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Lundi, le 6 juin 2016
Le mince héritage politique de Barack Obama, fait de
réalisations incomplètes et de guerres provoquées : Que s’est-il
passé ?
Le
vendredi 29 avril, 2016
Élections américaines : Dix
raisons pour lesquelles Bill et Hillary Clinton ne méritent pas un troisième
mandat à la Maison-Blanche
Dimanche, le 22 février 2016
Les mensonges, fabrications et falsifications du gouvernement
Bush-Cheney pour attaquer l'Irak, pour son pétrole et pour Israël
Samedi, le 23 janvier 2016
Troubles financiers et risques accrus d’une récession économique
mondiale sévère en 2016-17
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Lundi, le 6 juin 2016
Le mince héritage politique de Barack Obama, fait de
réalisations incomplètes et de guerres provoquées : Que s’est-il
passé ?
Par
le Professeur
Rodrigue Tremblay
Auteur du livre « Le Code pour une éthique globale »
et du livre « Le nouvel empire américain »
« Le mal que font les hommes vit
après eux. »
William Shakespeare (1564-1616), dans la pièce
“Jules César”
« La Constitution [étasunienne] postule, ce que l’histoire de tous les
gouvernements démontre bien, à savoir que le pouvoir exécutif est la branche la
plus intéressée à se lancer en guerre et la plus disposée à le faire. C’est
pourquoi, conséquemment, elle stipule clairement que la décision d’aller en
guerre ou non relève de l’Assemblée législative ...
— Aucun pays ne peut préserver sa liberté
dans un contexte de guerres continuelles. »
James Madison (1751-1836), lettre à Thomas Jefferson,
1798, (reprise dans « Observations politiques », 1795)
« ... La guerre est parfois
nécessaire, mais la guerre à une certaine échelle est une expression de la
folie humaine. »
Barack H. Obama (1961-), Prix Nobel de la
paix, discours d’acceptation, décembre 2009
« En tant que puissance nucléaire,
et en tant que seule puissance nucléaire à avoir utilisé l’arme nucléaire, les
États-Unis ont une responsabilité morale d’agir ... aujourd’hui, je prends
solennellement et avec conviction l’engagement que les États-Unis rechercheront
la paix et la sécurité dans un monde sans armes nucléaires. »
Barack H. Obama (1961- ), discours prononcé à
Prague, République tchèque, le 5 avril 2009, [N.B. : Le 27 mai 2016, le
Président Obama a répété essentiellement le même engagement au ‘Peace Memorial
Park’ d’Hiroshima, au Japon, souhaitant un « monde sans armes
nucléaires »]
« En tant que commandant en chef, je
n’ai guère hésité à employer la force, quand c’était nécessaire. J’ai ordonné
que des dizaines de milliers de jeunes Américains aillent au combat ...
J’ai ordonné des interventions militaires
dans sept pays. », [L’Afghanistan,
l’Irak, la Libye, la Syrie, le Pakistan, le Yémen et la Somalie]
Barack H. Obama (1961- ), discours à
l’American University, le 5 août 2015
Depuis que les néoconservateurs
ont pris le contrôle effectif de la
politique étrangère américaine, suite à l’effondrement de l’empire soviétique
en 1991 et à la fin de la Guerre froide, rejetant ainsi le « dividende
de paix » que plusieurs avaient logiquement espéré, avec la réduction des dépenses militaires, l’intention dominante à Washington
D.C. a été d’imposer un Nouvel
Ordre Mondial hégémonique sous égide étasunien et cela, principalement,
en recourant à la force militaire.
Une
succession de gouvernements étasuniens, dirigés tant par des démocrates que par
des républicains, se sont employés à poursuivre la même politique d’hégémonie
mondiale
en lançant une série de guerres
d’agression unilatérales, directes ou indirectes, à travers le monde,
en violation du droit international. Cela explique pourquoi les États-Unis ont
plus de 1400 bases
militaires à l’étranger, dans plus de 120 pays, et pourquoi ils
accroissent sans cesse le nombre de ces installations.
Tout
d’abord, il y a eu la guerre du Golfe de
1990-1991, lorsque le régime irakien de Saddam Hussein est tombé dans un piège,
pensant qu’il avait l’accord tacite de Washington de procéder à l’intégration
du petit état du Koweït, un territoire qui a fait partie de l’Irak tout au long
du XIXe siècle, jusqu’à la Première Guerre mondiale. Ensuite, ce furent les
interventions militaires américaines, sous le couvert de l’OTAN, dans les conflits ethniques de
la Yougoslavie, en 1998-1999, afin de saper l’influence russe dans
cette région. Ensuite, survint cette attaque du 11 septembre 2001, rappelant
celle de Pearl Harbor en 1941. Certains hauts dirigeants américains avaient
implicitement souhaité
une telle attaque, un an auparavant. Le 9/11 fut une sorte d’événement
« divin » pour implanter le nouvel ordre mondial, car il
justifiait à lui seul d’énormes augmentations du budget militaire étasunien, en
plus de servir de justification pour lancer une guerre en Afghanistan,
à compter de 2001, et pour aboutir finalement à la « guerre
préventive » lancée par George W. Bush pour « libérer » l’Irak,
en 2003.
