Donald Trump : Une tragédie américaine




Mercredi, le 23 octobre, 2019
Donald Trump: Une tragédie américaine qui ne concerne pas seulement les États-Unis, mais le monde entier
(Auteur du livre « Le nouvel empire américain », du livre « Le Code pour une éthique globale » et de son récent livre « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 »)

« Si ce gouvernement [américain] devenait une tyrannie, si un dictateur s’imposait un jour dans ce pays, l’avance technologique conférée aux services du renseignement du gouvernement pourrait lui permettre d'imposer une tyrannie totale, et il n'y aurait aucun moyen de se défendre parce que les efforts les plus prudents pour organiser la résistance contre le gouvernement, même faits en privé, par les citoyens eux-mêmes, seraient connus du gouvernement. »
Frank Church (1924-1984), avocat et sénateur américain, président d’un comité sénatorial, (dans une interview avec l'émission télévisée 'Meet The Press', le 17 août, 1975)

« J'ai été Directeur de la CIA. — Nous avons menti, nous avons triché et nous avons volé. … nous suivions des cours avancés de formation. Cela vous rappelle la gloire de l'expérience américaine. »
Mike Pompeo (1963- ), ancien directeur de la CIA et présentement secrétaire d'État dans le gouvernement de Donald Trump, (enregistré en avril 2019, alors qu'il parlait à l’Université de Texas A & M)

« Vous devez savoir que j’ai l’appui de la police, de l’armée, des « Motards pour Trump ». —j’ai des gens très durs derrière moi, mais ils ont été gentils jusqu’à maintenant, — mais seulement jusqu’à ce qu’on les pousse au-delà d’un certain point, et, dans un tel cas, ce sera très mauvais, très mauvais. »
Donald Trump (1946-), 45ème président américain et propriétaire américain d'hôtels et de casinos, (déclaration faite au cours d'une interview exclusive avec l’agence Breitbart News, à la Maison Blanche, et publiée le mercredi 13 mars, 2019)

L’élection de Donald Trump, un homme d’affaires d’extrême droite de New York, en novembre 2016, s’est révélée être une tragédie pour les États-Unis et pour le monde entier, alors que les bévues, les gaffes et les désastres se multiplient sous sa gouvernance inexpérimentée, impétueuse et incompétente.

Au plan politique, jamais dans toute son histoire, les États-Unis n’ont eu un président qui rejette si cavalièrement les principes de base de la Constitution américaine, à savoir la séparation des pouvoirs et le système de paliers gouvernementaux égaux, et qui rejette le principe fondamental de la démocratie, qui stipule qu’aucun citoyen n’est au dessus de la loi. Il s’agit là d’un précédent dangereux, lequel peut conduire aux pires excès. Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Trump, le vendredi 20 janvier 2017, il tient un langage et il se comporte comme s’il se croyait au-dessus de toutes les lois.

Ainsi, on a pu assister, de sa part, à une longue série de politiques chaotiques, impulsives, improvisées et incohérentes, — du jamais vu auparavant. Cela a été le cas, non seulement en matière de politiques économiques, de finances publiques et de commerce international, mais aussi dans le domaine de la politique étrangère. On peut dire que cette dernière s’est révélée incroyablement mauvaise et elle a terni l’image des États-Unis à travers le monde. C’est également le cas dans le domaine des politiques sociales, certaines plus néfastes que d’autres, lesquelles ont eu des conséquences négatives pour la cohésion sociale. Les politiques de Trump ont aussi intensifié les disparités de revenus et de richesses aux États-Unis, un retour à la décennie des années ’20.

Considérons quelques-unes de ces politiques :

1-            La dangereuse obsession de Trump pour le marché boursier

Le marché boursier n’est pas l’économie. En fait, la plupart des récessions et des dépressions économiques ont commencé, dans le passé, lorsque le marché boursier était à son plus haut ou se trouvait en situation de bulle financière, même si il était sur le point de s’effondrer. Les krachs boursiers sont très souvent le résultat de mauvaises politiques économiques, réglementaires ou monétaires, lesquelles encouragent une spéculation effrénée et conduisent à des crises et paniques financières.

Ceci s’est produit, par exemple, avant la longue dépression de 1873-1879, avant la crise financière de 1920-1921 et avant la Grande Dépression des années ‘30, et avant d’autres récessions économiques importantes, semblables à la récente Grande Récession de 2007-2009.


