellement affaissés, suivant en cela la politique monétaire japonaise.


À titre d'exemple, aux États-Unis, comme dans la plupart des pays développés tel le Canada, la dette hypothécaire totale est excessivement élevée, même si certaines autres catégories d'endettement, comme la dette sur les cartes de crédit, ont quelque peu diminué.


C'est pourquoi les banques centrales risquent d'être aux prises à un piège de l'endettement, et elles ont peut-être raison de craindre que toute poussée des taux d'intérêt vers un niveau plus normal ne déclenche une vague de faillites, et que cela nuise à l'économie. Les banques centrales se retrouveraient alors prisonnières de leur propre politique monétaire ultra laxiste.


 L'analyse cyclique du marché immobilier : le cycle de Kuznets


Aux États-Unis, et tout particulièrement pour les états de la Floride et de la Californie, pour des raisons démographiques, le cycle des prix de l'immobilier de Kuznets, d'une durée de 18 ans (de sommet à sommet ou de creux à creux), joue un rôle passablement fiable. Les sommets précédents de ce cycle se sont produits en 1987 et en 2005, tandis que les creux ont eu lieu en 1993 et en 2011.


Si ce cycle allait se répéter aujourd'hui comme dans le passé (avec des hausses de prix sur une période de 12 ans et des contractions de prix étalées sur 6 ans), l'année 2023 pourrait marquer un sommet immobilier majeur. Un tel sommet coïnciderait avec l'engagement du président de la Fed, Jerome Powell, de garder les taux d'intérêt à des niveaux plancher, et cela jusqu'en 2023. Cela concorderait parfaitement avec la logique du cycle de Kuznets.


 Quelles seront les conséquences en termes d'inflation future, de récession, de déflation, de possible stagflation et même de « stagnation séculaire » ?


Gardons à la mémoire que le sommet des prix de l'immobilier en 2005 a donné suite à la 'crise des subprimes' en 2007-2008, suivie de la Grande récession de 2008-2009, deux crises dans lesquelles la Fed a une part importante de responsabilité.


Or, seize ans plus tard, il semblerait que la Fed étasunienne veuille soutenir des bulles financières jusqu'en 2023, avec la poursuite de ses achats mensuels de titres et de sa politique monétaire ultra laxiste. Par conséquent, l'inflation devrait continuer à se faire sentir pendant encore plusieurs mois.


Cependant, lorsque la banque centrale étasunienne mettra fin à son programme d'achat et laissera les taux d'intérêt s'ajuster à la hausse, ce sera le signe que la bulle obligataire et la bulle immobilière seront sur le point de prendre fin. La bulle boursière ne devrait pas non plus durer beaucoup plus longtemps. En bout de ligne, l'histoire enseigne qu'après des bulles spéculatives importantes, il s'en suit généralement une importante récession économique.


 Conclusion


Les années à venir devraient voir des inversions majeures de certaines tendances économiques importantes, notamment au chapitre de la démographie et de la mondialisation économique et financière. La période 2023-2025 est particulièrement à surveiller de près. Elle pourrait annoncer l'avènement d'une période de stagflation, c'est-à-dire une période de croissance économique lente, d'augmentation des impôts et d'inflation rampante par les coûts.


En effet, il faut prévoir après cette période des changements démographiques importants, car la période 2023-2029 verra les derniers baby-boomers prendre leur retraite du marché du travail. Les gouvernements pourraient aussi être confrontés à une crise budgétaire post pandémique importante, résultat de l'explosion de la dette publique et de l'accroissement des coûts des soins hospitaliers pour une population vieillissante.


En raison du choc démographique qui s'annonce, des pénuries de main-d'œuvre devraient perdurer, exerçant une pression à la hausse sur les salaires réels. Les entreprises se verront forcées d'accélérer leur recours à l'automatisation, à la robotisation et à l'intelligence artificielle dans de nombreuses industries. Un tel déplacement contribuera à réduire la demande pour certaines catégories de travailleurs et cela sera de nature à garder leurs salaires sous contrôle.


Il ne faut pas compter sur une immigration massive pour résoudre une pénurie de main-d'œuvre, sauf dans certains secteurs ou sous-secteurs bien identifiés et requérant des compétences spécifiques, car les généreux programmes d'accueil de réfugiés et les programmes de regroupement familial dans de nombreux pays accroissent davantage la demande de main-d'œuvre que l'offre de main-d'œuvre, en plus d'être une source de problèmes sociaux.


Enfin, il faut également garder à l'esprit que l'année 2029 marquera l'anniversaire centenaire du début de la Grande Dépression (1929-1939). Cela pourrait relancer les discussions chez les économistes concernant l'avènement d'une période de « stagnation séculaire », sous l'influence des facteurs structurels négatifs que sont le vieillissement des populations et la régression anticipée dans le phénomène de la mondialisation économique et financière.


_________________________________


Le Prof. Rodrigue Tremblay
 est professeur émérite d'économie à l'Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018 "La régression tranquille du Québec, 1980-2018", (Fides). Il est titulaire d'un doctorat en finance internationale de l'Université Stanford.



On peut le contacter à l'adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com

Il est l'auteur du livre de géopolitique  "Le nouvel empire américain" et du livre de moralité "Le Code pour une éthique globale", de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé "La régression tranquille du Québec, 1980-2018".

Site internet de l'auteur : http://rodriguetremblay.blogspot.com

Pour s'enregistrer et recevoir les articles par courriel, écrire "souscrire" à : carole.jean1@yahoo.ca

Pour se désinscrire, écrire "désinscrire" à : carole.jean1@yahoo.ca

Prière de faire suivre l'article : http://rodriguetremblay.blogspot.com


Mis en ligne, le jeudi, 8 juillet 2021

___________________________________________________

© 2021 Prof. Rodrigue Tremblay