Le phénomène Donald Trump aux États-Unis: la dérive vers une présidence autocratique




Jeudi, le 20 février 2020

Le phénomène Donald Trump aux États-Unis: la dérive 
vers une présidence autocratique
(Auteur du livre « Le nouvel empire américain »
et de son récent livre « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 »)

« C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : 
il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites » ...
Montesquieu (1689-1755), 1748.

« Là où vous avez une concentration du pouvoir dans quelques mains, trop souvent, des hommes 
avec la mentalité de gangsters en prennent le contrôle. »
Lord Acton (1834-1902), 1866.

« Les leaders de masse totalitaires firent reposer leur propagande sur l'hypothèse psychologique 
vérifiée, selon laquelle, dans de telles conditions, on pouvait faire croire un jour aux gens des 
déclarations des plus fantastiques, et être confiant que si, le lendemain, on leur donnait une preuve 
irréfutable que le tout était un mensonge, ils se réfugieraient dans le cynisme; au lieu d’abandonner 
les dirigeants qui leur avaient ouvertement menti, ils prétexteraient qu'ils avaient toujours su que la 
déclaration était fausse et continueraient d’admirer les leaders pour leur intelligence tactique 
supérieure. »
Hannah Arendt (1906-1975), (dans « Les origines du totalitarisme », 1951).

« Si le gouvernement [américain] devenait une tyrannie, si un dictateur s’imposait un jour dans ce 
pays, l’avance technologique conférée aux services du renseignement du gouvernement pourrait lui 
permettre d'imposer une tyrannie totale, et il n'y aurait aucun moyen de se défendre parce que les 
efforts les plus prudents pour organiser la résistance contre le gouvernement, même faits en privé, 
par les citoyens eux-mêmes, seraient connus du gouvernement. » 
—Frank Church (1924-1984), avocat et sénateur américain, président d’un comité sénatorial,
(dans une interview avec l'émission télévisée 'Meet The Press', le 17 août, 1975)

« Lorsque le fascisme arrivera en Amérique, il sera enroulé dans le drapeau et il portera la croix. » 
Sinclair Lewis (1885-1951), auteur américain, (tiré de ‘It Can't Happen Here’, 1935, un roman 
sur l'élection d'un fasciste à la présidence américaine).

Introduction

Le mercredi 5 février 2020 sera un jour une date mémorable dans l’histoire des États-
Unis. C’est, en effet, à cette date qu’une majorité sénatoriale de 52 sénateurs 
républicains, (à l'exception notable du sénateur Mitt Romney), vota contre la 
condamnation du président Donald Trump, dans le procès en mise en accusation de 
ce dernier et sa destitution pour ‘abus de pouvoir’ et pour ‘entrave à la bonne marche 
du Congrès’. C'est aussi la date à partir de laquelle Donald Trump interpréta son 
exonération comme un chèque en blanc pour transformer la présidence étasunienne 
en un pouvoir autocratique.

Au mépris évident de la Constitution américaine et du système américain des 
contrepoids, les facilitateurs républicains de Donald Trump ont ainsi placé le peuple 
américain devant un fait accompli. La seule question maintenant reste à savoir si cette dangereuse dérive vers un régime autoritaire sera acceptée ou inversée lors de 
l’élection présidentielle du 3 novembre prochain.

Jusqu’où Donald Trump poussera-t-il les États-Unis vers une autocratie 
présidentielle ?

Selon le test bien connu du ‘canard’, « Si ça ressemble à un canard, si ça nage 
comme un canard et si ça cancane comme un canard, c’est qu'il s’agit sans doute 
d’un canard »!

Le président étasunien Donald Trump a un comportement excessif dans tout ce qu’il 
dit ou fait. À titre d’exemple, il aime prendre en public la soi-disant « pose autoritaire 
de Mussolini ». Il aime aussi faire des « purges » du type totalitaire dans son personnel 
et aussi parmi les fonctionnaires de l’État quand ces derniers n’obéissent pas 
aveuglement à ses ordres et qu’il considère comme ses « ennemis ».

Il s’entoure aussi de conseillers obséquieux, de valets à la solde et de marionnettes, de 
qui il exige une loyauté absolue envers sa propre personne, et non pas envers la 
constitution américaine ou envers le peuple américain. Par conséquent, on chuchote 
que les États-Unis, sous son régime, prennent de plus en plus l’allure d’une 

Donald Trump, la loi et la privatisation du gouvernement américain

M. Donald Trump a souvent utilisé les tribunaux à son avantage personnel. Il a pris la 
vilaine habitude d’attaquer les cours de justice d’une façon arbitraire, et à peu près 
tous ceux qui lui déplaisent. Il a critiqué les procureurs et il a contesté les décisions 
des magistrats, avec l’intention de recevoir des faveurs pour venir en aide à ses 
« amis », accusés d’actes criminels, en demandant pour eux des sentences réduites. 
Cela fait montre d’un niveau élevé de manque de respect et de mépris pour 
l’État de droit, et il est indéniable que cela mine la crédibilité du système juridique 
américain.

