Le mercredi 2 juillet 2025

Le régime autocratique de gouvernement unipersonnel de Donald Trump est voué à l'échec, mais pas avant beaucoup de chaos et de destruction

Prof. Rodrigue Tremblay, professeur émérite de sciences économiques, Université de Montréal

« Je ne serais pas un dictateur, sauf le premier jour. » Donald Trump (1946- ), (lors d'une entrevue à la chaîne Fox News, 6, décembre, 2003).

« Si les États-Unis sont contraints de se défendre ou de défendre leurs alliés, nous n'aurons d'autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord. » Donald Trump (1946- ), (lors d'un discours aux Nations Unis, le 19 septembre, 2017).

« Si [l'Iran] ne parvient pas à un accord, il y aura des bombardements. Des bombardements d'une ampleur jamais vue auparavant. » Donald Trump (1946- ), (lors d'une entrevue téléphonique avec la chaîne NBC News, le 30 mars, 2025, et des menaces semblables proférées le 15 juin, 2025 sur son site Truth Social).

« Nous allons imposer des tarifs et taxer les pays étrangers pour enrichir nos citoyens. » Donald Trump (1946- ), (lors de son discours inaugural, le 20 janvier, 2025).

« Les guerres commerciales sont bonnes et facile à gagner. » Donald Trump (1946- ), (commentaire fait sur Twitter, le 2 mars, 2024).

I- À chaque cent ans, il semble y avoir un cycle de la mort d'une démocratie et du retour d'une dictature dans un pays important 

L'historien britannique Arnold Toynbee (1889-1975) a déjà observé que « les civilisations meurent par suicide, pas par meurtre », étant le résultat d'une décadence morale, de conflits sociaux ou d'un manque d'adaptation.

On pourrait dire la même chose des démocraties. Elles naissent, grandissent, prospèrent, vieillissent et il arrive qu'elles s'effondrent et cèdent la place à des ploutocraties ou à des dictatures. Cela peut d'autant plus arriver quand les démocraties ne réussissent point à solutionner des problèmes économiques et sociaux majeurs.

En effet, au cours des derniers siècles, il est arrivé qu'une révolution politique ou un vent de folie collective ou d'ignorance mènent à une dictature dans un pays. Au début du XIXe siècle, ce fut le cas en France avec la consécration de l'empereur Napoléon Bonaparte (1769-1821), d'origine corse, en 1804.

Au XXe siècle, ce fut au tour de la Russie d'avoir un gouvernement révolutionnaire, dirigé par Vladimir Ilitch Lénine (1870-1924), après la création de l'Union soviétique en 1922. Suivra la dictature absolue de Joseph Staline (1878-1953), de 1924 à 1953. — Puis l'Italie sombra elle aussi dans une dictature totalitaire en 1925, sous Benito Mussolini (1883-1945) — suivie par l'Allemagne, en 1933, avec l'arrivée au pouvoir du dictateur d'origine autrichienne, Adolf Hitler (1889-1945).

Au XXIe siècle, contre toute attente, ce sont les États-Unis qui sont aujourd'hui confrontés à la perspective d'un gouvernement autocratique.

C'est toujours un défi pour une démocratie de survivre à travers le temps. Même les meilleures constitutions peuvent être violées et foulées au pied, si des circonstances propices se présentent.

L'histoire est là pour nous rappeler que la démocratie, c'est-à-dire selon la formule consacrée du président Abraham Lincoln (1809-1865) quand on a « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (19 novembre 1863), n'est pas nécessairement une réalité naturelle et stable.

Des oligarchies, des ploutocraties et des dictateurs en puissance et leurs alliés peuvent  parfois trouver à leurs avantages de s'emparer du pouvoir dans un pays et d'y assujettir une population. [N.B. : Le quotient intellectuel ou QI moyen dans une grande population est d'environ 100. (Il est en déclin présentement dans les pays occidentaux.) Par conséquent, il pourrait y avoir de nombreuses possibilités pour certaines personnes sans scrupules de manipuler de larges segments de la population à leur avantage.]

II- Donald Trump en tant que politicien : Ses défauts préoccupants de caractère et de personnalité

Le président étasunien actuel Donald Trump (1946- ) semble vouloir reproduire son expérience personnelle centralisée en affaires en un modèle de gouvernement américain unipersonnel, et ainsi satisfaire son penchant inné pour la prédation, l'extorsion et la domination.

En effet, un fait révélateur largement rapporté par son ex-épouse, Ivana, est à l'effet que son mari gardait un recueil des discours du dictateur nazi Adolf Hitler intitulé «My New Order», sur sa table de chevet.

On pourrait voir une certaine similitude entre la dérive autoritaire et les tendances antidémocratiques et néo-impérialistes de Donald Trump et celles de dictateurs passés, eu égard à sa personnalité hyper-égoïste et ses propos populistes et ultra nationalistes, parfois très radicaux.

L'appui que D. Trump a apporté aux insurgés du 6 janvier 2021 lors de leur assaut du Capitole, dont le but était l'annulation du résultat de l'élection présidentielle de 2020, et ensuite lorsqu'il les a presque tous graciés le 21 janvier 2025, ajoutent du poids à cette appréciation.

Soulignons que Donald Trump est la première personne condamnée au pénal à occuper la Maison Blanche, en plus d'avoir été condamné 34 fois pour félonie et d'être largement reconnu pour être un autocrate.

III- Donald Trump semble peu compétent pour occuper le poste de président des États-Unis

Il faudrait être endormi, sourd ou très distrait pour ne pas voir que D. Trump n'est pas un individu normal et équilibré, et encore moins une personne stable, intègre, empathique, décente, compétente, humble, prudente et responsable.

Depuis son assermentation le 20 janvier 2025, Donald Trump est à lui seul un important facteur de chaos et une grande source d'instabilité politique, économique et financière, non seulement pour les États-Unis mais pour tous les pays qui ont des relations avec son pays.

Par ses déclarations impétueuses et ses mensonges à répétition, ses vantardises, ses insultes ad hominem, ses menaces incendiaires et ses tactiques d'intimidation, D. Trump a fait montre de toute une série de troubles de la personnalité qui devraient être préoccupants chez un chef de gouvernement. — Il ne semble pas avoir d'amis, seulement des serviteurs et des ennemis potentiels qu'il insulte pour les discréditer, les humilier, les déstabiliser et pour les réduire au silence.

De plus, comme il agit en autocrate, comme d'autres autocrates avant lui, il faut s'attendre à ce que Donald Trump lance son pays dans des guerres d'agression illégales sans provocation, contre d'autres pays, si c'est dans son intérêt.

Conclusion

La démocratie est présentement menacée aujourd'hui dans certains pays occidentaux, notamment aux États-Unis.

Dans ce dernier pays, il existe un réel danger que le passage inquiétant vers une ploutocratie le 21 janvier 2010, lorsque la Cour suprême des États-Unis a ouvert toutes grandes les vannes à des sommes illimités d'argent dans la politique électorale américaine, puisse conduire un jour à l'instauration d'une forme de gouvernement autocratique aux États-Unis.

