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Lundi, le 6 juin 2016
Le mince héritage politique de Barack Obama, fait de réalisations incomplètes et de guerres provoquées : Que s’est-il passé ?

Le vendredi 29 avril, 2016
Élections américaines : Dix raisons pour lesquelles Bill et Hillary Clinton ne méritent pas un troisième mandat à la Maison-Blanche

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Les mensonges, fabrications et falsifications du gouvernement Bush-Cheney pour attaquer l'Irak, pour son pétrole et pour Israël

Samedi, le 23 janvier 2016
Troubles financiers et risques accrus d’une récession économique mondiale sévère en 2016-17

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Lundi, le 6 juin 2016
Le mince héritage politique de Barack Obama, fait de réalisations incomplètes et de guerres provoquées : Que s’est-il passé ?

« Le mal que font les hommes vit après eux. »
William Shakespeare (1564-1616), dans la pièce “Jules César”

« La Constitution [étasunienne] postule, ce que l’histoire de tous les gouvernements démontre bien, à savoir que le pouvoir exécutif est la branche la plus intéressée à se lancer en guerre et la plus disposée à le faire. C’est pourquoi, conséquemment, elle stipule clairement que la décision d’aller en guerre ou non relève de l’Assemblée législative ...
— Aucun pays ne peut préserver sa liberté dans un contexte de guerres continuelles. »
James Madison (1751-1836), lettre à Thomas Jefferson, 1798, (reprise dans « Observations politiques », 1795)

« ... La guerre est parfois nécessaire, mais la guerre à une certaine échelle est une expression de la folie humaine. »
Barack H. Obama (1961-), Prix Nobel de la paix, discours d’acceptation, décembre 2009

« En tant que puissance nucléaire, et en tant que seule puissance nucléaire à avoir utilisé l’arme nucléaire, les États-Unis ont une responsabilité morale d’agir ... aujourd’hui, je prends solennellement et avec conviction l’engagement que les États-Unis rechercheront la paix et la sécurité dans un monde sans armes nucléaires. »
Barack H. Obama (1961- ), discours prononcé à Prague, République tchèque, le 5 avril 2009, [N.B. : Le 27 mai 2016, le Président Obama a répété essentiellement le même engagement au ‘Peace Memorial Park’ d’Hiroshima, au Japon, souhaitant un « monde sans armes nucléaires »]

« En tant que commandant en chef, je n’ai guère hésité à employer la force, quand c’était nécessaire. J’ai ordonné que des dizaines de milliers de jeunes Américains aillent au combat ...
J’ai ordonné des interventions militaires dans sept pays. », [L’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, le Pakistan, le Yémen et la Somalie]
Barack H. Obama (1961- ), discours à l’American University, le 5 août 2015

Depuis que les néoconservateurs ont pris le contrôle effectif de la politique étrangère américaine, suite à l’effondrement de l’empire soviétique en 1991 et à la fin de la Guerre froide, rejetant ainsi le « dividende de paix » que plusieurs avaient logiquement espéré, avec la réduction des dépenses militaires, l’intention dominante à Washington D.C. a été d’imposer un Nouvel Ordre Mondial hégémonique sous égide étasunien et cela, principalement, en recourant à la force militaire.

Une succession de gouvernements étasuniens, dirigés tant par des démocrates que par des républicains, se sont employés à poursuivre la même politique d’hégémonie mondiale en lançant une série de guerres d’agression unilatérales, directes ou indirectes, à travers le monde, en violation du droit international. Cela explique pourquoi les États-Unis ont plus de 1400 bases militaires à l’étranger, dans plus de 120 pays, et pourquoi ils accroissent sans cesse le nombre de ces installations.

Tout d’abord, il y a eu la guerre du Golfe de 1990-1991, lorsque le régime irakien de Saddam Hussein est tombé dans un piège, pensant qu’il avait l’accord tacite de Washington de procéder à l’intégration du petit état du Koweït, un territoire qui a fait partie de l’Irak tout au long du XIXe siècle, jusqu’à la Première Guerre mondiale. Ensuite, ce furent les interventions militaires américaines, sous le couvert de l’OTAN, dans les conflits ethniques de la Yougoslavie, en 1998-1999, afin de saper l’influence russe dans cette région. Ensuite, survint cette attaque du 11 septembre 2001, rappelant celle de Pearl Harbor en 1941. Certains hauts dirigeants américains avaient implicitement souhaité une telle attaque, un an auparavant. Le 9/11 fut une sorte d’événement « divin » pour implanter le nouvel ordre mondial, car il justifiait à lui seul d’énormes augmentations du budget militaire étasunien, en plus de servir de justification pour lancer une  guerre en Afghanistan, à compter de 2001, et pour aboutir finalement à la « guerre préventive » lancée par George W. Bush pour « libérer » l’Irak, en 2003.

Tout cela fut suivi d’une série d’opérations clandestines dans le but de déstabiliser et renverser des gouvernements nationaux, élus ou non, et d’imposer des changements de régime dans des pays indépendants, tels la Syrie, la Libye, l’Ukraine, le Honduras, Haïti, la Somalie ... etc., comme cela a été fait dans d’autres pays auparavant.

L’élection du sénateur Barack Obama, en 2008, promettait de mettre un terme à ces ingérences et à ces vendettas militaires étasuniennes dans le monde, la plupart d’entre elles entreprises à l’initiative de la Maison-Blanche, avec un minimum de participation du Congrès, contrairement à ce qui est stipulé dans la constitution des Etats-Unis. Ainsi, en octobre 2009, le président Obama reçut le Prix Nobel de la paix, doté d’une allocation d’environ 1,4 million $, pour sa promesse de créer un « nouveau climat » dans les relations internationales et pour celle de promouvoir le « désarmement nucléaire ». Il faut le dire. L’héritage politique que laisse le président américain derrière lui ne reflète nullement les espoirs que son élection et ses promesses de changement avaient fait naître. Au cours de ses deux mandats consécutifs, en effet, M. Obama n’a réglé aucun conflit, mais il en a allumé plusieurs autres.

Lors de son discours d’acceptation du Prix Nobel de la paix, le Président Obama, se référant à la théorie de la « guerre juste », plus ou moins discréditée pour les temps modernes, déclara que les guerres doivent être menées « en dernier recours ou en cas de légitime défense; et, si la force employée est proportionnelle; et si, chaque fois que possible, on épargnait les populations civiles. »

On notera, cependant, que Obama prit bien soin de reconnaître qu’il y avait des gens « bien plus dignes que moi de mériter cet honneur », ajoutant  que ses propres « réalisations étaient minimes ». En cela, il avait raison. Car le candidat Obama « anti guerre » n’a pas été à la hauteur des attentes élevées qu’on avait placées en lui, en 2008: Il n’a pas apporté la paix au monde; il n’a pas mis un terme aux guerres d’agression étasuniennes à travers le monde ; il n’a pas mis fin à la politique des États-Unis de renverser les gouvernements des autres pays indépendants qui ne leur plaisent pas ; et, il n’a pas fait avancer la cause du « désarmement nucléaire ». Sur ce dernier point, il a fait tout le contraire, comme nous le verrons plus loin.

Voilà pourquoi, après un double mandat à la Maison Blanche, la démonstration peut être faite que l’héritage politique du président Barack Obama est très mince, voire même négatif net. Regardons les choses de plus près, en commençant par le côté positif de l’héritage du président Obama, et ensuite, faisons un relevé des défaillances graves de son administration.

• La Loi d’assurance santé de Obama: un pas timide dans la bonne direction vers la justice sociale

Avant d’identifier lacunes de l’administration Obama les plus criantes, il est juste de souligner un certain nombre de réalisations de son gouvernement, même si on peut déplorer que celles-ci ont été peu nombreuses et espacées dans le temps. En affaires intérieures, par exemple, le président Obama a réussi à faire adopter une Loi sur la protection des patients et des soins abordables, connue sous le vocable de « Obamacare », laquelle fut adoptée par le Congrès étasunien, en 2010. Cette loi étendit la couverture d’assurance santé à près de quelque 20 millions d’Américains qui ne pouvaient pas profiter des soins de santé assurés par les employeurs. Un projet semblable, piloté par Mme Hillary Clinton en 1993, avait échoué.

L’Obamacare était la copie conforme d’un programme semblable mis de l’avant par le gouverneur républicain Mitt Romney dans l’état du Massachusetts, en 2006, en collaboration avec des compagnies d’assurance privées. L’objectif initial était d’adopter un programme public et universel d’accès aux soins de santé, selon le modèle du programme de sécurité sociale appelé ‘Medicare‘, lequel fut adopté en 1965, pour les personnes de plus de 65 ans. Cependant, l’opposition systématique des membres du Congrès rendit cette option impraticable. On estime qu’un peu plus de 30 millions d’Américains demeurent privés de l’accès à une assurance maladie complète. Néanmoins, on peut dire que le programme de l’Obamacare, même si il était incomplet, fut un pas dans la bonne direction.

Il faut dire que l’appui à un système public et universel d’accès aux soins de santé se maintient aux États-Unis. De nombreux médecins américains sont, en effet, favorables à l’implantation d’un système de santé à payeur unique. En mai dernier, par exemple, un groupe impressionnant de 2231 médecins étasuniens se sont prononcés publiquement en faveur de l’adoption d’un tel système pour couvrir tous les Américains en matière d’accès aux soins de santé. Dans la présente course à la présidence, le seul candidat qui propose un système de santé à payeur unique universel est le sénateur démocrate Bernie Sanders.

• Le président Obama a parfois su tenir tête aux pressions guerrières

En matières de politique étrangère, le président Obama a posé quelques gestes pour se distancer de son prédécesseur George W. Bush, entre autres, en résistant aux pressions qui s’exerçaient sur lui pour accroître l’implication étasunienne dans un certain nombre de conflits militaires. À titre d’exemple, en 2012-2013, les gouvernements d’Israël, de la Turquie et de l’Arabie saoudite, désireux de provoquer le renversement du gouvernement syrien de Bashar al-Assad, avaient ourdi un plan sous « faux pavillon » pour faire porter le blâme au gouvernement Assad d’utiliser des armes chimiques contre la population. Le but était de forcer la main au président américain d’intervenir directement dans le conflit syrien. Un tel stratagème avait fonctionné, en 1986, quand le président Reagan s’était laissé persuader de bombarder la Libye.

À son crédit, le président Obama ne tomba pas dans le piège, et il résista aux pressions « intenses » des néocons étasuniens, et en particulier il sut résister à celles qu’exerçait la secrétaire d’État Hillary Clinton dans son propre gouvernement, en faveur d’une intervention militaire directe des Etats-Unis en Syrie. Il accepta plutôt une proposition russe pour évacuer les armes chimiques de la Syrie, évitant ainsi la mort de milliers de personnes.

• L’accord de 2015 avec l’Iran a été une victoire de la diplomatie sur la guerre

Le président Obama aussi subi des pressions néoconservatrices pour d’autres interventions militaires. En effet, le gouvernement israélien incita fortement le président américain à lancer une attaque militaire contre l’Iran, un pays de 80 millions de personnes. Le prétexte avancé cette fois-ci était que l’Iran menaçait le monopole nucléaire d’Israël au Moyen Orient avec son programme nucléaire.