M. Trump a également déclaré que le ministre de la Justice devrait agir de facto 
comme s’il était son propre avocat personnel et non pas se limiter à être l’avocat en 
chef indépendant du gouvernement fédéral américain. Cela pourrait avoir pour effet 
de détruire l’intégrité et l’indépendance du ministère de la Justice, en plus de nuire à sréputation.

On peut craindre, en effet, que le ministère de la justice, sous la gouverne de William 
Barr, serve d’arme de poing à M. Trump pour se venger de ses supposés « ennemis ». 
Ce que Trump fait, c’est privatiser le ministère américain de la Justice pour son propre 
bénéfice. C’est d’ailleurs pourquoi, craignant le pire, un contingent de plus de 1 100 
anciens procureurs et officiels américains ont publiquement demandé à M. Barr de démissionner.

Donald Trump a également fait preuve d’un manque flagrant de jugement lorsqu’il a 
fait connaître son opinion personnelle, sur tweeter, concernant des affaires pénales 
pendantes devant les tribunaux. Donald Trump croit vraiment que parce qu’il occupe
le poste de président, cela le justifie de se considérer au-dessus des lois. Les 
Américains accepteront-ils une pareille enflure ? Ils ne l’ont pas accepté quand 
Richard Nixon a déclaré : "si c’est le président qui le fait, c’est légal"! Pourquoi le 
feraient-ils maintenant ?

Et comme si ce n’était pas assez, lactuel occupant de la Maison-Blanche attaque 
constamment la liberté de la presse, une liberté fondamentale protégée par la 
Constitution américaine. En effet, il a pris l’habitude de qualifier les médias et les 
journalistes d’ « ennemis du peuple », —une expression utilisée en Allemagne nazie. 
De plus, Donald Trump a un penchant pour se lier d’amitié avec des dictateurs et des 
autocrates étrangers, tout en s’employant à ridiculiser les dirigeants élus de pays 
démocratiques. Et, pour couronner le tout, Donald Trump a récemment utilisé en 
public le slogan nazi de « Dieu est avec nous », («Gott mit uns»),… etc.

—Et voilà. On a une vue assez fidèle du tableau au complet, si on n’est pas totalement 
aveuglé par la partisannerie ou complètement obnubilé par un 
culte de la personnalitéDepuis qu’il a prêté serment, avec ses tweets quotidiens 
inappropriés et ses déclarations incendiaires, Donald Trump est devenu un scandale 
quotidien dans la politique américaine, et ses outrances vont de mal en pis.

Personne ne peut contester que Donald Trump soit un politicien autoritaire et qu’il 
pousse peu à peu les Américains à s’habituer à voir en lui un président qui centralise 
le pouvoir autour de sa personne. De jour en jour, il devient toujours un peu plus de 
la graine de dictateur, —intolérant et ultra nationaliste, —qui ne se cache pas qu’il 
aspire à un pouvoir incontrôlé, et si possible, absolu. Son plan, nonobstant la 
constitution américaine et ses principes fondateurs, est de transformer les États-Unis 
en un État militariste et néo-fasciste sous sa gouverne, avec tous les apparats, et le 
moins de contraintes possible.

On peut considérer Donald Trump comme une sorte de virus politique néfaste, lequel 
été introduit accidentellement dans le corps politique américain. en 2016. Il est, de 
loin, le politicien le moins scrupuleux et le plus dangereux que les États-Unis n’aient 
jamais eu à la Maison-Blanche. Il n’a aucun scrupule à passer les institutions 
américaines au bulldozer, s’il estime que de telles institutions l'empêchent d’exercer 
les pleins pouvoirs. En cette période de post-mise en accusation, M. Trump est 
déchaîné et il pense qu’il peut faire tout ce qu’il veut, y compris s’impliquer 
personnellement dans le fonctionnement du système judiciaire des États-Unis.

Conclusion

Comme le test du canard ci-dessus le dit bien, « si un politicien pense, parle et agit 
comme un autocrate, c’est probablement parce qu’il est autocrate »!