En effet, le risque existe que le président actuel Donald Trump et son gouvernement, composé de flagorneurs et de riches oligarques, ignorent la Constitution américaine et se comportent de facto en autocrates, et qu'ils imposent un gouvernement Trump centralisé et dirigé par un seul homme, tout en défiant les tribunaux de les empêcher.

Le risque est très grand qu'un tel individu, profondément imbu de lui-même, constamment en train de s'auto-féliciter et sans grand jugement et sans moralité, devienne une sérieuse menace pour la paix, créant non seulement le chaos dans son propre pays mais aussi dans le monde.

Règle générale, un politicien incompétent qui s'entoure de conseillers compétents peut se tirer d'affaire. Par contre, s'il est assez imprévoyant pour s'entourer de gens comme lui, l'échec est certain et les désastres ne peuvent que suivre.

Souhaitons que les Américains aient le courage de sauver leur pays et de préserver leur Constitution, leur démocratie, la règle de droit, de même que leur liberté et leur prospérité. Le monde ne pourrait que mieux s'en porter.

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Le Prof. Rodrigue Tremblay est l'auteur du livre de géopolitique  Le nouvel empire américain et du livre de moralité Le Code pour une éthique globale, de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé La régression tranquille du Québec, 1980-2018.

On peut le contacter à l'adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com

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Mis en ligne mercredi, le 2 juillet 2025.

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© 2025 Prof. Rodrigue Tremblay



 

Jeudi, le 5 juin 2025

Le désordre économique mondial : Multilatéralisme VS unilatéralisme et leurs conséquences

Prof. Rodrigue Tremblay, professeur émérite de sciences économiques, Université de Montréal

« Après tout, un dollar surévalué nous permet d'acheter des biens étrangers à moindre coût. Et le volume actuel des exportations rapporte davantage de yens et d'euros que si le dollar était plus compétitif. » Martin Feldstein (1939-2019 ), économiste américain.

« Le pouvoir de taxation en dépréciant la monnaie est inhérent à l'État depuis sa découverte par Rome. La création d'une monnaie ayant cours légal a été et reste la réserve ultime d'un gouvernement ; et aucun État ni gouvernement ne risque de décréter sa propre faillite ou sa propre chute tant que cet instrument restera inutilisé. » John Maynard Keynes(1883-1946), économiste britannique.

« Par un processus continu d'inflation, les gouvernements peuvent confisquer, secrètement et sans apparence, une part importante des richesses de leurs citoyens... Il n'existe pas de moyen plus subtil ni plus sûr de bouleverser les fondements existants de la société que de dénaturer la monnaie. Le processus engage toutes les forces cachées de la loi économique du côté de la destruction, et le fait d'une manière qu'aucun homme sur un million n'est capable de diagnostiquer. » John Maynard Keynes(1883-1946), économiste britannique.

Les dirigeantes de pays importants peuvent décider d'aborder les relations économiques internationales selon deux perspectives principales.

Premièrement, ils peuvent adopter une approche de coopération économique multilatérale ou une approche multilatérale, afin de dégager un consensus large et stable pour trouver des solutions à des problèmes et à des questions à résoudre. Deuxièmement, ils peuvent privilégier une approche plus rapide mais plus risquée, qui consiste à agir sans consultation et d'une manière unilatérale, laquelle risque de devenir conflictuelle et chaotique.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, ces deux approches ont été adoptées, en 1944, 1971, 1985 et 2025.

1- Le système monétaire international de Bretton Woods

 En juillet 1944, sous la direction de l'administration démocrate de Franklin D. Roosevelt (1933-1945), quarante-quatre nations se réunirent à Bretton Woods, dans l'État américain du New Hampshire, pour une conférence visant à établir un système monétaire et financier international d'après-guerre, connu plus tard sous le nom de système monétaire de Bretton Woods.

Ce système reposait sur l'arrimage du dollar américain à une quantité fixe d'or, ce dernier pouvant être vendu et acheté à d'autres gouvernements au prix convenu de 35 dollars l'once. Les autres monnaies convertibles étaient indexées au dollar américain par le biais de taux de change stables, susceptibles d'être modifiés uniquement en cas d'un « déséquilibre fondamental », sous la supervision du Fonds monétaire international (FMI).

2- L'instauration d'un statut de monnaie fiduciaire pour le dollar américain en 1971

Le système monétaire de Bretton Woods a duré 27 ans, jusqu'à ce que l'administration républicaine de Richard Nixon (1969-1974) décide, de son propre chef, de le modifier en profondeur.

En effet, le 15 août 1971, l'administration Nixon annonça unilatéralement que le dollar américain n'était plus convertible en or. Cela signifiait que les gouvernements étrangers détenant des réserves en dollars ne pouvaient demander de les échanger pour de l'or. Le dollar américain est ainsi devenu une monnaie fiduciaire sous le seul contrôle du système bancaire fédéral américain.

Le dollar fiduciaire comme monnaie internationale se trouvait ainsi à conférer aux États-Unis une position monétaire de faveur. En effet, les pays qui utilisent le dollar américain dans leurs réserves internationales, ou pour financer leurs transactions internationales, se trouvent automatiquement à prêter des capitaux aux États-Unis, ce qui permet à ce dernier pays de s'endetter et de surconsommer.

En réaction, les autres pays ont réagi à la décision unilatérale américaine en adoptant des taux de change flottants pour leurs propres monnaies.

Les pays exportateurs de pétrole, membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), pour leur part, ont réduit considérablement leur production pétrolière, notamment à compter de 1973. Il s'en est suivi un quadruplement du prix international du pétrole, une crise énergétique et une hausse de l'inflation mondiale.

Ce fut la principale cause de la sérieuse récession mondiale de 1973-1975, laquelle fut suivie par deux autres récessions économiques successives en 1980 et 1981-1982.

Toute la décennie des années 1970 a été une période d'inflation galopante, de chômage élevé et de croissance économique lente, c'est-à-dire une situation de stagflation.

3- Les Accords monétaires du Plaza en 1985

Au lendemain de la grave récession économique de 1981-1982, l'administration républicaine de Ronald Reagan (1981-1989) craignait une surévaluation du dollar américain, notamment par rapport au yen japonais et au deutsche mark, sous la pression d'une demande internationale pour la monnaie américaine.

Cela donna lieu aux Accords monétaires du Plaza, une entente conjointe signée le 22 septembre 1985, à l'hôtel Plaza de New York. Ces accords prévoyaient une dépréciation du dollar américain par une intervention coordonnée des pays sur les marchés des changes. Elle a perduré jusqu'à ce que les Accords du Louvre y mettent fin, en février 1987.