Même si le gouvernement iranien affirmait que son programme nucléaire visait à produire de l’énergie et était essentiellement pacifique, de nombreuses pressions s’exerçaient quand même sur le président Obama pour que les États-Unis attaquent l’Iran de manière « préventive » afin de détruire ses installations nucléaires. À son crédit, le président Barack Obama résista aux pressions de se lancer dans une guerre d’agression illégale, semblable à celle que George W. Bush lança contre l’Irak, en 2003.

Le président Obama s’en remis plutôt à la diplomatie, et le 14 juillet 2015, un contingent de six pays (Chine, France, Allemagne, Russie, Royaume-Uni et États-Unis) conclut un accord avec l’Iran, lequel accord éliminait toute possibilité que l’Iran développe des armes nucléaires dans un avenir prévisible. Là encore, on évita une guerre inutile et on épargna des milliers de vies.

• Fin du boycottage de plus d’un demi siècle de Cuba par les États-Unis

Le président Barack Obama a aussi le mérite d’avoir accepté la médiation du Pape François, en 2014, afin de mettre un terme aux hostilités latentes depuis plus de 50 ans entre le gouvernement américain et celui de Cuba, deux pays voisins. En effet, le Pape avait fait appel à la bonne volonté des présidents Barack Obama et Raul Castro pour lancer des négociations secrètes entre les responsables des deux pays.

Comme de fait, le président américain et le président cubain annoncèrent, le 17 décembre 2014, qu’ils entendaient normaliser les relations diplomatiques entre les deux pays. Quelques mois plus tard, soit le 11 avril 2015, le président Obama et le président cubain Castro se sont rencontrés à Panama pour finaliser la nouvelle réalité et se sont déclarés prêts à « tourner la page et à développer de nouveaux rapports entre nos deux pays », selon les termes employés par M. Obama.

Depuis lors, les deux gouvernements ont rouvert leurs ambassades dans leurs pays respectifs et ont normalisés leurs relations. Le président Obama s’est même rendu à Cuba en mars dernier.

Par conséquent, il est juste de dire que le président Obama a le mérite d’avoir mis fin à un triste chapitre de l’histoire du 20e siècle, eu égard à la politique étrangère américaine, d’autant plus que le gouvernement américain entretenait déjà des relations diplomatiques complètes avec des pays tels que la Chine et le Vietnam, deux pays avec des régimes communistes totalitaires.

Cependant, la liste des réalisations du gouvernement Obama n’est pas très longue. Malheureusement, la liste des promesses trahies et des espoirs déçus est beaucoup plus longue.

• Le président Obama a accru les pouvoirs de la Maison-Blanche de lancer des guerres impériales illimitées

Comme la citation de James Madison ci-haut l’indique bien, les Pères fondateurs étasuniens étaient bien conscients du danger de donner à un roi ou à un dictateur le droit de lancer le pays en guerre, de son propre chef. Ils craignaient que cela ne soit source importante de tyrannie et d’oppression.

Le président George W. Bush, au pouvoir de 2001 à 2009, a effectivement agi d’une manière que les pères fondateurs des États-Unis auraient fortement désapprouvée, car il fit tout en son possible pour s’approprier le droit personnel de décider quand son pays entrerait ou non en guerre, ne consultant le Congrès étasunien seulement une fois la décision déjà prise et seulement pour la formalité.

On aurait pu penser que Barack Obama, président nouvellement élu, dans un esprit démocratique, aurait tenté d’inverser ce mouvement dangereux vers la transformation de la présidence étasunienne en un centre initiateur de guerres étrangères. Malheureusement, le président Barack Obama a fait l’inverse, en accroissant plutôt qu’en réduisant les pouvoirs discrétionnaires du président américain de mener des guerres.

En effet, Barack Obama, détenteur du Prix Nobel de la paix, ne perdit guère de temps pour argumenter qu’il avait, en tant que président des États-Unis, l’autorité de bombarder n’importe qui, n’importe quand, sans l’approbation du Congrès américain. Il prétendit que les ‘autorisations précédentes du Congrès d’utiliser la force’ demeuraient en vigueur indéfiniment. En effet, le président Obama prétendit, tout comme le président George W. Bush l’avait fait avant lui, que ‘l’autorisation d’utiliser la force militaire’ pour combattre le terrorisme, adoptée par le Congrès étasunien après le 11 septembre 2001, et celle adoptée en 2002 pour attaquer l’Irak, ne comportaient aucune date d’expiration et qu’elles autorisaient le président américain à agir comme un empereur ou un roi, et d’utiliser la force militaire de son pays de son propre gré.

On ne parle pas ici d’une question triviale. C’est en fait une question très grave, parce que si cette théorie devait être confirmée et devenait ancrée dans la pratique, sans un amendement constitutionnel formel, ce précédent signifierait que la Constitution des États-Unis a de facto été mise au rancart et les États-Unis sont devenus moins une république démocratique et davantage un empire autocratique. [Cela tendrait à confirmer le titre de mon livre « Le Nouvel Empire américain »]

Qui plus est, le président Obama s’est servi de sa théorie des pouvoirs présidentiels de faire la guerre. En effet, il a lancé huit fois plus de frappes militaires dans d’autres pays à l’aide de drones que le président George W. Bush avant lui ; et, il s’est même vanté qu’il avait « ordonné des actions militaires contre sept pays ». Ce n’est certes pas un héritage dont il peut être fier.

• La destruction des pays indépendants que sont l’Iraq, la Libye et la Syrie, et le chaos au Moyen-Orient

Si on considère les actions étasuniennes au Moyen-Orient, le président Barak Obama n’a pas rompu sensiblement avec la politique impériale néoconservatrice du gouvernement de George W. Bush et de Dick Cheney.

On prétend parfois que la décision du président Obama de retirer les troupes américaines de l’Irak, en 2011, a marqué une rupture avec l’administration précédente. En fait, l’administration Bush-Cheney avait déjà décidé d’un tel retrait en 2008, lorsque le gouvernement irakien refusa d’accorder l’immunité juridique aux troupes américaines dans ce pays.

Avec le retrait des troupes américaines de l’Irak, en 2011, l’administration Obama a tout simplement mis en œuvre un accord à cet effet conclu entre les deux pays, et signé en 2008. Selon cet accord, les troupes de combat américaines devaient être hors de l’Irak avant le 31 décembre 2011.

Par conséquent, nonobstant une ou deux exceptions déjà mentionnées (l’Accord avec l’Iran et la normalisation des relations avec Cuba), le président Obama n’a pas vraiment rompu avec les théories néoconservatrices de recourir aux moyens militaires, pour faire face à des problèmes, soit au Moyen-Orient, soit ailleurs.

En fait, si l’on peut dire que le président George W. Bush a détruit le pays de l’’Irak, le président Barack Obama quant à lui, avec ses politiques et ses initiatives, la plupart du temps sans l’autorisation du Congrès, a détruit deux autres pays au Moyen-Orient, à savoir la Libye et la Syrie. Il a aussi prolongé la mission militaire américaine en Afghanistan, et il a appuyé un allié embarrassant, l’Arabie Saoudite, quand ce dernier pays a entrepris de détruire le Yémen. Tôt ou tard, M. Barack Obama devra s’expliquer sur ces questions.

• Le président Obama a soutenu l’Arabie saoudite et d’autres pays Islamiques à répandre l’extrémisme Wahhabite dans le monde

En ce début du 21ème Siècle, le monde et tout particulièrement l’Europe sont confrontés à la menace de l’islamisme le plus virulent, soit l’extrémisme wahhabite, une idéologie théo-fasciste, promue par le Royaume d’Arabie saoudite et d’autres pays islamiques, et laquelle est, dans une large mesure, la source du terrorisme islamique mondial. Au lieu de dénoncer ce dangereux fléau, le président Obama s’en est facilement accommodé, allant même jusqu’à presque se prosterner devant les dirigeants de l’Arabie saoudite, lors de nombreux voyages dans ce pays.

Il n’y a aucun pays dans le monde qui viole plus ouvertement les droits humains que le Royaume d’Arabie saoudite. On pourrait penser que les États-Unis seraient à l’avant-garde pour dénoncer de telles violations. Les wahhabites, soit à partir de l’Arabie Saoudite ou d’autres pays islamiques, ont utilisé des centaines de milliards de pétrodollars pour construire des madrassas [écoles Islamiques] et d’énormes mosquées dans les pays occidentaux, y compris aux États-Unis, pour promouvoir leur idéologie corrosive. À titre d’exemple, l’administration Obama n’a soulevé aucune objection lorsque la plus grande mosquée aux États-Unis a été construite récemment, à Lanham, au Maryland. Il est intéressant de noter qu’en 2010, la Norvège a refusé la construction de mosquées dans ce pays avec de l’argent étranger.

• Le gouvernement Obama a étendu la politique néoconservatrice du chaos à l’Ukraine et à la Russie, et il a relancé la guerre froide avec la Russie, en encourageant l’expansion de l’OTAN

Pourquoi le gouvernement étasunien de Barack Obama a-t-il été si prompt à susciter une nouvelle guerre froide avec la Russie, avec sa politique d’expansion de l’OTAN ? On observe ici une autre contradiction entre ce que dit le président Obama, et ce qu’il fait. Pour un lauréat du prix Nobel de la paix, est-ce que l’encerclement militaire d’un pays et l’envoi de forces militaires à ses frontières sont des actes de paix ou des actes de guerre ? Pourquoi est-ce précisément la politique que M. Obama poursuit envers la Russie ? Pourquoi est-il disposé à risquer une confrontation nucléaire avec la Russie ? Cela défie toute logique.

Le seul élément de logique pour expliquer un tel bellicisme serait que c’est là une tentative du gouvernement américain de saboter toute coopération économique et politique entre la Russie et les pays européens, afin de maintenir l’Europe sous une sorte de protectorat étasunien.

Ce ne sont là que quelques unes des questions qui viennent à l’esprit. Il y en a d’autres. Pourquoi le président Obama se sent-il prisonnier du plan néoconservateur d’agression militaire ? Pourquoi a t-il choisi Ashton Carter en tant que Secrétaire de la Défense, alors que ce dernier est un belliciste notoire, en plus d’être l’ancien acheteur d’armes en chef du Pentagone, et qu’il s’est déjà prononcé en faveur d’une confrontation militaire avec la Russie ?

Ce sont là des questions cruciales auxquelles M. Obama se doit de répondre, et cela d’autant plus que la candidate démocrate à la présidentielle, Mme Hillary Clinton, a publiquement indiqué qu’elle intensifierait même les politiques du président Obama dans ce domaine, si elle était élue présidente étasunienne.

Il ne faut pas oublier qu’en février 2014, le gouvernement Obama s’est empressé de soutenir un coup d’état en Ukraine, afin de renverser le gouvernement élu de ce pays. Il a également armé les putschistes, et les a encouragés à commettre des atrocités contre la population ukrainienne d’origine russe. Une telle ingérence dans les affaires internes d’un autre pays fait partie du programme néoconservateur qui consiste à militariser l’Europe de l’Est, sous le couvert de l’OTAN.