Tout cela fut
suivi d’une série d’opérations clandestines dans le but
de déstabiliser et renverser
des gouvernements nationaux, élus ou non, et d’imposer des changements de
régime dans des pays indépendants, tels la Syrie, la Libye, l’Ukraine, le
Honduras, Haïti, la Somalie ... etc., comme cela a été fait dans d’autres
pays auparavant.
L’élection
du sénateur Barack Obama, en 2008, promettait de mettre un terme à ces ingérences
et à ces vendettas
militaires étasuniennes dans le monde, la plupart d’entre elles entreprises à
l’initiative de la Maison-Blanche, avec un minimum de participation du Congrès,
contrairement à ce qui est stipulé dans la constitution des Etats-Unis. Ainsi,
en octobre 2009, le président Obama reçut le Prix
Nobel de la paix, doté d’une allocation d’environ 1,4 million $, pour
sa promesse de créer un « nouveau
climat » dans les relations internationales et pour celle de
promouvoir le « désarmement
nucléaire ». Il faut le dire. L’héritage politique que laisse le
président américain derrière lui ne reflète nullement les espoirs que son
élection et ses promesses de changement avaient fait naître. Au cours de ses deux
mandats consécutifs, en effet, M. Obama n’a réglé aucun conflit, mais
il en a allumé plusieurs autres.
Lors
de son discours d’acceptation du Prix Nobel de la paix, le Président Obama, se
référant à la théorie de la « guerre juste », plus ou moins discréditée
pour les temps modernes, déclara que les
guerres doivent être menées « en dernier
recours ou en cas de légitime défense; et, si la force employée est
proportionnelle; et si, chaque fois que possible, on épargnait les populations civiles. »
On
notera, cependant, que Obama prit bien soin de reconnaître qu’il y avait des
gens « bien plus dignes que moi de mériter cet
honneur », ajoutant
que ses propres « réalisations
étaient minimes ». —En
cela, il avait raison. Car le candidat Obama « anti guerre » n’a pas été à la hauteur des attentes
élevées qu’on avait placées en lui, en 2008: Il n’a pas apporté la paix au
monde; il n’a pas mis un terme aux guerres d’agression étasuniennes à travers
le monde ; il n’a pas mis fin à la politique des États-Unis de renverser
les gouvernements des autres pays indépendants qui ne leur plaisent pas ;
et, il n’a pas fait avancer la cause du « désarmement
nucléaire ». Sur ce dernier point, il a fait tout le contraire, comme
nous le verrons plus loin.
Voilà
pourquoi, après un double mandat à la Maison Blanche, la démonstration peut
être faite que l’héritage politique du président Barack Obama est très mince,
voire même négatif net. Regardons les choses de plus près, en commençant par le
côté positif de l’héritage du président Obama, et ensuite, faisons un relevé
des défaillances graves de son administration.
•
La Loi d’assurance santé de Obama: un pas timide dans la bonne direction vers
la justice sociale
Avant d’identifier lacunes de
l’administration Obama les plus criantes, il est juste de souligner un certain
nombre de réalisations de son gouvernement, même si on peut déplorer que
celles-ci ont été peu nombreuses et espacées dans le temps. En affaires
intérieures, par exemple, le président Obama a réussi à faire adopter une Loi
sur la protection des patients et des soins abordables,
connue sous le vocable de « Obamacare », laquelle fut adoptée par le
Congrès étasunien, en 2010. Cette loi étendit la couverture d’assurance santé à
près de quelque 20 millions d’Américains qui ne pouvaient pas profiter des
soins de santé assurés par les employeurs. Un projet semblable, piloté par Mme
Hillary Clinton en 1993, avait échoué.
L’Obamacare
était la copie conforme d’un programme semblable mis de l’avant par le
gouverneur républicain Mitt Romney dans l’état du Massachusetts,
en 2006, en collaboration avec des compagnies d’assurance privées. L’objectif
initial était d’adopter un programme public et universel d’accès aux soins de
santé, selon le modèle du programme de sécurité sociale appelé ‘Medicare‘, lequel fut
adopté en 1965, pour les personnes de plus de 65 ans. Cependant, l’opposition
systématique des membres du Congrès rendit cette option impraticable. On estime
qu’un peu plus de 30 millions d’Américains demeurent privés de l’accès à une
assurance maladie complète. Néanmoins, on peut dire que le programme de
l’Obamacare, même si il était incomplet, fut un pas dans la bonne direction.