4- La communauté internationale a perdu confiance dans l'administration Trump 2.0 et sa politique économique

Avant l'investiture du président Donald Trump, le 20 janvier 2025, l'économie américaine était, selon la plupart des indicateurs économiques, la plus prospère de la plupart, voire de toutes, les économies occidentales : son taux de croissance économique réelle (2,8%) en 2024 était supérieur à celui des autres économies avancées ; son taux de chômage atteignait un niveau proche du plein emploi (4%) ; et son taux d'inflation restait stable et maîtrisé (2,9%).

Néanmoins, avec ses déclarations incendiaires de politiques économiques, parfois confuses et incohérentes, le président américain est en train de semer la pagaille dans l'économie américaine et il bouleverse en même temps le système de commerce international.

En effet, l'incertitude changeante entourant l'imposition de droits de douane unilatéraux sur les importations en provenance de divers pays, ainsi que les insultes, les menaces et même les ultimatums lancés à leur encontre, nuisent gravement aux investissements des entreprises et à leurs décisions d'affaires et d'emplois. De plus, cela ralentit le commerce international multilatéral, ébranle les marchés financiers et porte atteinte à la réputation des États-Unis dans le monde.

De plus, il semble y avoir une confusion intellectuelle dans le gouvernement Trump 2.0 concernant l'imposition de droits de douane tous azimuts contre les importations en provenance d'une foule de pays et leurs effets sur les coûts et les prix intérieurs aux États-Unis. En effet, contre toute logique économique, M. Trump essaie de faire croire à ses supporteurs que les taxes à l'importation payées par les importateurs américains ne seront pas refilées aux consommateurs américains avec des prix plus élevés, mais seront payées par les étrangers.

En outre, l'administration Trump poursuit des objectifs économiques conflictuels, voire contradictoires, comme celui de souhaiter préserver le statut de réserve internationale du dollar américain, en menaçant même d'imposer des sanctions financières et des tarifs punitifs additionnels aux pays qui voudraient cesser d'utiliser le dollar dans leurs transactions internationales. Par ailleurs, le président américain déclare ouvertement souhaiter une dépréciation du dollar américain pour améliorer la balance commerciale américaine.

Un important déficit budgétaire, financé en partie par des emprunts étrangers, tend à créer un déficit commercial extérieur. 

Or, depuis des années, le gouvernement fédéral américain accumule déficits sur déficits dans son budget. (La dernière année qu'il y a eu un excédent fut en l'an 2000.) Or, la vente de bons du Trésor à des investisseurs étrangers apprécie le dollar, ce qui encourage les importations et nuit aux exportations, d'où un déficit commercial chronique dans la balance des paiements américaine. —Si l'administration Trump 2.0 souhaite réduire le déficit commercial étasunien, elle devrait équilibrer le budget fédéral.

Présentement, certains parmi les créanciers étrangers, surtout en provenance de la Chine et du Japon, et qui détiennent d'énormes quantités d'obligations du Trésor américain, perdent de plus en plus confiance dans le gouvernement de D. Trump. Ils ont commencé à se délester d'une partie de leurs titres libellés en dollars, et ils hésiteront à acheter de nouvelles dettes américaines. Le résultat sera une hausse des taux d'intérêt à 10 ans et à plus long terme, ce qui sera une grande menace pour la croissance économique américaine, surtout pour le marché immobilier américain.

5- Des politique et des menaces commerciales unilatérales sont des dangers grandissants pour l'économie mondiale

Le gouvernement Trump 2.0 a choisi d'imposer des droits de douane sur les importations de biens étrangers par une série de décrets présidentiels (prétextant une situation de sécurité nationale), dont un des buts est de hausser les rentrées fiscales, et ainsi de pouvoir couvrir le coût budgétaire de son projet de reconduire les importantes réductions d'impôts aux entreprises et aux américains les plus riches, adoptées en 2017.

Comme on aurait dû s'y attendre, une telle approche unilatérale a incité les autres pays à riposter et à imposer des droits de douane sur les exportations américaines. Une guerre commerciale aussi risquée pourrait facilement déstabiliser les économies du monde entier, à mesure que le commerce international se contractera et que les économies déclineront.

D'une part, les droits de douane imposés par le président Trump vont inévitablement faire grimper les prix intérieurs. De même, une sortie nette de capitaux des États-Unis entraînera une dépréciation du dollar. Ce sont là deux causes d'inflation.

D'autre part, la guerre commerciale nuira aux exportations américaines et ralentira la croissance économique. C'est pourquoi une situation de stagflation risque, en toute probabilité, de s'implanter. En effet, un rapport de l'OCDE prédit que non seulement la plupart des pays sortiront perdants de la guerre commerciale de Trump, mais que les États-Unis seront parmi tous les pays celui qui en souffrira le plus.

En effet, compte tenu des niveaux élevés d'endettement public et d'obligations publiques non pleinement assumées (pensions et autres dépenses futures sous financées, etc.), la prochaine décennie pourrait forcer de nombreux gouvernements à recourir à l'inflation et à la dépréciation de leurs monnaies fiduciaires pour réduire le fardeau réel de leurs dettes et obligations publiques.

Il semble qu'une confusion coûteuse règne encore autour de la guerre commerciale de Trump concernant la question de savoir qui peut imposer des droits de douane aux États-Unis. Un important tribunal fédéral a récemment conclu que les droits de douane draconiens imposés par Donald Trump, fondés sur une obscure loi fédérale d'urgence, étaient un abus de pouvoir, puisque la Constitution américaine réserve le droit d'imposer des taxes et des impôts à la seule Chambre des représentants. En conséquence, le 28 mai, la Cour de commerce international des États-Unis a suspendu la plupart des droits de douane imposés par décret présidentiel, car ce faisant, le président Donald Trump a outrepassé ses pouvoirs constitutionnels.

Un deuxième tribunal, le 29 mai, a également interdit à l'administration Trump d'imposer des droits de douane sur les marchandises importées en vertu de décrets qualifiés de « Jour de la libération » du 2 avril. (Mais le fouillis persiste depuis qu'une cour d'appel fédérale a temporairement rétabli les tarifs douaniers de Trump, pour l'instant !)

Conclusion

Pour mettre fin au désordre économique actuel, il faudrait un retour à l'approche multilatérale dans les relations économiques internationales.

Si cela n'est pas fait, l'approche unilatérale et irresponsable telle qu'adoptée par le président Donald Trump dans ses relations économiques internationales pourrait causer l'effondrement du système multilatéral de commerce et de finances internationales. Depuis son investiture, en effet, l'actuel gouvernement étasunien se comporte comme si il souhaitait ériger un Rideau Tarifaire autour des États-Unis.

Depuis 1945, aucun autre gouvernement américain n'a autant tenté d'isoler les États-Unis du reste du monde au plan économique, en adoptant des politiques de repli sur soi.

Comme l'expérience désastreuse des années 1930 le démontre, si l'administration Trump continue de recourir religieusement à une politique de droits de douane unilatéraux et punitifs, et à mesure que les autres pays adoptent des mesures de rétorsion, il pourrait s'en suivre un ralentissement financier et économique global, lequel ne profiterait à aucun pays. La conséquence risque aussi de faire de la prochaine décennie, au plan économique, une répétition des années 1970, mais avec possiblement plus de dégâts.