• Le président Obama a personnellement contribué à la course à l’armement nucléaire et au risque d’une guerre nucléaire

Même si le président Barack Obama a pris l’engagement de travailler en faveur d’un monde sans armes nucléaires, dans un discours prononcé à Prague, le 5 avril 2009, se disant alors prêt « à rechercher la paix et la sécurité d’un monde sans armes nucléaires » et à « réduire le rôle des armes nucléaires armes dans notre stratégie de sécurité nationale », propos qu’il a répétés à Hiroshima, le vendredi 27 mai dernier, ses paroles n’ont été suivies d’aucun geste concret en ce sens. Au contraire, M. Obama s’est plutôt contenté de poursuivre le même programme étasunien de « modernisation nucléaire », lequel consiste à développer une nouvelle génération d’armes nucléaires, programme mis de l’avant sous l’administration précédente de George W. Bush.

En fait, le président Obama semble avoir fait sien le programme nucléaire de George W. Bush, au lieu de l’arrêter. Il a poursuivi le développement d’une nouvelle gamme d’armes nucléaires, afin de rendre leur utilisation plus acceptable (étant plus petites, plus précises, moins mortelles). En d’autres termes, M. Obama a préparé les États-Unis à se lancer dans l’avenir dans de « petites guerres nucléaires », comme si cela était possible sans déboucher sur une guerre nucléaire totale. C’est là un drôle d’« héritage » que laisse Barack Obama derrière lui !

Selon le New York Times, le gouvernement étasunien a testé au Nevada, en 2015, une nouvelle bombe nucléaire, le modèle B61 12. Il s’agit du premier de cinq nouveaux types d’ogives nucléaires prévus dans le cadre du programme étasunien de modernisation nucléaire, le tout à un coût évalué à 1 000 milliards$, programme qui s’étendra sur plus de trois décennies. Pour « un monde sans armes nucléaires », on en reparlera !

• À l’intérieur, les inégalités de revenues et de richesse, et la pauvreté, ont continué de croître sous l’administration de Barack Obama

Un sondage de la société Gallup, en date du 20 janvier 2014, révélait que les deux tiers des Américains étaient insatisfaits de la manière dont les revenus et la richesse étaient répartis aux Etats-Unis. —Les gens sont donc vaguement conscients qu’il y a quelque chose qui cloche dans le fonctionnement du système économique. Ils ont le sentiment que l’économie évolue présentement contre les intérêts de la majorité et en faveur d’intérêts particuliers.

Une étude du Centre de recherche Pew, tirée à même des données gouvernementales, est venu confirmer que la classe moyenne américaine se rétrécissait, la proportion des ménages américains dans ce contingent tombant de 55 pour cent qu’elle était en 2000, à 51 pour cent en 2014. [N.B.: Une famille de classe moyenne américaine comprenant deux adultes et deux enfants, devait gagner un minimum de 48 083 $US, en 2014.]

La proportion des Américains dont les revenus annuels sont inférieurs à ceux de la classe moyenne atteint maintenant 29 pour cent, alors qu’elle égalait 25 pour cent en 1971. Cela est en partie due à une immigration mexicaine massive, car les Latinos constituent aujourd’hui près de la moitié (49%) des adultes dont les revenus sont inférieurs à ceux de la classe moyenne. En contrepartie, le pourcentage d’Américains dont les revenus dépassent ceux de la classe moyenne atteint désormais 21 pour cent de la population, alors que ce groupe représentait 14 pour cent de la population, en 1971. De telles transformations expliquent le mécontentement généralisé aux États-Unis.

Les candidats à la présidence Donald Trump et Bernie Sanders, des deux côtés du spectre électoral, expriment à leur façon cette profonde insatisfaction, laquelle se transforme parfois en colère, contre les politiques financières et fiscales du gouvernement étasunien des dernières trente années.

Ce sont les familles américaines les plus riches qui ont le plus profité de ces transformations, non seulement pour des raisons économiques et technologiques, mais aussi fiscales. Les plus riches Américains, en effet, ont vu leur taux moyen d’imposition tombé de 27 pour cent qu’il était en 1992 à 17 pour cent 2012, soit sous les trois gouvernements Clinton, Bush et Obama.

Il ne faut donc guère se surprendre qu’une situation où les pauvres s’appauvrissent et les riches s’enrichissent ait des conséquences politiques importantes. Ajouter à cela l’incapacité ou le refus du gouvernement de Barack Obama de remédier à la situation, et cela complète le tableau d’ensemble.

• Le gouvernement de Barack Obama a autorisé les grandes entreprises et les méga-banques à exporter les emplois et les profits à l’étranger

Une  autre caractéristique majeure de notre époque est que les bénéfices des entreprises sont en hausse, tandis que les salaires stagnent, et que l’impôt sur les revenues des sociétés est en baisse.

En effet, on doit chercher un début de réponse aux nombreuses questions soulevées ci-dessus dans les politiques que le gouvernement de Barack Obama a mis de l’avant au cours des dernières années.

Dans un premier temps, l’administration de Barack Obama a parrainé deux gigantesques « accords commerciaux » internationaux. De tels méga-traités ‘commerciaux’ sont négociés en secret, loin des regards, parce qu’un de leurs objectifs est d’accorder aux entreprises et aux méga-banques une protection juridique et une certaine immunité contre des poursuites de la part de gouvernements nationaux démocratiquement élus. C’est le cas du Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (Transatlantic Trade and Investment Partnership, ou TTIP), lequel met en cause un trentaine de pays, et l’accord de Partenariat Transpacifique pour le commerce et l’investissement (Trans-Pacific Partnership, ou TPP), lequel englobe une douzaine de pays, mais pas la Chine.

Ces accords ne sont pas seulement économiques. Ils sont aussi géopolitiques. Ils font partie de la tentative de construire un ordre économique et financier mondial au-dessus des états nationaux. Ils représentent également une façon de protéger les élites qui contrôlent les grandes entreprises et les méga-banques — l’establishment du 1% — des gouvernements nationaux. Dans le cas du TTIP entre les Etats-Unis et l’Europe, son objectif géopolitique est d’empêcher les pays européens de développer des accords commerciaux compréhensifs avec la Russie. Dans le cas du TTP entre les Etats-Unis et certains pays asiatiques, l’objectif est d’isoler la Chine. Aux yeux des planificateurs néo-conservateurs de Washington D.C., tout cela fait partie d’une sorte de guerre économique.

En deuxième lieu, on peut dire que le gouvernement Obama ne s’est pas pressé pour empêcher de riches Américains, de grandes sociétés et des méga-banques d’utiliser les paradis fiscaux et les régimes dits « d’inversion industrielle » pour éviter de payer l’impôt.

• Le président Barack Obama s’est empressé de nommer de nombreux néocons à des postes élevés dans son gouvernement

Les observateurs furent surpris par les nominations que le président Obama annonça, au tout début de son mandat. Ainsi, un personnage néoconservateur notoire, Richard Perle, un ancien président du Bureau des politiques au Pentagone sous la présidence de George W. Bush, et un des principaux architectes de la guerre en Irak, exprima sa satisfaction en ces termes : « Je suis très heureux ... Il n’y aura pas autant de changement qu’on nous avait laissés croire ».

À titre d’exemple, il conserva à son poste le Secrétaire à la défense de George W. Bush, soit M. Robert Gates. Il prit ensuite Rahm Emanuel, un membre du Congrès de la mouvance néoconservatrice, à titre de chef de cabinet. Et surtout, il confia l’important poste de Secrétaire d’État à Hilary Clinton. Le Weekly Standard, porte-étendard néoconservateur, applaudit cette dernière nomination, en qualifiant Mme Clinton de « Reine de la guerre » ["Warrior Queen"] !

Même le belliciste Dick Cheney se montra ravi, déclarant être « impressionné » par les nominations de Barack Obama. Un journaliste de la chaine MSNBC remarqua que Mme Clinton était une « neocon’s neocon », car elle avait appuyé toutes les interventions militaires entreprises par les Etats-Unis à l’étranger, au cours des vingt dernières années. —Le changement véritable allait devoir attendre.

• Malgré ses promesses, le président Obama n’a pas fait progresser d’un iota la solution du sempiternel conflit Israélo-Palestinien, lequel pourrit depuis 1948

En 2008, lorsqu’il était candidat présidentiel, Barack Obama s’était engagé à poursuivre activement un accord de paix entre Israël et les Palestiniens. Il avait, disait-il, une stratégie à deux volets : 1- restaurer l’image ternie des États-Unis dans le monde musulman et, 2- persuader le gouvernement israélien de stopper l’expansion illégale des colonies sur les terres palestiniennes.

Sur ces deux fronts, il a lamentablement échoué. Comme cela a été le cas avec d’autres promesses de M. Obama, on découvrit vite que des gestes concrets ne suivirent point la rhétorique et les platitudes du moment. Il évita de mettre sur pied un groupe de travail spécial pour mettre en œuvre la politique qu’il prétendait vouloir mettre de l’avant. Et surtout, il n’osa point retirer à Israël la protection des vetos étasuniens à l’ONU, ces derniers servant de couverture au gouvernement israélien pour faire ce qu’il veut en territoire palestinien.

• Le président Obama n’a pas divulgué les passages d’un rapport qui compromettent l’Arabie saoudite dans les attentats du 11 septembre 2001

Il y a aussi un autre point digne de mention. Malgré de nombreuses demandes à cet effet, le président Obama a refusé d’informer adéquatement le peuple américain sur l’étendue de l’appui que l’Arabie saoudite a apporté aux terroristes du 9/11. Les familles des victimes des attaques du 9/11 et nombre d’autres personnes ont insisté auprès de M. Obama pour qu’il dévoile le contenu de 28 pages classées secrètes dans un rapport spécial du Congrès américain sur les attentats du 9/11, rédigé en 2002, et montrant le possible soutien que des individus hautement placés dans le gouvernement saoudien auraient fourni à quelques-uns des terroristes du 9/11. À la mi-avril, le président Obama a même dit que la décision de rendre publique l’information était « imminente ».

Cependant, le président étasunien semble s’être ravisé au retour d’un voyage récent en Arabie saoudite. Il semble depuis que « l’imminence » du dévoilement de l’information compromettante ait été reportée aux calendes grecques. De plus, le président américain est allé plus loin. Il a déclaré qu’il opposerait son veto à tout un projet de loi qui permettrait aux familles des 3 000 victimes des attentats du 11 septembre 2001 d’entamer des poursuites judiciaires contre le royaume d’Arabie saoudite, pour dommages encourus. Il s’est, cependant, bien gardé d’étendre la même protection au gouvernement Iranien, et ce dernier pourra être poursuivi devant les cours de justice étasuniennes.

Malgré sa promesse faite le 29 janvier 2009, dans son discours inaugural, d’entamer une « ère de gouvernement transparent et ouvert », le président Obama ne semble pas avoir cru que cela pouvait s’appliquer aux familles des victimes des attaques du 9/11, ni au grand public en général. C’est pourquoi certains observateurs en ont conclu qu’au lieu du gouvernement transparent qu’il avait promis, il a dirigé l’administration « la plus opaque, voir la plus secrète de l’histoire étasunienne ». C’est un autre exemple d’un penchant naturel, semble-t-il, chez M. Obama, lequel consiste à dire une chose et à faire son contraire. Cela semble avoir été chez lui, une sorte de modus operandi.