Ce n’est pas une mince affaire. Tout dirigeant imbécile peut pousser le marché boursier à des niveaux insoutenables. Il suffit simplement d’imprimer beaucoup de monnaie et/ou de s’endetter à fonds perdus. Certains pays du tiers monde le font encore, même de nos jours. — Mais, lorsque le reste de l’économie change de direction, il s’en suit de graves conséquences économiques. Et cela ne nuira pas seulement à l’économie américaine ; l’économie mondiale sera elle aussi sévèrement touchée.

2-            Un problème américain qui s’avère aussi être un problème mondial

Si le ‘cas Trump’ n’était qu’un problème interne aux États-Unis, l’espoir serait que les systèmes politique et juridique des États-Unis puissent être en mesure de le gérer. Cependant, non seulement l'homme prétend être au-dessus des lois américaines, mais il parle et agit comme s’il n’y avait pas de droit international. C’est pourquoi il s’agit d’un problème international, et pas seulement américain.

M. Trump semble se croire une sorte de « roi du monde » auto-proclamé. Un jour, il menace de « détruire totalement » et d’anéantir un pays étranger, comme il l’a fait pour la Corée du Nord et pour l’Afghanistan. Un autre jour, il se déclare prêt à « détruire l'économie » d’un autre pays étranger, comme il l’a fait récemment en parlant de l’économie turque… etc. —Il faut être cinglé pour parler de la sorte.

Qu’un tel individu en position d’autorité, mais avec si peu de capacités mentales et de jugement, surgisse sur la scène politique internationale, au XXIe siècle, est tout à fait étonnant et même incroyable.

Ce qui suscite la crainte dans le cas de Trump, c’est le fait qu’il s’entoure de ‘faire-valoir’ professionnels, de ‘yes-men’ et de clones de lui-même. Le résultat est qu’il n'y a pas de filtre et de garde-fou autour de lui, de manière à modérer ses décisions impulsives et dangereuses. Il pense et il agit comme s’il était, en lui-même, tout le gouvernement.

3-            Les conséquences économiques de M. Trump

Le secteur privé de l’économie américaine est l’un des plus résilients et des plus productifs au monde. Cependant, il faut s’attendre à ce que l’approche chaotique de M. Trump quant aux politiques gouvernementales, en général, et ses politiques économiques, en particulier, débouche, tôt ou tard, sur des résultats négatifs pour l’économie.

Présentement, le secteur manufacturier américain est déjà entré en récession et se contracte. Les secteurs public et militaire sont quant à eux tributaires des lourds déficits budgétaires, insoutenables à moyen et long terme. Les consommateurs, de leur côté, continuent de s’endetter à un rythme alarmant, et leurs dépenses soutiennent, pour le moment, le secteur des services. Entre-temps, le secteur du commerce extérieur a été placé dans un fouillis, résultats des guerres commerciales à répétition que le gouvernement Trump a déclenchées.

Un jour, cette structure économique fragile, construite sur des dettes et des flux commerciaux en contraction, va s’effondrer. Et, ce ne sera pas beau. Et si l’on prend en compte les importants changements technologiques sur le point de s’imposer dans les années à venir, à mesure que le secteur des transports devra se réorganiser, on est en droit de craindre que la prochaine récession économique sera sévère, surtout si l’économie mondiale et les marchés financiers devaient dérailler à l’unisson.

4-            Les conséquences politiques et sociales de M. Trump

On reconnaît, aujourd’hui, que Donald Trump a été un important facteur de division dans la population étasunienne. L’antipathie entre républicains et démocrates, par exemple, n’a fait que croître depuis son élection. Celle-ci est aussi intense et plus personnelle qu’elle ne l’a jamais été, si on considère les temps modernes. De plus, les études et les enquêtes du Centre de recherche Pew révèlent qu’il y a une montée de la polarisation partisane et des clivages sociaux aux États-Unis, notamment au cours des trois dernières années.

Il n’est guère nécessaire d’insister. Les dégâts causés par M. Trump sont déjà considérables.

Espérons seulement que cela n’ira pas de mal en pis !

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Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018 « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 », (Fides).

On peut le contacter à l’adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com.


Site Internet de l'auteur : http://rodriguetremblay.blogspot.com/

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Mis en ligne, Mercredi, le 23 octobre, 2019.

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© 2019 Prof. Rodrigue Tremblay