Que peut-on s’attendre d’un tel politicien autre chose qu’il sape les assises des 
institutions démocratiques à son avantage ! On a beaucoup ridiculisée la sénatrice 
républicaine de l’État du Maine, Mme Susan Collins, laquelle déclara après le procès 
de destitution de Donald Trump au Sénat étasunien, que ce dernier « avait appris de 
cette affaire ... une assez grande leçon ... Je pense qu’il sera beaucoup plus prudent à 
l’avenir ». Sa méconnaissance du personnage est attristante. Elle aurait dû mieux 
savoir qu’après un échec personnel, Donald Trump double toujours la mise et 
qu’il deviendra encore plus autocrate avec le temps.

Par conséquent, il serait peut-être temps que l’on sonne la cloche pour que les 
Américains se ressaisissent avant qu’il ne soit trop tard. Lorsque la démocratie se 
meurt sous ses yeux, le moins qu’un citoyen concerné puisse faire est de se tenir 
debout et dénoncer les forces qui travaillent à détruire la démocratie dans le but de 
remplacer le régime démocratique par un régime autoritaire. N’oublions pas que le 
monde libre s’est battu lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), et cela 
avec des coûts très élevés, pour défendre les principes de démocratie et de liberté. 
Comment accepter aujourd’hui que ces principes puissent être sapés de l'intérieur 
comme cela semble être le cas présentement aux États-Unis ?

À condition de ne point être troublé par la corruption, l’abus de pouvoir et l’amoralité 
en politique ; à condition d’accepter que le Congrès américain puisse être contourné 
et les tribunaux compromis ; et à condition d’accepter qu’un politicien autocratique 
installe un gouvernement d’un seul homme, et qu’il trahisse la constitution et son 
principe fondamental de la division des pouvoirs. Dans de telles circonstances, une 
personne peut être tentée de voter pour un type de candidat présidentiel autocratique.

Oui. Je sais bien. La bourse est en hausse et le chômage est bas. En tant qu’économiste, permettez-moi de vous dire quelque chose. Tout d’abord, il ne faut pas se laisser 
obséder par le marché boursier. La présente bulle boursière est en grande partie un résultat artificiel, provoqué par d’énormes baisses d'impôts pour les sociétés 
américaines. Ces dernières ont utilisé cet argent du gouvernement, non pas pour 
investir dans de nouvelles installations, mais pour racheter leurs propres actions. Et 
c’est le gouvernement étasunien qui s’est endetté au rythme annuel d’un trillion de 
$US. Ajouté à cela des taux d’intérêt artificiellement bas, parfois négatifs, poussés 
vers le bas par des banques centrales en panique devant les niveaux d’endettement, 
et vous avez le résultat que l’on observe.

En deuxième lieu, les faibles taux de chômage que l’on observe présentement dans 
plusieurs pays sont en grande partie un résultat démographique causé par les départs à 
la retraite massifs des baby-boomers, ce qui crée une pénurie de main-d’œuvre dans de nombreuses professions et de nombreux métiers. — Ne vous laissez donc pas berner 
par de tels mirages et par ces trucs de passe-passe.

Bien sur. Je sais aussi à quel point l’organisation centrale du parti démocrate est 
décriée pour sa maladresse et son amateurisme. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les procédures complexes du parti pour sélectionner le porte-étendard démocrate à la 
présidentielle de 2020. Celles-ci reposent, en effet, sur une représentation 
proportionnelle pour l’attribution des délégués, dans tous les états étasuniens qui 
tiennent une primaire ou un caucus. Ces règles semblent avoir été conçues pour 
diviser l’électorat démocrate au maximum, avec le résultat prévisible que le candidat 
démocrate finalement choisi pour l’élection présidentielle devra surmonter une grande 
division dans son bassin potentiel d’électeurs.

Quoiqu’il en soit, si un citoyen valorise la démocratie et la liberté, tant pour 
le présent comme pour l’avenir, il ou elle devrait réfléchir à deux fois avant de donner 
une seconde chance à M. Trump. Sinon, ce serait un peu comme jouer à la roulette 
russe.

En effet, comme l’a écrit Hannah Arendt, « si quelqu’un ne peut être mobilisé 
lorsque la liberté se trouve menacée, c’est que rien ne peut le mobiliser. »

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(S.V.P. Prière de faire suivre :

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Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite 
d’économie à l’Université de Montréal et lauréat du 
Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018 
« La régression tranquille du Québec, 1980-2018 », (Fides).

On peut le contacter à l’adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com.


Il est l’auteur du livre « Le nouvel empire américain »
et de son récent livre « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 »

Site Internet de l'auteur : http://rodriguetremblay.blogspot.com/

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Mis en ligne, jeudi, le 20 février 2020.

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© 2019 Prof. Rodrigue Tremblay