• Conclusion générale

Pourquoi y a t-il eu un tel contraste entre les paroles du président Obama et ses faits et gestes ? Après tout, il avait promis, rien de moins, de « mettre fin à l’état d’esprit qui nous a entrainé dans la guerre ».

Il y a trois explications possibles à un tel état de choses. Tout d’abord, en tant que politicien, Barack Obama n’était peut-être pas complètement sincère quand il déclarait vouloir changer la mentalité à l’intérieur du gouvernement américain. Il est possible que cela ne fût, dans son esprit, que des mots que les gens allaient vite oublier. Les politiciens sont naturellement des opportunistes ambitieux et M. Obama a fait la démonstration qu’il n’était pas différent. Deuxièmement, ceux qui rédigeaient ses discours n’étaient peut-être pas les mêmes que ceux qui élaboraient les politiques. D’où le fossé observé entre les discours fleuris et les politiques réelles. Troisièmement, il y a aussi une explication moins généreuse : M. Obama peut avoir servi de figure de proue utile aux décideurs qui contrôlent véritablement, dans l’ombre, le gouvernement étasunien. Peut être s’agit-il d’un mélange de toutes ces explications.

On peut certes soutenir que l’administration Obama, dans l’ensemble, a été « moins mauvaise » que l’administration Bush-Cheney précédente, tant au niveau intérieur qu’international. En réalité, compte tenu que le candidat présidentiel élu Barack Obama est arrivé à la Maison Blanche sans aucune expérience administrative digne de ce nom et sans avoir à ses côtés une équipe de penseurs, et apparemment, sans avoir en mains un plan précis pour mettre en œuvre ses nobles promesses, il a dû s’en remettre aux mêmes conseillers néoconservateurs, interventionnistes et bellicistes, qui avaient conseillé l’administration précédente. Il en a été réduit à réagir plutôt qu’à agir; à suivre plutôt qu’à diriger.

C’est la raison pour laquelle les politiques du gouvernement Obama, tout particulièrement en politique étrangère, avec quelques exceptions près, ne semblent pas avoir divergé sensiblement des politiques impériales du gouvernement Bush-Cheney. Le président Barack Obama, lauréat du prix Nobel de la paix, n’a pas été à la hauteur des promesses qu’il avait faites et des espoirs qu’il avait faits naître.
Les deux gouvernements d’inspiration néoconservatrice de Bush et d’Obama sont responsables d’avoir créé un désordre durable dans le monde, désordre avec lequel des gouvernements futurs, et même des générations futures, auront à composer.

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Le vendredi 29 avril, 2016
Élections américaines : Dix raisons pour lesquelles Bill et Hillary Clinton ne méritent pas un troisième mandat à la Maison-Blanche

« Peu de choses sont plus dangereuses que les empires poussant leurs propres intérêts dans la croyance qu'ils font à l'humanité une faveur. » Eric Hobsbawm (1917-2012), 'historien britannique, le 10 juin, 2003


« Il devrait être la politique des Etats-Unis de soutenir les efforts visant à supprimer le régime dirigé par Saddam Hussein du pouvoir en Irak... » Bill Clinton (1946- ), tiré de la loi inspirée des neocons, et appelée l‘Iraq Liberation Act’, promulguée par le Président Clinton, en 1998

« Je vais solliciter ses idées, je vais lui demander des conseils et je vais l’utiliser [l’ancien président Bill Clinton] en tant qu’émissaire de bonne volonté pour faire le tour du pays afin de trouver les meilleures idées que nous avons, parce que je crois aussi, comme il l’a lui-même dit, qu’on a déjà résolu quelque part en Amérique ce qui ne va pas avec l'Amérique. » Hillary Clinton (1947- ), candidate démocrate à la présidence américaine, lors d'un débat le 17 janvier, 2016

« Je vais vous dire ce que font nos militaires sous la responsabilité de  [l’ancien directeur de la CIA] Michael Hayden et de gens comme lui. Nous sommes en guerre au Moyen-Orient depuis 15 ans, 18 ans. Nous avons dépensé quatre ou cinq mille milliards de dollars ; Nous ne savons pas ce que nous faisons; Nous ne savons pas contre qui nous nous battons. Nous armons des gens que nous voulons de notre côté, mais nous ne savons pas qui ils sont.
Quand ils prennent le contrôle d’un pays, ils sont pires que ceux qu'ils ont renversés. » Donald Trump (1946- ), candidat républicain à la présidence américaine, en réponse à une lettre ouverte de soi-disant « experts » en sécurité nationale



En démocratie, les citoyens connaissent en général peu de choses sur les candidats pour qui ils votent, en bien ou en mal, au-delà de l’image officielle créée par la propagande. Dans le cas de la candidate démocrate Hillary Clinton, cela fait environ 40 ans qu’elle et son mari, l’ex président Bill Clinton, sont en politique active. Cet article vise à éclairer quelque peu la réalité qui se cache derrière les impressions parfois superficielles que l’on a d’eux.

Disons pour commencer qu’il existe présentement aux États Unis un grand mécontentement populaire à l’endroit des politiciens associés à l’establishment politique et corporatif du pays. Sondage après sondage montrent une grande insatisfaction, sinon une certaine colère, de l’électorat à l’endroit des politiciens en place, et même à l’endroit des candidats qui veulent les remplacer. Il y règne aussi une grande polarisation de l’électorat.

Il n’y a donc rien de surprenant à ce que deux candidats présidentiels, le démocrate Bernie Sanders et le républicain Donald Trump tiennent un discours anti establishment, et proposent des politiques de nature populiste pour sortir leur pays du marasme relatif qui perdure.

En politique intérieure, les deux candidats populistes Sanders et Trump mettent tous deux de l’avant, à leur façon, des politiques favorables à la classe moyenne. Cette dernière a subi les contrecoups de quelques trente ans de mondialisation économique et financière et de l’implantation d’accords de ‘libre échange’, lesquels sont, en définitive, des accords pour les investisseurs et les grandes banques, bien avant d’être des ententes purement commerciales.

En politique extérieure, les deux se dissocient des guerres étrangères, coûteuses et facultatives, dans lesquelles le gouvernement américain s’est lancé au cours des dernières décennies. La plupart de ces guerres, surtout celles encore en cours au Moyen Orient, furent entreprises sous la pression des néoconservateurs pro-israéliens (connus sous l’appellation abrégée de néocons), lesquels sont fort influents tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement américain, et lesquels dominent la politique étrangère américaine depuis la fin de la Guerre froide, en 1991.

Il est bien connu, en effet, que des néo-conservateurs de premier plan sont devenus très influents dans les hautes sphères des administrations Bush I (1989-1993) et Bush II (2001-2009). Beaucoup se souviennent de la façon dont des personnages tels que Paul Wolfowitz, John Bolton, Elliott Abrams, Richard Perle, Douglas Feith, ... etc., usèrent de différentes tactiques pour impliquer les États Unis dans une guerre sans fin de type impériale, présentée comme une série de « guerres dites préventives » au Moyen-Orient. La première fut, bien sûr, l’agression militaire non provoquée de George W. Bush contre l'Irak, en mars 2003.

Même si cela est moins connu, les néocons ont également joué un rôle important dans l'administration de Bill Clinton (1993-2001) et dans l’administration actuelle de Barack Obama (2009-2017). Dans les deux cas, ils se sont faits les promoteurs d'une série de provocations et de guerres à l'étranger, en particulier au Moyen-Orient, mais aussi en Europe de l’est, en plus de préparer le terrain pour des crises financières futures, en mettant de l’avant des législations bancaires risquées.

Néanmoins, la candidate présidentielle qui a les meilleures chances, selon les sondages, d’accéder à la présidence américaine, lors des élections du 8 novembre prochain, est Hillary Clinton. Celle-ci a d’ailleurs précisé qu’advenant son élection, elle n’hésiterait point à consulter son mari, l’ancien Président Bill Clinton. (L’élection de Hillary Clinton deviendrait d’ailleurs une certitude si l’establishment républicain réussissait à priver le milliardaire Donald Trump de l’investiture républicaine, alors qu’il a remporté le plus grand nombre de primaires).

Dans les circonstances, on peut se demander, primo, si l’élection de Hillary Clinton à la présidence ne serait pas, en quelque sorte, un troisième mandat du couple Clinton à la Maison-Blanche, et secundo, ce que l’on peut attendre d’une telle éventualité. La boutade de Bill Clinton, en 1992, qu’avec le couple Clinton, les USA pouvaient avoir « deux présidents pour le prix d’un » n’a guère perdu de sa pertinence.

Il y a quelque temps, j’avais identifié trois crises majeures de ce début de siècle, dont les origines remontaient à des décisions prises sous le règne du Président Bill Clinton (1993-2001).

Nous pouvons peut-être les rappeler ici et en rajouter un certain nombre qui s’appliquent davantage à la candidate Hillary Clinton:

1- La première crise a trait à la relance d’une deuxième Guerre froide avec la Russie

L'histoire retiendra que le président Bill Clinton prit sur lui-même de briser une importante promesse faite par son prédécesseur, le président George H. Bush, à l’effet que le gouvernement américain n’allait pas agrandir l'OTAN en accueillant dans son sein des pays de l’Europe de l'Est, si la Russie acceptait de dissoudre le Pacte de Varsovie. Comme on le sait, au  cours de sa campagne de réélection, en 1996, plus précisément, le 22 octobre 1996, le président Clinton crut retirer un avantage électoral en  promettant d’élargir l'OTAN pour y englober la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie. À cette époque, peu de gens se rendaient compte que cette promesse brisée marquait le début d'une nouvelle guerre froide avec la Russie, comme l’a fait remarquer George F. Kennan (1904-2005), un diplomate américain et spécialiste de la Russie.

On connaît encore moins le fait que Mme Hillary Clinton, quand elle était secrétaire d'État dans le gouvernement démocrate de Barack Obama, nomma une personne néoconservatrice de premier plan, Mme Victoria Nuland, épouse de l’idéologue néoconservateur Robert Kagan, au poste de porte-parole du Département d'État américain. Mme Nuland fut par la suite promue au poste de secrétaire d'État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, soit en mai 2013, toujours dans la même administration démocrate de Barack Obama. Auparavant, elle avait travaillé pour Dick Cheney, alors vice président républicain dans le gouvernement de George W. Bush. Elle agissait alors comme conseillère principale de politique étrangère. Par après, elle fut nommée ambassadrice auprès de l'OTAN.

C’est la même Mme Nuland qui dirige présentement le programme américain qui vise à provoquer la Russie dans une nouvelle guerre froide. (On a là une preuve qu’à Washington D.C., on peut transiter avec facilité d'une administration républicaine à une administration démocrate, pourvu qu'on appartienne à la confrérie des néo-conservateurs).