En effet, toute tentative unilatérale de remodeler le système commercial et financier mondial au seul bénéfice des États-Unis risque d'être un rêve illusoire, lequel peut facilement être néfaste à l'ensemble de l'économie mondiale et tout particulièrement aux États-Unis.

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Le Prof. Rodrigue Tremblay est l'auteur du livre de géopolitique  Le nouvel empire américain et du livre de moralité Le Code pour une éthique globale, de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé La régression tranquille du Québec, 1980-2018.

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Mis en ligne jeudi, le 5 juin 2025. Mise à jour vendredi, le 13 juin 2025.

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© 2025 Prof. Rodrigue Tremblay






 


Jeudi, le 15 mai 2025

La complexité croissante des sociétés démocratiques et des économies avancées : le danger d'un cycle vicieux de problèmes et de crises

Par Rodrigue Tremblayprofesseur émérite de sciences économiques, Université de Montréal

« Une fois qu'une société complexe entre dans une phase de baisse des rendements marginaux [coûts économiques marginaux supérieurs aux bénéfices économiques marginaux], l'effondrement devient une probabilité mathématique, ne nécessitant guère plus qu'un passage du temps pour rendre probable une calamité insurmontable. » Joseph Tainter (1949 ), anthropologue et historien américain (dans son livre, The Collapse of Complex Societies, 1988). 

« Tous ceux qui acquièrent un grand pouvoir et de grandes richesses recourent soit à la force, soit à la fraude ; et ce qu'ils ont acquis par tromperie ou violence, afin de dissimuler leurs méthodes honteuses, ils s'efforcent de le sanctifier sous le faux nom de gains honnêtes. » Niccolò Machiavelli (1469-1527), philosophe politique italien et auteur du livre Le Prince, 1513 (dans Histoires florentines, 1526, livre III, ch. 13).

« Il ne fait aucun doute que des tarifs douaniers peuvent être un acte de guerre, dans une certaine mesure, et ils peuvent causer de l'inflation... Le commerce international ne devrait pas être une arme. » Warren Buffett (1930- ), investisseur américain de renom, (commentaires faits le 3 mars 2025 dans une interview télévisée avec CBS News et lors de l'assemblée annuelle de Berkshire Hathaway, le 3 mai 2025).

Depuis les débuts de la première Révolution industrielle, au milieu du 18e siècle (initialement en Grande-Bretagne en 1750-1760, puis par la suite en France et dans d'autres pays), les économies industrielles et les sociétés démocratiques ont eu tendance à devenir de plus en plus complexes, passant de systèmes agricoles et artisanaux de subsistance aux stades de l'urbanisation et de progrès technologiques de plus en plus sophistiqués. 

Au 19e siècle, le progrès dans les moyens de transport avec l'avènement de bateaux et de trains mus par l'énergie à vapeur stimula la spécialisation industrielle et le commerce international. Au début du 20e siècle, ce fut la disponibilité d'énergie liquide à base de pétrole qui propulsa les industries de l'automobile et de l'avion. Par la suite, l'énergie générée par l'hydro-électricité servit de propulseur non seulement à une électrification généralisée mais permit aussi l'éclosion de nouvelles industries.

De même, d'importants progrès économiques, technologiques et institutionnels ont été un facteur déterminant de l'après-Seconde Guerre mondiale, notamment de 1945 jusqu'aux années 1970, période marquée par un essor économique et social important et qualifiées des Trente Glorieuses.

Jusqu'a la fin du 20e siècle, l'avènement d'Internet et des satellites joua également un rôle majeur dans les communications et la mondialisation économique et financière qui suivit.

Au 21e siècle, la révolution de l'intelligence artificielle et de la robotisation automatisée pourrait venir bouleverser le fonctionnement des entreprises et des industries.

Cependant, les études menées par divers auteurs sur les civilisations et leur complexité économique et politique croissante ont identifié un certain nombre de causes et de facteurs qui pourraient conduire à un ralentissement, sinon à un déclin, de l'ordre et de l'efficacité économiques du siècle précédent.

La crainte serait que des problèmes ignorés ou laissés sans solution, une certaine confusion intellectuelle et une désintégration sociale débouchent sur un chaos généralisé et qu'il s'en suit une période de perturbations politiques et sociales, et de stagnation économique.

Plus particulièrement, des historiens et des spécialistes des sciences sociales, tels Arnold Toynbee (L'histoire, 1978), Joseph Tainter (L'effondrement des sociétés complexes, 1988), Jared Diamond (Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, 2005) et Samuel Huntington (Le choc des civilisations, 1996), ont mis en lumière les vulnérabilités qui peuvent exister lorsque les systèmes économiques et politiques deviennent de plus en plus complexes et bureaucratisés, et deviennent de plus en plus les victimes de chocs de demande et d'offre intérieurs ou extérieurs imprévus.

Si cela allait se produire, le bien-être et la prospérité économique de l'ensemble des populations dans certaines sociétés industrielles pourraient s'en trouver menacés. La chute de l'Union soviétique sous le poids des contradictions de son système économique et bureaucratique, en 1991, est là pour nous rappeler que de tels effondrements ou déclins de systèmes se sont produits à de nombreuses reprises, au cours de l'histoire.

Une première question se pose donc : même en limitant notre réflexion aux seuls facteurs économiques les plus importants, les causes qui ont provoqué l'effondrement d'anciennes économies et sociétés complexes pourraient-elles s'appliquer à certaines sociétés industrielles d'aujourd'hui ? Deuxièmement, et à titre de mise en garde, il est bon de rappeler qu'une fois qu'un processus de décadence est enclenché, il peut s'écouler plusieurs décennies avant qu'il ne se concrétise.

I) Les niveaux d'endettement du secteur public et le problème de la trappe de l'endettement

Certains gouvernements occidentaux dépensiers ont toléré des déficits budgétaires persistants au cours de la dernière décennie, notamment depuis la Grande Récession de 2008-2009. Ce faisant, ils courent le risque de laisser leur dette publique, comparée à l'économie sous-jacente, atteindre des niveaux insoutenables et contre-productifs.

Un tel laxisme budgétaire soulève des problèmes inter-générationnels liés à une hausse future des taxes et des impôts. En effet, une dette publique représente des taxes et des impôts différés. 

Trop de dette publique pourrait aussi entraîner une économie dans le piège ou dans la trappe de l'endettement, c'est-à-dire dans une situation où un cercle vicieux de déficits budgétaires importants et de niveaux d'endettement public trop élevés, conjugués à une hausse des coûts d'emprunt, ne stimulent pas l'économie, mais la ralentissent.

En effet, une crise fiscale se profile à l'horizon quand l'endettement public atteint des niveaux trop élevés par rapport au produit intérieur brut (PIB) d'une économie.