2- Le gouvernement de Bill Clinton s’est employé à réduire le rôle des Nations Unies dans le monde, à compter de 1998-1999

Le président Bill Clinton a miné considérablement la crédibilité des Nations Unies quand il décida d’ignorer le Conseil de Sécurité de l’ONU pour impliquer les États Unis dans la guerre du Kosovo, en 1998-1999, en lançant une campagne de bombardements en Yougoslavie. Il s’agissait alors d’une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, cette dernière proscrivant toute guerre d’agression qui ne reçoit pas son imprimatur. Ce fut un précédent dangereux.

En effet, quelques années plus tard, son successeur encore plus belliqueux et encore plus méprisant de la loi internationale, le président George W. Bush, invoqua le précédent mis de l’avant par Bill Clinton pour lancer une guerre d’agression contre l’Irak, en mars 2003, toujours sans recevoir l’aval du Conseil de Sécurité.

C’est pourquoi, on peut dire que le président Bill Clinton doit assumer une part évidente de responsabilité pour le chaos qui prévaut présentement dans le monde. En pratique, les Nations Unies ont dû céder leur place à l’organisation de l’OTAN, laquelle dorénavant sert de caution plus ou moins ouverte aux guerres impériales que les États Unis mènent dans le monde. Cela est une violation du cadre légal de l’ONU et même des principes prévus dans la Charte de Nuremberg, cette dernière définissant une agression militaire comme étant un « crime contre la paix et la sécurité de l’humanité ».

En 1991, peu de gens virent que l'effondrement de l'Union soviétique finirait par provoquer l'effondrement de l'Organisation des Nations Unies, laquelle, peu à peu, en est réduite au même niveau d’influence qu’avait l'ancienne Société des Nations, durant les années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale.

3- Bill Clinton a permis un retour aux abus bancaires d’avant la Grande Dépression, et il prépara le terrain pour la crise financière de 2007-2009

En effet, le président Bill Clinton promulgua, le 12 novembre 1999, une loi parrainée par les sénateurs républicains Gramm, Leach et Bliley, laquelle loi éliminait, en pratique, la plupart des dispositions qui établissaient une séparation entre les banques d’affaires (lesquelles émettent des titres et d’autres produits risqués), et les banques commerciales (qui acceptent des dépôts assurés par le gouvernement), une séparation qui existait depuis 1933, en vertu de la Loi Glass-Steagall.

Avant l’adoption de la loi de 1999, sous le régime de la précédente loi Glass-Steagall, il était illégal pour une banque acceptant des dépôts assurés par la FDIC d’investir dans d'autres avoirs que des obligations gouvernementales et dans d’autres titres à faible risque. Avec sa signature, cependant, le Président Clinton se trouva à permettre aux super grandes banques et aux grandes compagnies d'assurance, dorénavant très peu réglementées, d’adopter des pratiques financières risquées, un penchant fort connu au cours de l’histoire et qu’il était facile de prédire qu’il allait se répéter si on enlevait les garde-fous. Comme on le sait, les nouveaux produits financiers des banques et des compagnies d'assurance se sont effondrés en 2007-2009, et cela a conduit à la grande crise financière dite des « subprimes ».

Alors que le candidat démocrate Bernie Sanders a déclaré vouloir rétablir pleinement la loi Glass-Steagall, son adversaire, l'ancienne secrétaire Hillary Clinton, s’oppose pour sa part au rétablissement la loi bancaire de 1933, préférant introduire des mesures pour mieux encadrer les pratiques du système bancaire parallèle qu’on appelle le «shadow banking».

4- La guerre américaine de 2003 contre l’Irak a véritablement commencé en 1998, avec la signature par le président Bill Clinton de la loi de la ‘Libération de l’Irak’

Le 19 février 1998, un petit groupe de néoconservateurs américains (Robert Kagan, Paul Wolfowitz, Elliot Abrams, John Bolton, Richard Perle, …etc.), désireux de pousser les États Unis dans une guerre au Moyen Orient, écrivirent une lettre ouverte au président Bill Clinton. Ils l’incitaient à prendre les moyens nécessaires pour « renverser le régime de Saddam Hussein » en Irak.

Le président Clinton ne se lança pas en guerre immédiatement pour faire plaisir aux néocons, après tout il était en fin de mandat, mais il accepta de faire sienne, en la signant le 31 octobre 1998, une loi concoctée par les Républicains et il promulgua la loi dite de ‘Libération de l’Irak’ (The Iraq Liberation Act). La loi stipulait que dorénavant, ce serait : « la politique des États Unis de soutenir les efforts pour renverser le régime de Saddam Hussein en Irak…». Bill Clinton fit même voter un montant de $97 millions de dollars pour l’entraînement et l’équipement militaire de l’opposition irakienne. Tout cela ouvrit la porte à une guerre d’agression des États Unis contre l’Irak.

Ce ne fut donc pas une surprise quand le président George W. Bush, à la recherche d’un appui bi partisan pour la guerre qu’il projetait contre l’Irak, se référa explicitement à la loi de Libération de l’Irak de 1998, signée par le président Bill Clinton. Il s’en est servi pour faire adopter par le Congrès américain, le 2 octobre 2002, une loi qui autorisait le recours à la force contre l’Irak. On peut donc dire que le président Bill Clinton mit la machine de guerre américaine en marche contre l’Irak dès 1998, et il doit assumer une part de responsabilité pour tous les désastres humains et autres qui ont découlé de cette première guerre d’agression, au début du 21ème siècle.

5- Hillary Clinton a à son crédit sa propre guerre d’agression, (soit la guerre américaine en Libye menée sous de fausses représentations et laquelle créa des millions de réfugiés)

Mais Hillary Clinton n’est pas en laisse par rapport à son président de mari puisqu’elle a, elle aussi, puissamment contribué à détruire un autre pays, cette fois-ci, la Libye.

En effet, malgré les pressions, le président Barack Obama se montrait réticent à copier George W. Bush avec son invasion militaire de l’Irak en 2003.

Voilà pourquoi, en 2011, il hésitait à lancer une nouvelle guerre d'agression américaine, cette fois contre la Libye, même si les néocons à l'intérieur et à l'extérieur de son administration poussaient fort pour une telle guerre. Ce dernier pays, dirigé par le colonel Mouammar Kadhafi, avait eu le malheur d’être identifié dans le grand plan des néo-conservateurs comme l'un des pays arabes dont les néo-conservateurs voulaient renverser le gouvernement dans leur campagne de déstabilisation du Moyen Orient, en utilisant à cette fin, la force militaire américaine au profit d'Israël.

À l'époque, il y avait deux poids lourds dans le gouvernement de Barack Obama qui s’opposaient avec véhémence aux pressions des néocons pour une nouvelle intervention militaire américaine pour renverser le gouvernement de la Libye, soit le vice-président Joe Biden et le secrétaire à la Défense Robert Gates. Mais c’était sans compter sur l’apport de la principale alliée des néoconservateurs à l’intérieur du gouvernement, soit la secrétaire d'État Hillary Clinton.

En effet, Hillary Clinton réussit à surmonter la formidable opposition du duo Biden-Gates à une intervention militaire américaine en Libye en persuadant un président Obama faible et irrésolu que le président libyen Kadhafi avait un supposé plan de « génocide » contre son propre peuple et que le gouvernement américain avait la « responsabilité de protéger la population libyenne » et empêcher un tel « génocide », peu importe ce que dit la loi internationale sur les agressions militaires. Il y a un dicton qui dit que « celui qui veut noyer son chien l'accuse de la rage »!

Ce faisant, Hillary Clinton ne faisait rien d’autre que suivre le précédent créé par son mari, le président Bill Clinton, quand ce dernier bombarda la Yougoslavie, en 1998-1999, en dehors du droit international. Il y avait quelque chose d’ironique à ce que le président Obama se range du côté d’Hillary Clinton et des néocons alors que lors de la campagne électorale qui l’opposait à Mme Clinton en 2008, il avait dit que cette dernière empruntait le langage de George W. Bush.

En 2011, il est vrai que le gouvernement de Mouammar Kadhafi était aux prises avec une rébellion, soutenue par des puissances étrangères, mais l’accusation d’un « génocide » appréhendé était fort exagérée.

Suite au bombardement de la Libye par les États Unis et une poignée de pays européens, des groupes rebelles réussirent à capturer le colonel Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011. Après l’avoir sodomisé, ils l’assassinèrent, lui et sa famille. Il s’en est suivi un grand chaos en Libye, et ce pays en déroute est encore la proie de combats entre différents groupes de fanatiques islamiques. De plus, la Libye désorganisée est la source de millions de réfugiés fuyant leur pays dévasté vers l’Europe et d’autres parties du monde.

On peut se surprendre que Hillary Clinton se soit publiquement vantée d’un pareil désastre. Dans les jours qui ont suivi le renversement du gouvernement Kadhafi, en effet, elle déclara ce qui suit sur un plateau de télévision : « nous sommes venus; nous avons vu; il est mort! »

Ses conseillers néocons lui avaient dit qu'on se souviendra d’elle comme l’instigatrice d’une nouvelle « Doctrine Clinton »! Si la création d'une catastrophe humaine de haute échelle compte comme « expérience » dans un curriculum vitae, la candidate Hillary Clinton est sans aucun doute « qualifiée » pour devenir présidente des États-Unis. Cependant, il est évident qu’elle souffre d’un déficit d'empathie humaine élémentaire.

6- Hillary Clinton: la candidate de proue de l’establishment du 1%

En tant que politiciens professionnels, Bill et Hillary Clinton sont devenus le couple politique le plus riche de tous les temps. En 2012, leur patrimoine combiné dépassait 112,000,000.00 $. En revanche, le candidat démocrate Bernie Sanders avait des avoirs qui ne dépassaient guère 420,000.00 $. Il n'y a pas l'ombre d'un doute que la famille politique Clinton appartient à l’establishment du 1% et même du 0,1%, parmi les contribuables américains. La politique a été une industrie des plus enrichissante pour eux.

On ne doit donc guère se surprendre que la candidate démocrate à la présidentielle soit de loin le choix privilégié de l'establishment. Les néocons trouvent en elle une alliée très fiable. Si elle devient présidente des États-Unis, ils peuvent espérer continuer et même accélérer la réalisation de leur plan d'ensemble pour le Moyen-Orient. Ce serait la joie dans certains quartiers!

En revanche, les deux candidats à la présidentielle Bernie Sanders et Donald Trump s’opposent aux guerres américaines tous azimuts d'inspiration néoconservatrice, et ils mettent de l’avant des politiques et des réformes favorables à la classe moyenne. Pour sa part, le candidat démocrate Bernie Sanders propose des politiques sociales agressives, tandis que le candidat républicain Donald Trump ambitionne de renverser la marche vers une mondialisation industrielle et financière toujours plus poussée, laquelle s’est traduite par la perte de millions d'emplois rémunérateurs aux États Unis, suite au déplacement des installations de production et des profits de sociétés américaines vers l'étranger.

La candidate Hillary Clinton peut cependant bénéficier d’un système vicié de sélection du candidat démocrate à la présidentielle. En effet, l’establishment du parti démocrate s’est réservé un nombre de 719 « superdélégués » non élus, soit 15 pourcent de l’ensemble des délégués à la convention démocrate des 25-28 juillet prochains, lesquels peuvent faire pencher la balance dans le sens de leurs intérêts. Dans ces conditions, même si le candidat Bernie Sanders obtenait une légère majorité des délégués élus, suite aux résultats des primaires, ses chances d’être choisi représentant démocrate à l’élection présidentielle sont presque nulles.