Ainsi, quand l'endettement public n'est pas excessif et quand le ratio dette publique/PIB est relativement bas, toute dépense publique additionnelle financée à l'aide de l'emprunt propulse la croissance économique vers le haut. Le multiplicateur des dépenses publiques, ou multiplicateur keynésien, est alors supérieur à l'unité, c'est-à-dire qu'un$ de dépense publique additionnelle produit un accroissement de plus d'un$ dans les dépenses économiques globales (publiques et privées) et une croissance économique plus élevée.

Cependant, les études empiriques des économistes Reinhart & Rogoff (2010) montrent que lorsque le ratio dette publique/PIB pour une économie atteint 90%, une trappe de l'endettement peut apparaître, car le multiplicateur des dépenses publiques ne dépassera pas l'unité, ce qui signifie qu'un dollar de dépenses publiques additionnelles générera moins d'un dollar de croissance économique.

La raison tient essentiellement à ce que le service improductif de la dette (intérêts et remboursement) en vient à occuper une part croissante du budget public. Cela peut provoquer une hausse des taux d'intérêt et des impôts et forcer une contraction des dépenses publiques. L'économie peut alors se retrouver en situation de stagnation de la croissance économique et d'une inflation, ce qui est la définition d'une stagflation.

De nos jours, les niveaux d'endettement public sont très élevés dans plusieurs économies et le multiplicateur des dépenses publiques financées par un endettement additionnel est bas.

La pire chose à faire dans de telles circonstances est de financer les dépenses publiques courantes par davantage de dettes plutôt que par les taxes et les impôts.

Présentement, le niveau moyen d'endettement public des 38 pays membres de l'OCDE selon le ratio dette publique/PIB, après avoir dépassé 120% en 2020, était encore supérieur à 100% en 2024, selon les données officielles. Les pays avec un endettement public par rapport au PIB supérieur à 100% sont le Japon, la Grèce, l'Italie, les États-Unis, la France, le Portugal, l'Espagne, la Belgique, le Royaume Uni et le Canada.

Un tel niveau élevé d'endettement public pourrait compliquer sérieusement l'efficacité de la politique fiscale à contrecarrer les effets d'une récession économique.

II- Autres indicateurs avancés de difficultés économiques à venir

Les indicateurs économiques avancés peuvent fournir des signaux d'alerte précoces quant à l'évolution de l'économie dans les mois ou les années à venir. Il peut s'agir, par exemple, de variations soudaines dans les inscriptions mensuelles au chômage, d'une augmentation du ratio des nouveaux emplois à temps partiel par rapport aux nouveaux emplois à temps plein, d'une baisse dans la confiance des consommateurs, d'un affaissement dans les nouvelles commandes de produits manufacturés ou d'une hausse généralisée des barrières tarifaires, etc.

De tels indicateurs peuvent être le signe avant-coureur d'un ralentissement économique ou d'une récession à venir.

Le contexte économique et financier actuel est particulier : depuis des mois, de nombreux indicateurs avancés pointent vers un ralentissement économique. Cependant, en partie en raison de déficits publics exceptionnellement élevés, la plupart des économies ont fait preuve d'une certaine résilience et la récession a été reportée.

Par le passé, lorsque cela s'est produit, comme à la fin des années 1970, la récession économique qui a suivi a été plus grave que d'habitude. De fait, deux importantes récessions économiques mondiales ont eu lieu coup sur coup en 1980 et en 1981-1982.

Les états surendettés ne seront pas dans une bonne position fiscale pour faire face à une crise économique majeure dans l'avenir.

III- Les tarifs douaniers perturbateurs du gouvernement étasunien de D. Trump

En 1930, les droits de douane américains, instaurés par la loi Smoot-Hawley, promue par des politiciens républicains, transformèrent une récession économique en une dépression, tant pour les États-Unis que pour l'économie mondiale.

Sur le plan politique, ils provoquèrent également la chute du Parti républicain américain. Le Parti démocrate prit le pouvoir en 1933 avec l'administration de Franklin D. Roosevelt et son New Deal. Les démocrates restèrent au pouvoir pendant vingt ans, soit jusqu'en 1953, date à laquelle le Parti républicain, dirigé par Dwight Eisenhower, reprit le pouvoir.

Quatre-vingt-dix années plus tard, l'économie américaine est de nouveau confrontée à des droits de douane unilatéraux prélevés sur les importations par l'administration républicaine de Donald Trump. De telles barrières commerciales risquent encore de bouleverser le commerce international pour des années à venir.

Cela pourrait éventuellement conduire à une « récession signée Trump » et à la perte de millions d'emplois, non seulement aux États-Unis mais aussi dans le monde entier, si des considérations politiques partisanes à court terme devaient prévaloir sur la logique économique à long terme.

IV- La crise climatique, la crise énergétique et les migrations internationales de population

Dans le passé, une cause importante des gains de productivité et de croissance économique a été l'accès à des sources d'énergie bon marché et fiables. Que ce furent le charbon, spécialement pour propulser les moteurs des bateaux et des trains, ou l'énergie liquide découlant du pétrole et du gaz pour les automobiles et les avions, et l'électricité découlant de l'énergie hydraulique ou nucléaire, ces énergies ont décuplé la force du travail et haussé les niveaux de vie.

De nos jours, les bouleversements climatiques anticipés jusqu'à la fin du siècle, sources d'inondations et de sécheresses, risquent de perturber les économies de plusieurs pays, ainsi que les chaînes internationales d'approvisionnement en produits agricoles.

Pour des motifs environnementaux, les gouvernements souhaitent décourager le recours à des énergies fossiles polluantes pour les remplacer par des énergies moins polluantes et renouvelables telles l'énergie solaire et l'énergie éolienne, moins fiables et souvent plus coûteuses. Des coûts énergétiques plus coûteux pourraient devenir un frein à la croissance économique future.

De même, pour les économies moins développées mais avec une forte croissance démographique, les migrations de population vers les économies à hauts niveaux de vie risquent de s'intensifier. Il en résulte déjà de sérieux problèmes d'intégration sociale et culturelle découlant de telles migrations, notamment en Europe et en Amérique du Nord.

V- Incompétence, improvisation et confusion au niveau gouvernemental

Aux États-Unis, chaque jour renforce davantage le sentiment que le gouvernement américain présentement en place est dysfonctionnel, chaotique et erratique, notamment en ce qui a trait au lancement d'une guerre commerciale destructrice, laquelle menace, d'une manière irresponsable, de contracter gravement le commerce mondial et de bouleverser de nombreuses économies nationales.

En Europe, et notamment au sein de la zone euro, certains pays semblent avoir de facto renoncé à leur obligation de respecter les limites légales imposées à leurs déficits budgétaires et à leurs niveaux d'endettement public.

Cela pourrait découler de l'influence grandissante des grandes fortunes sur le fonctionnement du système politique de certains pays. Le manque d'expertise de certains dirigeants en poste parmi les plus puissants du monde et leurs conflits d'intérêts sont devenus un énorme défi aux principes de bonne gouvernance publique, ce qui se reflète dans les politiques et dans les décisions.

Conclusion

Les économies et les sociétés modernes sont devenues des systèmes de plus en plus complexes, en particulier en Occident. De multiples facteurs peuvent contribuer à leur déclin, notamment des crises économiques, politiques, budgétaires, environnementales, démographiques, spéculatives, sociales et culturelles. Il ne faut pas oublier la prolifération de bureaucraties et de monopoles étatiques et semi-étatiques qui restreignent progressivement les libertés individuelles et les activités économiques privées.

De telles crises, lorsqu'elles s'accumulent, peuvent atteindre un point tel qu'elles peuvent entraver le bon fonctionnement d'institutions pourtant établies de longue date, réduisant leur capacité à maintenir l''ordre, la stabilité et la prospérité.

Le meilleur moyen de prévenir le déclin des économies et sociétés occidentales serait de remédier aux déséquilibres fiscaux, économiques, politiques, démographiques et sociaux insoutenables et croissants. Cela nécessiterait une meilleure prise ce conscience des problèmes et des crises qui se profilent à l'horizon. 

Présentement, les secteurs publics de nombreuses économies et sociétés occidentales sont surchargés et produisent des rendements décroissants par rapport aux ressources investies. Si une telle situation allait perdurer, dans un contexte d'inflation rampante et de stagnation économique, il ne faudrait se surprendre qu'un effondrement puisse un jour survenir dans leur système socio-économique d'État Providence.

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Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d'économie à l'Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018, La régression tranquille du Québec, 1980-2018, (Fides). Il est titulaire d'un doctorat en finance internationale de l'Université Stanford.

On peut le contacter à l'adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com

Il est l'auteur du livre de géopolitique  Le nouvel empire américain et du livre de moralité Le Code pour une éthique globale, de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé La régression tranquille du Québec, 1980-2018.

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Mis en ligne jeudi, le 15 mai 2025.

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© 2025 Prof. Rodrigue Tremblay


 





 

Le jeudi 13 mars 2025

Bouleversements aux États-Unis : Grandes inégalités, corruption, surendettement, spéculation, division et impérialisme

Par Rodrigue Tremblay, professeur émérite de sciences économiques, Université de Montréal

«Le problème avec le monde, c'est que les idiots sont sûrs d'eux-mêmes, tandis que les gens intelligents sont remplis de doutes. » Bertrand Russell (1872-1970), philosophe britannique, 1933.

« Nous allons imposer des tarifs et taxer les pays étrangers pour enrichir nos citoyens. » Donald Trump (1946- ) magnat américain des affaires et président républicain des États-Unis (dans son discours inaugural, le 20 janvier 2025).

« Nous devons... reconnaître que l'un des facteurs clés derrière la grande prospérité de notre nation est la politique d'ouverture commerciale qui permet au peuple américain d'échanger librement des biens et des services avec les peuples libres du monde entier. » Ronald Reagan (1911-2004), président républicain américain, 1981-1989, dans une communication radiophonique, le 26 novembre, 1988).

« Nous devons faire un choix. Nous pouvons avoir une démocratie ou une concentration des richesses entre les mains de quelques-uns, mais nous ne pouvons pas avoir les deux. » Louis D. Brandeis (1856-1941), juge à la Cour Suprême américaine, 1941.

« Les régimes populistes ont toujours tenté de résoudre les problèmes d'inégalité des revenus en recourant à des politiques macroéconomiques trop expansives. Ces politiques, qui se sont appuyées sur des déficits, des contrôles généralisés et un mépris des équilibres économiques fondamentaux, ont presque inévitablement abouti à des crises macroéconomiques majeures qui ont fini par nuire aux segments les plus pauvres de la société. » Rudiger Dornbusch (1942-2002) et Sebastien Edwards (1953- ), respectivement économistes du MIT et de UCLA, dans "The Macroeconomics of Populism in Latin America, 1991.

Dans toute leur histoire, les États-Unis n'ont jamais été confrontés, comme ce pays l'est depuis le 20 janvier 2025, par un président et une administration aussi ostensiblement autoritaires et néo-fascistes, et qui défient aussi ouvertement leur constitution et le principe de la division des pouvoirs qu'elle consacre. Il en résulte non seulement des bouleversements dans le fonctionnement intérieur de leur démocratie, mais aussi dans leurs relations extérieures acec les pays voisins et l'ensemble de la communauté internationale.

Cette nouvelle situation politique intérieure découle en partie d'un certain nombre de conditions et de tendances pré-existantes. Il serait utile de les identifier afin de savoir si la crise politique actuelle pourrait déboucher sur des crises encore plus sérieuses dans l'avenir.

I- Un demi-siècle d'inégalités croissantes des revenus et de la richesse en faveur des Américains les plus fortunés

Au cours du dernier demi-siècle, l'économie américaine est devenue de plus en plus une économie des super riches, par les super riches et pour les super riches. En effet, il s'agit d'une économie où les 10 % d'Américains les plus affluents sont responsables de près de 50% de toutes les dépenses de consommation, et ce sont eux qui ont la main sur la plupart des leviers de contrôle du pouvoir politique.

En effet, au fil des ans, selon un rapport de l'Economic Policy Institute, les rémunérations des PDG des plus grandes entreprises américaines ont dépassé fortement les salaires et les avantages sociaux des travailleurs. En 1965, le ratio des revenus PDG/travailleur était de 21 pour 1. En 2021, le ratio de rémunération PDG/travailleur était à son plus haut niveau enregistré depuis 1965 et s'établissait à un ratio de 399 pour 1. —Il n'est donc guère surprenant que 60 % des familles américaines vivent d'un salaire à l'autre.

Un autre indicateur de la persistance des disparités de revenus aux États-Unis est le salaire minimum fédéral, qui n'a pas été augmenté depuis 2010 et qui est fixé au faible niveau de 7,25 dollars de l'heure. Les travailleurs américains s'en sortent mieux dans certains états, où le salaire minimum passe de 14 dollars par heure dans le Rhode Island à 17 dollars par heure dans le District de Columbia. Cependant, cinq états (Alabama, Tennessee, Caroline du Sud, Mississippi et Louisiane) n'ont pas de loi sur le salaire minimum et certains autres états ont des salaires minimums encore plus bas que le salaire minimum fédéral.

En périodes de hausse des prix, un salaire minimum. non indexé sur l'inflation se traduit par une baisse du salaire minimum réel.

Tout cela signifie qu'il y a deux économies distinctes aux États-Unis : les 10 % de personnes les plus riches, qui ont des revenus élevés et d'énormes fortunes, et qui profitent d'avantages fiscaux et de cours boursiers élevés, d'une part, et les 90 % restants des Américains dont les revenus réels sont inférieurs à l'inflation depuis des années et dont la richesse est principalement concentrée dans l'immobilier, voire inexistante, de l'autre.

Il en résulte des inégalités de richesse très élevées : en 2023, les 3 multimilliardaires américains les plus riches possédaient davantage de richesses personnelles que les 50 % les plus pauvres de la population. De même, les 10 % des ménages américains les plus riches possédaient environ les deux tiers de la richesse totale, soit le double de ce que possédaient l'autre 90 % de la population. Aussi, les 50 % les plus pauvres parmi les Américains ne possédaient que 3 % de la richesse totale.