Tout cela pour dire qu’il n’y a pas de candidat plus associé à l’establishment politique aux Etats-Unis, et au gâchis que cet establishment laisse derrière lui, que Madame Hillary Clinton.

7- L’intention arrêtée de Hillary Clinton de poursuivre la politique américaine de provoquer des changements de gouvernement dans les autres pays et de créer le chaos dans ces pays

Hillary Clinton, par ses faits et gestes, est une va-t-en-guerre invétérée, laquelle fait penser au sénateur John McCain, le candidat républicain à la présidence en 2008. Quand elle siégeait comme sénatrice de l’État de New York (2001-2009), elle se rangea avec enthousiasme derrière la guerre d’agression de George W. Bush contre l’Irak, et quand elle était secrétaire d’État (2009-2013), elle a admis avoir joué un rôle important dans le coup d’état qui renversa, le 28 juin 2009, le président démocratiquement élu du Honduras, Manuel Zelaya, par l’armée de ce pays.

De même, le soutien de Hillary Clinton pour Israël est sans nuances. Dans les milliers de courriels personnels qu’elle a envoyés à des amis alors qu’elle était secrétaire d'État, certains contenant des secrets d'état, (peut-être un acte illégal), elle a nombre de fois affirmé sa volonté d'utiliser l'armée américaine pour réaliser les objectifs du gouvernement israélien au Moyen-Orient. Dans un courriel révélateur, par exemple, et envoyé au printemps de 2012, elle exprime son point de vue très clairement en ces termes :
« La meilleure façon d'aider Israël à faire face à la menace nucléaire de l'Iran est d'aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar al-Assad ...
Pour les dirigeants israéliens, la véritable menace d'une Iran nucléarisée n’est pas la crainte qu'un dirigeant iranien devenu fou lance une attaque nucléaire non provoquée contre Israël, ce qui mènerait à l'anéantissement des deux pays. Ce que les dirigeants militaires israéliens craignent vraiment —mais ils ne peuvent pas le dire —est la perspective de perdre leur monopole nucléaire ...
Par la suite, Israël et les États-Unis pourraient être en mesure de développer une vision commune quant au moment où le programme nucléaire iranien deviendrait tellement dangereux qu’une action militaire s’imposerait ...
En bref, la Maison-Blanche peut apaiser la tension qui existe entre Israël et l'Iran en faisant le bon choix en Syrie. »

Il ne fait aucun doute que si Hillary Clinton devenait présidente des États Unis, elle n’aurait aucun scrupule à employer la puissance militaire américaine pour appuyer les objectifs d’un pays étranger, Israël, au Moyen Orient. Cela devrait faire partie des débats dans une campagne électorale.

8- Hillary Clinton entretient des liens étroits avec la haute finance de Wall Street et d’autres puissants intérêts

Tandis que le candidat Bernie Sanders finance sa campagne électorale, dans une large mesure, à partir de petits dons individuels, et alors que le candidat Donald Trump finance sa campagne à même ses propres fonds, la candidate Hillary Clinton compte principalement sur l’apport important de riches lobbyistes professionnels, de grandes sociétés et de méga banques. Le financier milliardaire Georges Soros, par exemple, a contribué à hauteur de 8 millions de dollars à la campagne de Hillary Clinton. Des méga banques, telles Citigroup Inc, Goldman Sachs et Morgan Stanley, figurent parmi ses principaux donateurs. Hillary Clinton est de loin celle qui dépense le plus parmi tous les candidats présidentiels.

Un recours aussi systématique à de riches donateurs devrait soulever des soupçons, car cela pourrait vouloir dire que ces derniers auront son oreille lorsqu’elle occupera la Maison-Blanche. Le rôle central que joue l’argent dans les élections américaines rend de plus en plus difficile d’élire un gouvernement « du peuple, par le peuple et pour le peuple », selon les mots du président Lincoln.

Un financier et politicien américain, Simon Cameron (1799-1889), a déjà lancé en boutade qu’ « un politicien honnête est celui qui, une fois acheté, reste acheté ». En effet, depuis la décision fatidique de la Cour Suprême américaine, en janvier 2010, dans la cause dite de « Citizens United », par un vote serré de 5 contre 4, cette dernière statuant que les sociétés incorporées faisaient partie du « peuple » et que dépenser de l’argent à des fins électorales faisait partie de la « liberté d’expression », l’importance que prend l’argent dans l’issue des élections est devenu une question centrale aux États Unis.

Dans le cycle électoral en cours, Hillary Clinton est la seule candidate chez les démocrates qui reçoit des montants élevés de riches donateurs, à hauteur de 77 pourcent de tous les dons recueillis. Certaines de ces contributions lui viennent indirectement de donateurs étrangers. Tout candidat qui fait reposer sa campagne électorale sur les dons provenant de richissimes individus ou sociétés devrait avoir des comptes à rendre.

9- La responsabilité personnelle de Hillary Clinton dans l’assassinat de l’ambassadeur Stevens lors du désastre de Benghazi

Il y a deux scandales dans le désastre de Benghazi, en Libye, et l’ex secrétaire d’État Hillary Clinton est impliquée dans les deux.

Le premier tient au fait le Département d’État que présidait Mme Clinton n’a pas fourni une protection suffisante au consulat où se trouvaient l’ambassadeur J. Christopher Stevens et l’officier de renseignement Sean Smith. Et pire, avant d’être attaqués et tués par des militants islamistes, le 11 septembre 2012, ils avaient demandé une protection militaire de toute urgence, à trois reprises, et cette aide leur avait été refusée. Hillary Clinton a dit assumer sa part de responsabilité dans ce fiasco.

Le deuxième scandale vient du fait que l’ex secrétaire Hillary Clinton avait semble-t-il accepté que la mission diplomatique de son ministère en Libye serve de couverture aux opérations secrètes de la CIA dans ce pays. Cela plaçait automatiquement les employés du ministère en danger. L’ambassadeur Stevens avait été désigné, dès mars 2011, agent de liaison avec les rebelles opposés au gouvernement libyen. Son rôle était de faciliter l’acheminement des armes et proposer des tactiques pour renverser le gouvernement du président Mouammar Kadhafi.

Selon les recherches du journaliste américain d’investigation, Seymour Hersh, « la seule responsabilité du consulat américain [à Benghazi] était de fournir une couverture pour acheminer des armes. Il n'avait aucun rôle politique réel assigné. » Et ces armes n’étaient pas seulement transmises aux rebelles islamiques qui combattaient le gouvernement libyen du président Kadhafi ; elles étaient aussi acheminées clandestinement vers la Syrie et remises à d'autres unités rebelles islamistes dans leur tentative de renverser le gouvernement de Bachar al-Assad.

Tout cela est une affaire bien trouble lorsque l’on sait que toutes ces opérations secrètes étaient illégales en vertu du droit international, et cela jette un certain éclairage sur la responsabilité de Hillary Clinton et sur son « expérience ».

10- Hillary Clinton promet de nouvelles guerres américaines de type impérial, notamment au Moyen Orient

Lors d’un récent discours devant des délégués de l’organisation de l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), le 21 mars, la candidate Hillary Clinton a fait part clairement de ses intentions de contourner les Nations Unies, quand elle a déclaré: « Je m’oppose vigoureusement à toute tentative par des tiers pour imposer une solution [au conflit israélo-palestinien], y compris par le Conseil de sécurité de l'ONU. » Dans un discours similaire, au cours de la primaire démocrate en Pennsylvanie, en avril 2008, Hillary Clinton avait dit jusqu’où elle était prête à aller pour défendre Israël, « Si je suis présidente, nous allons attaquer l'Iran ... Nous serions en mesure de les rayer complètement de la carte. »

Il faut vraiment avoir un esprit psychopathique pour faire pareille déclaration, c’est-à-dire soulever la perspective d’anéantir un pays de 80 millions de d’habitants. Un tel état d'esprit devrait disqualifier toute personne qui aspire à devenir président des États Unis. Son adversaire démocrate à ce moment-là, le candidat Barack Obama, avait accusé Hillary Clinton de rodomontades et avait remarqué qu’elle utilisait une rhétorique qui collait à celle de George W. Bush.

Hillary Clinton a toutes les qualités pour être une propagandiste de la guerre perpétuelle. C'est probablement parce qu'elle est imbue du dangereux mythe de l'exceptionnalisme américain. Dans son livre biographique Hard Choices’ et dans diverses entrevues, elle a clamé haut et fort sa conviction que « l'Amérique reste la ‘nation indispensable’ ». C’est là un état d’esprit dangereux, surtout venant de politiciens qui contrôlent des armes nucléaires. L'histoire du 20ème siècle et la montée de l'Allemagne nazie devraient enseigner à toute personne démocratique qu’il est dangereux de brandir le mythe de la supériorité de leur nation sur les autres.

Rappelons que la candidate Hillary Clinton a réaffirmé récemment son soutien à l’imposition par les États Unis d’une zone d'exclusion aérienne en Syrie, semblable à celle qu’elle avait proposée en Libye, en 2011, avec les résultats désastreux que l’on sait. En effet, ce sont des terroristes islamistes qui ont pris le relais dans ce pays. Elle semble n'avoir rien appris du fiasco qu’elle a créé en Libye. C’est le signe d’un très mauvais jugement.

Conclusion

Le sénateur américain du Kentucky, le républicain Rand Paul a soutenu, en 2015, que selon lui « Hillary Clinton est une néoconservatrice, [parce que] elle a appuyé la guerre en Irak, et en Afghanistan ...
Si Hillary Clinton devient présidente, nous serons de nouveau en guerre au Moyen-Orient. »

Si on se fie à toutes les déclarations guerrières d’Hillary Clinton, et elles sont nombreuses, et considérant son passé trouble au Département d’État, il est normal que l’on s’interroge sur la possibilité qu’elle soit effectivement une néoconservatrice de cœur. On devrait le lui demander carrément lors d’un débat ou lors d’une entrevue. Tout ce que l’on sait, c’est qu’une présidente Clinton pousserait les États Unis vers la guerre perpétuelle. C’est là une considération à méditer pour les Américains qui l’appuient.

Si on pousse les choses un peu plus loin, et si on prend en considération l’héritage controversé que le président Bill Clinton a laissé derrière lui, suite à ses deux mandats présidentiels de 1993-1997 et de 1997-2001, de même aussi que la forte possibilité que ce dernier agisse en tant que proche conseiller de son épouse, on peut certes s’interroger si ce serait une bonne idée que les Américains gratifient le couple Clinton d’un troisième séjour à la Maison-Blanche.

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Dimanche, le 22 février 2016
Les mensonges, fabrications et falsifications du gouvernement Bush-Cheney pour attaquer l'Irak, pour son pétrole et pour Israël
Par Rodrigue Tremblay

Nous [les États-Unis d’Amérique] avons dépensé $2 billions de dollars, perdu des milliers de vies. ... De toute évidence, ce fut une erreur ... George W. Bush a fait une erreur. Nous pouvons faire des erreurs. Mais celle-là fut toute une beauté. Nous n’aurions jamais du aller en Irak. Nous avons déstabilisé le Moyen-Orient ...