II- La corruption politique est élevée et en progression aux États-Unis

Ce ne serait pas une surprise s'il existait un lien entre les disparités de revenus et de richesse aux États-Unis et la corruption politique. Une telle corruption avait régressé au vingtième siècle, surtout après la Seconde Guerre mondiale, mais elle a ressurgi de nouveau au cours du premier quart du 21e siècle, à mesure que l'argent jouait de plus en plus un rôle central en politique, et que les médias corporatifs sont devenus plus concentrés.

Les élections présidentielles américaines de 2016 et 2024 du magnat des affaires Donald Trump, et l'arrivée de 'plutocrats bullies' aux plus hauts échelons du gouvernement américain ne sont pas un hasard.

La Cour suprême étasunienne a renforcé cette tendance, en janvier 2010, lorsqu'elle a supprimé plusieurs anciennes lois qui empêchaient les ultra-riches et les supermilliardaires — certains possédant une fortune personnelle supérieur à 50 milliards de dollars (Elon Musk, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, etc.) — d'influencer fortement le processus électoral, depuis les premières étapes d'une élection jusqu'à la composition et au fonctionnement du gouvernement.

Dans une démocratie, il existe toujours un danger qu'un capitalisme de connivence se développe lorsque les politiciens vendent des faveurs politiques à des intérêts privés. C'est la définition même de la corruption politique. A ce propos, il faut garder à l'esprit les sages mots du président Franklin D. Roosevelt (1882-1945) lorsqu'il a averti les Américains que : « La liberté dans une démocratie n'est jamais assurée si le peuple tolère la croissance d'un pouvoir privé au point où il devient plus fort que l'État démocratique lui-même. C'est, dans son essence, la définition du fascisme, c'est-à-dire le contrôle du gouvernement par un individu, par un groupe... ».

III- L'endettement public des États-Unis atteint des niveaux élevés par rapport à l'économie

La dette nationale américaine (estimée à 36,600 milliards de dollars) en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) (ce dernier estimé à 29,809 milliards dollars) était égale à 123%, en mars 2025, selon l'US National debt clock. De même, le déficit fiscal du gouvernement américain était de 2,000 milliards de dollars à pareille date, soit 6,7% du PIB.

Pour personnaliser les choses, la dette nationale américaine pour chaque citoyen américain égalait 107 019 $, tandis que le même montant de la dette nationale pour chaque contribuable était de 323 047 $. En d'autres termes, les États-Unis, comme d'autres économies occidentales, sont submergés dans les dettes.

Pour garder les choses en perspective, les pays membres de la zone monétaire Euro doivent maintenir leurs déficits publics annuels à un niveau qui ne dépasse pas 3 % du PIB et la dette publique de chaque pays ne doit pas excéder 60 % du PIB. (N.B. Certains pays membres ont cependant des ratios de déficit public et de dette publique bien plus élevés, ce qui pourrait menacer, à terme, l'existence même de la zone Euro.)

Le dilemme de la dette publique américaine pourrait être un handicap pour la politique budgétaire, si une récession économique devait se pointer dans les mois ou les années à venir. La Chambre des représentants dominée par les républicains a récemment adopté une résolution budgétaire qui prévoit 4 500 milliards de dollars de réductions d'impôts et une contraction de 2 000 milliards de dollars des dépenses fédérales au cours de la prochaine décennie. Une telle politique budgétaire est conforme au programme politique du gouvernement Trump 2.0.

IV- Spéculation

Dans la foulée de la crise des titres adossés à des créances hypothécaires et de la Grande Récession de 2008-2009 qui s'en est suivie, le gouvernement américain a poursuivi une politique de déficits budgétaires, tandis que la Réserve fédérale américaine a expérimenté avec une nouvelle politique monétaire expansive d'assouplissement quantitatif (QE).

Des déficits budgétaires se traduisent par davantage d'emprunts publics et une augmentation de la dette nationale, ce qui implique nécessairement l'émission de bons du Trésor additionnels. Leur émission tend à faire baisser les prix des obligations et à faire monter les taux d'intérêt. Cependant, une politique d'assouplissement monétaire quantitative menée par une banque centrale, quand la banque centrale achète de grandes quantités d'obligations d'État ou d'autre actifs financiers sur le marché libre, produit l'effet contraire, car cela fait baisser les taux d'intérêt.

Le déficit budgétaire américain a presque atteint 1 500 milliards de dollars en 2009, mais il a doublé pour atteindre 3 000 milliards de dollars au début de la pandémie de Covid-19, en 2020.

Certains marchés financiers, notamment le marché boursier, sont en zone euphorique, voire de bulle. En effet, les valorisations boursières aux États-Unis peuvent être considérées comme tendues, comme le montre le ratio cours/bénéfice (P/E ratio), lequel se situait à 36,8, à la fin de 2024. Un tel niveau est nettement supérieur de deux écarts-types à la moyenne des temps modernes, laquelle a une valeur de 20,4, une indication que le marché boursier est présentement sur-acheté.

Spéculation sur les cryptomonnaies

Le président Trump a déjà dit qu'à son avis, les cryptomonnaies étaient une arnaque contre le dollar américain. Cependant, dans son gouvernement de 2025, il a nommé des responsables de son administration qui souhaitent déréglementer l'émission de tels avoirs numériques artificiels. Il est même allé plus loin en signant un décret exécutif ordonnant au gouvernement américain de créer une réserve stratégique de bitcoins, ainsi qu'un stock distinct d'autres avoirs numériques. Une question se pose donc : est-ce que le but recherché est d'encourager la spéculation et la manipulation des prix des cryptomonnaies ?

V- Division sociale et régionale

Personne ne peut nier que les États-Unis sont aujourd'hui une nation aussi divisée qu'ils ne l'ont jamais été depuis la guerre de Sécession de 1861-1865. En tant que président, Donald Trump met de l'avant des politiques qui divisent les Américains, de sorte que le pays est politiquement coupé en deux.

Présentement, les économies avancées subissent des changements technologiques rapides (Intelligence Artificielle, robotisation des tâches, etc.). Aux États-Unis, certaines catégories du travailleurs et certaines régions profitent de ces nouvelles industries, alors que d'autres stagnent. 

On pourrait croire que ce soit la responsabilité du gouvernement central américain de venir en aide aux travailleurs déplacés et aux régions les moins dynamiques avec des dépenses en infrastructures et des programmes d'assistance sociale.

Cependant, les États-Unis dépensent des centaines de milliards$ annuellement pour soutenir des guerres coûteuses au Moyen-Orient et en Europe de l'Est, en plus de supporter le lourd coût de maintenir quelques 800 bases militaires à l'étranger. Le résultat en est que les États-Unis ont des services sociaux, notamment en matière de santé, qui sont inférieurs à ceux que l'on retrouve dans d'autres pays avancés.