—Ils [Le président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney] ont menti ... Ils ont dit qu'il y avait des armes de destruction massive. Il n'y en avait pas. Et ils savaient qu'il n’y en avait pas. Il n'y avait pas d'armes de destruction massive.
Donald Trump (1946- ), propos tenus au cours d'un débat présidentiel du parti républicain sur la chaîne CBS, le samedi 13 février, 2016.

[George W. Bush] veut renverser le régime de Saddam Hussein, par une action militaire, en prétextant une conjonction entre le terrorisme et les armes de destruction massive (ADM).
—Mais les renseignements et les faits sont trafiqués de manière à justifier une politique préétablie.
Richard Dearlove (1945- ), Chef des Services secrets britanniques (MI6), (observation tirée du rapport intitulé 'Downing Street memo', le 23 juillet, 2002).

Il ne fait aucun doute que Saddam Hussein possède aujourd’hui des armes de destruction massive. Il ne fait aucun doute qu'il les a stockées afin de s’en servir contre nos amis, contre nos alliés, et contre nous.
Dick Cheney (1941- ), déclaration faite au congrès national des vétérans américains, le 26 août, 2002.

Présenter, comme on l’a fait, l’existence hypothétique d'armes de destruction massive comme une menace pour les États-Unis constitue, à mon avis, une tentative de tromper sciemment le peuple américain.
Général Hugh Shelton (1942- ), ancien Chef des armées américaines de 1997 à 2001, (opinion émise dans ses mémoires intitulées « Sans hésitation: l'odyssée d'un guerrier américain », 2010).

Nous [les États-Unis d’Amérique] sommes allés en guerre non seulement contre l’Irak et pas seulement contre des groupes d'insurgés, mais aussi contre une grande partie du monde arabe, contre des dizaines et des dizaines de millions de personnes ... Ce fut une erreur stratégique de proportions monumentales de croire que cette guerre allait être confinée à l'Irak ... [Cette guerre en Irak] est en passe de devenir le plus grand désastre stratégique de toute notre histoire.
Général William E. Odom (1932-2008), commentaire émis devant le Comité des relations étrangères du Sénat américain, le 18 janvier, 2007.



Le candidat républicain aux élections présidentielles américaines, Donald Trump, a rendu un grand service à la vérité et aux historiens de l’avenir en déclarant publiquement, le samedi 13 février, 2016, ce que la plupart des gens savaient déjà, à savoir que la guerre d'agression des États-Unis contre l'Irak, en mars 2003, était non seulement illégale au regard du droit international; elle fut aussi un grand exercice de propagande trompeuse et reposait sur des documents truqués, sur une série de mensonges et sur des falsifications.

Pour ma part, j’ai publié un livre au début de 2003, lequel détaillait la façon dont le gouvernement de George W. Bush et de Dick Cheney avait monté un casus belli sous de faux prétextes contre l’Irak, avec l'aide de néoconservateurs pro-israéliens œuvrant dans les échelons supérieurs du gouvernement américain.

La maison d’édition ‘Les Intouchables’ de Montréal publia une première édition du livre en février 2003, sous le titre « Pourquoi Bush veut la guerre ». Cette dernière fut suivie, en 2004, d’une version en langue anglaise publiée aux États-Unis sous le titre « The New American Empire ». En 2005, l’éditeur français l’Harmattan publia une version européenne intitulée « Le nouvel empire américain ». La maison ‘Nova Publishing’ de Ankara, en Turquie, publia par après une traduction en langue turque intitulée ‘Yeni Amerikan Imparatorlu›u’.

Les machinations et les truquages derrière la guerre désastreuse contre l'Irak, laquelle a littéralement fait des centaines de milliers de morts et créé des millions de réfugiés, et laquelle a complètement déstabilisé l'ensemble du Moyen-Orient, constituent donc un sujet que j’ai étudié depuis plusieurs années.

On ne sera guère surpris que j’aie accueilli la sortie de M. Trump avec satisfaction lorsque ce dernier décida d’ouvrir les yeux du public américain sur la réalité de la guerre en Irak, même si les personnes impliquées dans cette travestie coupable n’ont pas été inculpées, et encore moins condamnées, pour leur négligence et leur duplicité, sinon pour leur trahison, en vertu des articles de la Charte de Nuremberg et de la Charte des Nations Unies. Pire peut-être encore, aucune enquête publique sérieuse de cet épisode sordide du début du 21ème siècle n’a été conduite pour éclaircir comment le gouvernement du duo Bush-Cheney a planifié une attaque militaire préméditée contre l'Irak dans le but de provoquer un « changement de régime politique » dans ce dernier pays.

Par conséquent, il serait peut-être utile de résumer la triste liste des événements qui ont conduit à ce que le général américain William Odom a qualifié du « plus grand désastre stratégique de l'histoire des États-Unis ». Nous pouvons aussi dire que cette guerre illégale a été une grande catastrophe pour les populations du Moyen-Orient, et elle pourrait aussi se révéler être un désastre pour l'Europe et le monde dans son ensemble, surtout si le chaos actuel dans cette partie du monde devait conduire à une troisième guerre mondiale.

1- UN EXERCICE DE DÉCEPTION: Quand George W. Bush prit le pouvoir en janvier 2001, son secrétaire au Trésor, Paul H. O'Neill (1935- ), l'ancien PDG d'Alcoa, rappelle que le projet de renverser le gouvernement irakien de Saddam Hussein fut soulevé par Bush dès la première réunion du cabinet de la nouvelle administration. Dans la biographie de M. O'Neill, sous la plume du journaliste Ron Suskind et intitulé “The Price of Loyalty, (Le prix de la loyauté), il y est indiqué que George W. Bush avait pleinement l'intention d'envahir l'Irak et faisait tout en son possible pour trouver une excuse afin de lancer une guerre préventive contre Saddam Hussein. Comme l’écrit M. Suskind, il circulait même un document du Pentagone, daté du 5 Mars 2001 et intitulé « Candidats potentiels étrangers pour des contrats dans les champs pétroliers Irakiens », lequel contenait une carte géographique des zones pétrolifères à développer en Irak. Bien sûr, on s’était bien gardé de faire allusion à un tel plan détaillé dans le cadre de la campagne électorale de l’an 2000, et encore moins d’en débattre.

Cependant, un organisme de recherche néoconservateur et pro-Israël baptisé du nom de « Projet pour le Nouveau Siècle Américain » (PNAC), avait élaboré un projet pour renverser le gouvernement irakien, et cela dès septembre 2000. Le double objectif de base visait à sécuriser l'accès aux réserves pétrolières de l'Irak et à supprimer un ennemi potentiel de l'état d'Israël. Ce groupe de réflexion, fondé par William Kristol et Robert Kagan, était principalement dirigé par le vice-président Dick Cheney; par le secrétaire de la défense Donald Rumsfeld; par Paul Wolfowitz, (l'adjoint de Rumsfeld au ministère de la défense); par Jeb Bush, le frère cadet de George W. Bush, alors gouverneur de la Floride; et par Lewis Libby, l'adjoint de Cheney.

Son mémorandum sur l'Irak portait le titre de « Reconstruire les Défenses de l'Amérique: Stratégies, Forces et Ressources pour un Nouveau Siècle ». Il y était clairement indiqué que: « En fait, les États-Unis cherchent depuis des décennies à jouer un rôle plus durable dans la sécurité régionale du Golfe [Persique]. Alors que le conflit non réglé avec l’Iraq lui donne une justification immédiate, le besoin d’une présence militaire américaine significative dans le Golfe va au-delà de la question du renversement du régime de Saddam Hussein ». Ce fut ce projet que l'administration nouvellement élue de Bush-Cheney décida de faire sien, en secret, huit mois avant les attaques terroristes de 9/11.

Il est aussi pertinent et nécessaire de mentionner que le document de la PNAC sur l'Irak, mentionné ci haut, suivait à la trace un autre rapport, rédigé en 1996 pour le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu et intitulé « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm ». Ce document indiquait ceci : « Israël peut modeler son environnement stratégique en coopération avec la Turquie et la Jordanie, en affaiblissant, en endiguant et même en repoussant la Syrie. Afin de contrecarrer les ambitions régionales de la Syrie, les efforts pourraient viser à expulser Saddam Hussein du pouvoir, un objectif stratégique en soi important pour Israël. »

En 2001, l'administration Bush-Cheney semblait avoir fait sienne la stratégie proposée au gouvernement israélien quelques années auparavant.

2- POSSIBLE NÉGLIGENCE: Dans quelle mesure le gouvernement de Bush-Cheney a été négligent en ne prenant pas les mesures nécessaires pour empêcher les attaques terroristes de 9/11? C’est là une question légitime étant donné que la Maison Blanche de George W. Bush avait reçu, le lundi 6 août 2001, soit 36 jours avant les attaques terroristes, un rapport confidentiel de la CIA intitulé « Ben Laden est déterminé à frapper les Etats-Unis ». M. Bush était alors en vacances d'un mois dans son ranch de Crawford, au Texas, et aucune alerte ou mesure spéciale ne furent lancées ou prises afin d’avertir les autorités pertinentes du danger.

3- UN GOUVERNEMENT PARALLÈLE : Dès le début, la nouvelle administration de Bush-Cheney créa un organisme bureaucratique spécial pour la collecte de renseignements, pour faire de la propagande et pour coordonner les préparatifs de guerre. Ce fut le bureau du Pentagone baptisé du nom de ‘Office de Planification Spéciale’ (OPS), lequel fut placé sous la supervision directe de Paul Wolfowitz, le secrétaire adjoint à la Défense. Tel que rapporté par le renommé journaliste Seymour Hersh, le nouvel organisme avait été conçu avec comme but de contourner la C.I.A. et la propre agence de renseignements du Pentagon, la D.I.A., et devait servir de source principale de renseignements pour le Président Bush concernant la possession possible par l'Irak d'armes de destruction massive et la relation éventuelle de ce dernier pays avec le réseau terroriste al-Qaïda. La nouvelle agence avait aussi comme mission de trouver des arguments ou des prétextes pour que les États-Unis puissent se lancer en guerre contre l'Irak. Douglas Feith, un sous-secrétaire à la Défense, dirigeait l'organisme quasi secret, assisté de William Luti, un ancien officier de la marine et un ex-collaborateur du vice-président Dick Cheney.

Un fait important qui aurait dû faire l’objet d’une enquête, mais qui ne l’a pas été, était la facilité avec laquelle certains généraux israéliens avaient libre accès à l'OPS, tel que cela fut rapporté par la lieutenant-colonel Karen Kwiatkowski, une spécialiste du Moyen-Orient et une haut gradée de la ‘Air Force’ américaine, affectée à l’agence.

4- UNE PROPAGANDE DE GUERRE : Suite aux évènements du 11 septembre 2001, peu d'Américains pensaient accuser l'Irak d’avoir été derrière les attaques terroristes, car aucun des 19 terroristes impliqués avait quelque rapport que ce soit avec l'Irak. En fait, les 19 pirates de l'air dans les attentats du 11 septembre étaient affiliés au groupe terroriste islamiste al-Qaïda et 15 sur 19 étaient des citoyens de l'Arabie Saoudite, 2 étaient des citoyens des Émirats arabes unis et les 2 autres venaient de l'Egypte et du Liban. Aucun d’entre eux ne venaient de l'Irak. De plus, leurs camps d'entraînement étaient situés en Afghanistan.

Voilà pourquoi, dans les sondages faits dans la foulée du 11 septembre 2001, seulement 3 pour cent des Américains mentionnaient l’Irak ou Saddam Hussein comme responsables possibles des attentats. Il fallait donc, de toute évidence, changer cette perception si le gouvernement de Bush-Cheney voulait se lancer à tout prix en guerre contre l'Irak. C’est alors que fut lancée une campagne concertée pour soulever, dans l’esprit du public, le mythe des armes de destruction massive supposément cachées en Irak et les liens présumés que Saddam Hussein était sensé entretenir avec le réseau al-Qaïda, le tout avec le concours actif des médias néo-conservateurs américains.

Ainsi, en septembre 2003, la propagande avait tellement bien réussi que, selon un sondage du journal Washington Post, 69 pour cent des Américains en étaient venu à croire que Saddam Hussein avait été personnellement impliqué dans les attaques menées par al-Qaïda, même si il n'y avait aucune preuve d’un tel lien entre les deux. Telle est la force de la propagande gouvernementale lorsque les médias collaborent dans l'exercice de désinformation.

L'histoire enregistrera que les États-Unis n'ont pas usé de représailles contre l'Arabie Saoudite, un pays qui avait beaucoup à voir avec les attaques terroristes du 9/11, mais qu’il l'a fait avec violence contre l'Irak, un pays qui n'avait eu rien à voir avec les attentats. Ce fut un exemple remarquable de propagande de guerre, laquelle servit à monter un dossier falsifié contre l'Irak pour attaquer et envahir ce pays, sans égard à la vérité factuelle.

Tous ces faits sont bien documentés et corroborés. Les futurs historiens auront donc de nombreuses sources pour établir la vérité historique.

Conclusion

En alertant la population américaine sur la tricherie du gouvernement de Bush-Cheney pour aller à la guerre contre l'Irak, le candidat présidentiel Donald Trump a rendu un grand service à son pays. Il est irréfutable que la guerre que les Etats-Unis ont lancé au Moyen-Orient a causé beaucoup de destruction et beaucoup de misère en Irak et dans l'ensemble du Moyen-Orient. Et les séquelles de la catastrophe initiale se poursuivent encore aujourd'hui, treize ans après l'invasion militaire américaine de l'Irak en 2003.

Un événement comparable dans l’histoire récente où un pays fortement armé a envahi militairement un autre pays plus faible a été la décision du chancelier allemand Adolf Hitler d'envahir la Pologne le 1er septembre 1939, plongeant alors l'Europe dans le chaos pour de nombreuses années. Il faut espérer que le chaos actuel au Moyen-Orient, avec des opérations militaires menées pas un si grand nombre de pays, tant en Irak qu’en Syrie, ne débouchera sur une catastrophe encore plus grande.

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Samedi, le 23 janvier 2016
Troubles financiers et risques accrus d’une récession économique mondiale sévère en 2016-17
(Auteur des livres « Le Code pour une éthique globale »,



« Puissiez-vous vivre en des temps intéressants. »
Sort maléfique, censé être la traduction d'une malédiction chinoise traditionnelle

« Les causes d’une déflation ne sont pas un mystère. La déflation est dans presque tous les cas un effet secondaire d'un effondrement de la demande globale —une baisse des dépenses si grave que les producteurs doivent abaisser leurs prix sur une base continue afin de trouver des acheteurs. De même, le effets économiques d'un épisode déflationniste sont, en général, similaires à ceux de toute autre forte baisse dans les dépenses globales, à savoir, une récession, une hausse du chômage, et des troubles financiers. »
Ben S. Bernanke (1953-), le 21 novembre, 2002

« Permettez-moi de réitérer ce que j’ai dit à la même date l'année dernière et l'année précédente... Tôt ou tard, il aura un crash financier et il sera terrible. Nous entrerons dans un sérieux cercle vicieux et le résultat sera une dépression économique majeure. Il y aura une ruée pour vendre, laquelle dépassera tout ce que nous avons vu à la Bourse. Il serait prudent pour les investisseurs d’alléger dès maintenant  leurs dettes. »
Roger Babson (1875-1967), le 5 Septembre, 1929



Ce début d’année 2016 s’est révélé fort chaotique pour les marchés financiers mondiaux, si on considère pour l’instant la sévère correction boursière qui a cours. En réalité, ce premier mois de l'année 2016 a enregistré la baisse la plus sévère des valeurs financières jamais vue en un début d’année, alors que l’indice MSCI mondial, lequel mesure les principaux marchés boursiers des pays développés et émergents, a chuté de plus de 20 pourcent, par rapport à sa valeur du début de 2015. Pour sûr, il y aura des rebondissements de marché survendu dans les semaines et les mois à venir, mais cela pourrait être néanmoins le signe avant-coureur de troubles financiers et économiques.

Plusieurs commentateurs ont peut-être un peu trop vite conclu que l'épicentre de ce début de crise financière et économique se trouvait en Chine, suite aux fortes chutes de l’indice composite de Shanghai en début d'année. À mon avis, la réalité est plus complexe, et même si les problèmes financiers et économiques de la Chine contribuent certes à l'effondrement des prix mondiaux des produits de base, l'épicentre de la crise se trouve encore, à mon avis, à Washington D.C.

En effet, ce début de crise est essentiellement un prolongement de la crise financière de 2007-08, laquelle fut temporairement suspendue et repoussée dans le temps par la banque centrale américaine, la Fed, grâce à sa politique monétaire agressive et peu orthodoxe de lancer plusieurs rondes d’assouplissements monétaires quantitatifs (QE), à savoir l'achat de grandes quantités d'actifs financiers auprès des méga-banques commerciales et autres institutions américaines, y compris des titres adossés à des hypothèques, avec de l'argent nouvellement créé. En conséquence, le bilan de la Fed est passée d'un peu plus d'un billion (trillion en anglais) de dollars en 2008 à environ quatre et demi billions de dollars au moment où le programme d'assouplissement monétaire quantitatif fut suspendu, en octobre 2014. D’ailleurs, d'autres banques centrales ont emboité le pas à la Fed, en particulier la Banque centrale du Japon et la Banque centrale européenne, alors que toutes deux ont également adopté des politiques d'assouplissement monétaire en se portant acquéreur de grandes quantités d'actifs financiers.

On peut se demander quels sont les motifs qui ont poussé la Fed américaine à se lancer dans une politique monétaire ultra agressive en 2008. Il y a trois raisons principales qui expliquent cette décision. En premier lieu, c’est un fait que le gouvernement de fin d’exercice de George W. Bush était dépassé par les faillites successives de méga-banques américaines, à commencer par celles de la banque d’affaires Bear Stearns au printemps de 2008 et celle de Merrill Lynch au début de septembre de la même année. La panique atteignit son paroxysme le lundi 15 septembre 2008 quand la grande banque d’affaires internationale Lehman Brothers fit faillite à son tour. Devant la paralysie du gouvernement, la Fed crut de son devoir d’intervenir en force.

Elle commença par la fusion forcée des deux premières banques en difficulté, la première avec la banque JPMorgan Chase et la deuxième avec la Bank of America. (Pour des raisons obscures, elle se refusa à faire la même chose quand la banque Lehman Brothers s’effondra à son tour.)

En deuxième lieu, il faut dire que les grands banquiers américains s’opposaient avec force à l’idée que le gouvernement américain nationalise les méga-banques en difficulté, comme cela avait été fait vingt ans auparavant quand le gouvernement de Bush père avec créé la Resolution Trust Corporation, en 1989, pour prendre le contrôle de 747 banques d’épargne qui avaient dû déposer leur bilan.

Et, troisièmement, la Fed craignait à juste titre que la crise bancaire de 2007-08 et l’effondrement des cours boursiers ne débouchent sur une déflation généralisée, selon le modèle vécu par le Japon en 1987, comme c’est le cas quand une panique financière frappe une économie surendettée. Elle souhaitait éviter à tout prix une dépression économique causée par la déflation des dettes, comme cela s’est produit dans les années ’30.

Mais l’injection massive de liquidités monétaires dans une économie comporte ses propres r isques. Cela peut en effet se traduire en une énorme bulle financière, tant sur le marché boursier que sur le marché des obligations, quand le nouvel argent ainsi créé vient gonfler les marchés financiers, alors que la croissance de l’économie réelle de la production et de l’emploi demeure léthargique. En fait, depuis 2009, le marché boursier américain a monté en flèche, alors que les taux d’intérêt s’effondraient et que le marché obligataire explosait à son tour.

Un événement important s’est produit le mercredi 16 décembre dernier quand la Fed annonça qu’elle ne soufflerait plus dans le ballon financier et qu’elle allait plutôt commencer à resserrer le crédit. Elle annonça en fait qu’elle haussait la fourchette de son taux prêteur sur le marché des fonds bancaires fédéraux qui était auparavant de zéro à ¼ pourcent, à entre ¼ et ½ pourcent. C’était le signal de la fin de la récréation et que le règne de l’argent gratuit venait de prendre fin. En pratique, cela voulait dire que dorénavant le marché boursier allait davantage être tributaire des perspectives économiques réelles et qu’il en irait de même du marché obligataire. Dans ces circonstances, il est normal que les deux marchés aillent en sens inverse, la prospérité faisant hausser les titres boursiers mais les pressions inflationnistes faisant chuter le marché obligataire, quoique la banque centrale ne fasse.

Depuis 2008, la banque centrale américaine s’est lié les mains avec ses prêts bancaires au taux plancher, et j’ai toujours cru qu’elle rencontrerait des difficultés quand elle voudra y mettre fin. En effet, il est toujours périlleux de vouloir restreindre une bulle financière qu’on a soi-même créée —comme la Fed l’a fait pour sauver les grandes banques américaines de la faillite —sans que l’économie réelle n’en souffre tôt ou tard. Dans le cas présent, si les marchés boursiers mondiaux continuent à se contracter et que la déflation mondiale des prix s’accélère, cela contribuera à alourdir les dettes des consommateurs, des sociétés et des pouvoirs publics, et ce sera possiblement une répétition à grande échelle de ce que le Japon vit depuis un quart de siècle, (c’est-à-dire, la déflation, des taux d’intérêt plancher et une stagnation économique relative).

Pour le moment, cette déroute financière a de fortes chances de provoquer une récession économique en 2016-17. Et un retour en arrière nous montre que le monde pourrait aussi revivre la série d’événements économiques et financiers de 1937-38 quand un krach boursier et une récession se renforcèrent l’un l’autre, et cela, huit ans après la crise boursière et financière majeure de 1929-32.

En conclusion, on peut dire que la création de la Fed en 1913, en tant que banque centrale semi publique, semi privée, n’a pas mis fin à la récurrence des crises financières. Ses politiques, cependant, ont été fort bénéfiques aux grandes banques parce que c’est par son intermédiaire qu’elles ont pu socialiser leurs pertes.

Il faudra suivre le tout de très près.

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