Il n'est donc guère surprenant qu'un certain nombre d'Américains se sentent délaissés par leur gouvernement et deviennent facilement la proie du premier démagogue venu qui leur fait miroiter des solutions instantanées, comme celle de taxer les pays étrangers.

En effet, le programme du gouvernement Trump 2.0 repose en grande partie sur un mélange d'ignorance, de mensonges, d'improvisation, d'intimidation, de confusion, de vengeance et de politiques inappropriées, avec l'intention arrêtée de centraliser les instances décisionnelles du gouvernement au niveau de la Maison-Blanche. Cela se fait en violation flagrante de la constitution américaine, en plus de bouleverser les relations internationales comme jamais on l'a pas vu au cours des derniers trois quarts de siècle.

Ce faisant, cependant, et en dépit des promesses faites et des intentions peut-être sincères de solutionner des problèmes, du moins aux yeux des partisans les plus fidèles de M. Trump, cela pourrait conduire, en réalité, à une aggravation des choses et à l'apparition de nouvelles difficultés. En effet, aucun gouvernement ne peut suspendre les lois de l'économie.

Dans un contexte aussi dysfonctionnel, les clivages sociaux et économiques risquent de persister aux États-Unis, et même de s'intensifier, au cours des prochains mois et années.

VI- L'impérialisme, le protectionisme et une grande confusion intellectuelle

L'impérialisme économique américain à la Trump est encore plus exécrable que l'ancien, lequel reposait sur des sanctions imposées unilatéralement à toute une série de pays. En réalité, le président Trump se comporte parfois comme un 'bully' dans une cour d'école.

En effet, depuis son investiture le 20 janvier 2025, le président étasunien Donald Trump 2.0 poursuit une politique commerciale non professionnelle, incohérente, erratique, fantaisiste, arbitraire et pleine de revirements, en haussant unilatéralement les tarifs douaniers sur les importations en provenance de plusieurs pays. (N.B. : les tarifs douaniers sont des taxes indirectes intérieures régressives, prélevées sur les importations.)

Ce faisant, le gouvernement Trump 2.0 se trouve à chambarder les relations économiques internationales, ce qui risque de plonger l'économie mondiale dans le chaos. D'autant plus, qu'il a invoqué un mensonger « état d'urgence » afin d'usurper les responsabilités du Congrès en matière de taxation, un prétexte qui pourrait faire l'objet d'une contestation au plan constitutionnel. 

Peut-être l'exemple le plus discutable et le plus malavisé porte sur les tarifs douaniers imposés unilatéralement aux produits importés du Canada, un pays voisin avec lequel les États-Unis ont pourtant un traité de défense militaire aérien (NORAD) et un traité de libre échange depuis1988 (lequel a été élargi pour inclure le Mexique en 1994, et lequel a été revu en 2020 avec la signature du Président D. Trump 1.0 lui-même). De plus, les É.-U. et le Canada font partie de l'OTAN depuis 1949. Une guerre commerciale entre les deux pays semble relever de l'irréel.

Les grands perdants des guerres commerciales de Donald Trump, lesquelles affectent environ 1 500 milliards de dollars d'importations américaines, et de la dislocation industrielle qu'elles entraîneront, seront les consommateurs de tous les pays concernés, y compris les consommateurs américains.

Les ménages les moins riches seront particulièrement touchés, car ils devront faire face à une hausse des prix alors que leurs revenus réels tendront à stagner ou à s'abaisser. Le résultat final risque d'être une stagflation dans de nombreux pays, c'est-à-dire une situation de hausse des prix et d'un ralentissement de l'activité économique.

Un rappel historique : le président D. Trump semble s'être persuadé que les tarifs douaniers imposés à la fin du 19e siècle, lorsque l'économie américaine était essentiellement agricole et comptait des industries naissantes, pourraient se transposer au 21e siècle, alors que l'économie américaine est pleinement développée et est un leader de l'économie mondiale.

Des tarifs douaniers élevés de 49,5 % ont été prélevés, en effet, sur les importations étasuniennes, en 1890, dans le but de protéger des industries naissantes et leur donner le temps de devenir concurrentielles. Cependant, l'expérience a mal tourné.

Les hauts tarifs douaniers et d'autres causes ont convergé pour provoquer la pire dépression économique jamais vue jusqu'alors : ce fut la panique de 1893, laquelle s'étira jusqu'en 1897. Il s'en était suivi une hausse du coût de la vie pour la plupart des Américains, des déficits de la balance des paiements, des paniques bancaires, une crise du crédit, un krach boursier, des faillites d'entreprises et un taux de chômage de 25 %.

Ce serait une tragédie si une telle expérience économique ratée devait se répéter plus d'un siècle plus tard dans un contexte économique et financier encore plus sensible à des chocs de nature politique.

Conclusion

Tous les facteurs semblent être réunis pour que les États-Unis connaissent une tempête parfaite, due à une convergence de crises politique, économique, financière et constitutionnelle à venir. La plupart de ces crises seront la conséquence directe de mauvaises politiques publiques.

Le gouvernement Trump 2.0, en effet, se comporte à l'heure actuelle comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. C'est un créateur de chaos, d'incertitude et de destruction dans de nombreux domaines. — Il ne faut jamais oublier qu'il est relativement facile de détruire la prospérité d'un pays par de mauvaises politiques, mais qu'il est beaucoup plus difficile de construire une prospérité économique durable.

Inégalités : Les inégalités de revenus et de richesses aux États-Unis sont importantes et elles sont en hausse.

Corruption : Les principales institutions politiques américaines (Congrès, présidence et Cour suprême) sont aujourd'hui plus corrompues par les forces de l'argent qu'à n'importe quelle autre période de l'histoire du pays, et tout indique que la situation ira en empirant.

Surendettement : Le ratio de la dette publique nationale américaine par rapport au produit intérieur brut (PIB) est plus élevé aujourd'hui qu'il ne l'était à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et il est sur le point d'augmenter encore davantage.

Spéculation : L'exubérance des marchés financiers est particulièrement élevée en ce moment, notamment sur les marchés boursiers. Un choc déclencheur vers la baisse pourrait à tout moment provoquer une sévère correction.

Division : Les États-Unis sont un pays profondément divisé, à la fois socialement et régionalement et pourrait le devenir davantage.

Impérialisme : L'impérialisme économique américain à la Trump n'est pas sous contrôle et cela va, en toute probabilité, résulter en de la stagflation, non seulement aux É.-U., mais aussi dans plusieurs autres économies, ce qui se traduira par un abaissement généralisé des niveaux de vie dans le monde.

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Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d'économie à l'Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018, La régression tranquille du Québec, 1980-2018, (Fides). Il est titulaire d'un doctorat en finance internationale de l'Université Stanford.

On peut le contacter à l'adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com

Il est l'auteur du livre de géopolitique  Le nouvel empire américain et du livre de moralité Le Code pour une éthique globale, de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé La régression tranquille du Québec, 1980-2018.

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