Il faut dire que l’appui à un système
public et universel d’accès aux soins de santé se maintient aux
États-Unis. De nombreux médecins américains sont, en effet, favorables à
l’implantation d’un système de santé à payeur unique. En mai dernier, par
exemple, un groupe impressionnant de 2231 médecins étasuniens se sont prononcés
publiquement en faveur de l’adoption d’un tel système pour couvrir tous les
Américains en matière d’accès aux soins de santé. Dans la présente course à la
présidence, le seul candidat qui propose un système de santé à payeur unique
universel est le sénateur démocrate Bernie Sanders.
•
Le président Obama a parfois su tenir tête aux pressions guerrières
En matières de politique étrangère, le
président Obama a posé quelques gestes pour se distancer de son prédécesseur
George W. Bush, entre autres, en résistant aux pressions qui s’exerçaient sur
lui pour accroître l’implication étasunienne dans un certain nombre de conflits
militaires. À titre d’exemple, en 2012-2013, les gouvernements d’Israël, de la
Turquie et de l’Arabie saoudite, désireux de provoquer le renversement du
gouvernement syrien de Bashar al-Assad, avaient ourdi un plan sous « faux
pavillon » pour faire porter le blâme au gouvernement Assad
d’utiliser des armes chimiques contre la population. Le but était de forcer la
main au président américain d’intervenir directement dans le conflit syrien. Un
tel stratagème avait fonctionné, en 1986, quand le président Reagan s’était
laissé persuader de bombarder la Libye.
À son crédit, le président Obama ne tomba
pas dans le piège, et il résista aux pressions « intenses »
des néocons étasuniens, et en particulier il sut résister à celles qu’exerçait
la secrétaire d’État Hillary Clinton dans son propre gouvernement, en faveur
d’une intervention militaire directe des Etats-Unis en Syrie. Il accepta plutôt
une proposition russe pour évacuer les armes chimiques de la Syrie, évitant
ainsi la mort de milliers de personnes.
•
L’accord de 2015 avec l’Iran a été une victoire de la diplomatie sur la guerre
Le président Obama aussi subi des
pressions néoconservatrices pour d’autres interventions militaires. En effet,
le gouvernement israélien incita fortement le président américain à lancer une
attaque militaire contre l’Iran, un pays de 80 millions de personnes. Le
prétexte avancé cette fois-ci était que l’Iran menaçait le monopole nucléaire
d’Israël au Moyen Orient avec son programme nucléaire.
Même si le gouvernement iranien affirmait
que son programme nucléaire visait à produire de l’énergie et était
essentiellement pacifique, de nombreuses pressions s’exerçaient quand même sur
le président Obama pour que les États-Unis attaquent l’Iran de manière
« préventive » afin de détruire ses installations nucléaires. À son
crédit, le président Barack Obama résista aux pressions de se lancer dans une
guerre d’agression illégale, semblable à celle que George W. Bush lança contre
l’Irak, en 2003.
Le président Obama s’en remis plutôt à la
diplomatie, et le 14 juillet 2015, un contingent de six pays (Chine, France,
Allemagne, Russie, Royaume-Uni et États-Unis) conclut un accord
avec l’Iran, lequel accord éliminait toute possibilité que l’Iran
développe des armes nucléaires dans un avenir prévisible. Là encore, on évita
une guerre inutile et on épargna des milliers de vies.
•
Fin du boycottage de plus d’un demi siècle de Cuba par les États-Unis
Le président Barack Obama a aussi le
mérite d’avoir accepté la médiation du Pape François, en 2014, afin de mettre
un terme aux hostilités latentes depuis plus de 50 ans entre le gouvernement
américain et celui de Cuba, deux pays voisins. En effet, le Pape avait fait
appel à la bonne volonté des présidents Barack Obama et Raul Castro pour lancer
des négociations secrètes entre les responsables des deux pays.
Comme de fait, le président américain et
le président cubain annoncèrent, le 17 décembre 2014, qu’ils entendaient normaliser
les relations diplomatiques entre les deux pays. Quelques mois plus
tard, soit le 11 avril 2015, le président Obama et le président cubain Castro
se sont rencontrés à Panama pour finaliser la nouvelle réalité et se sont
déclarés prêts à « tourner la page
et à développer de nouveaux rapports entre nos deux pays », selon les
termes employés par M. Obama.
Depuis lors, les deux gouvernements ont
rouvert leurs ambassades dans leurs pays respectifs et ont normalisés leurs
relations. Le président Obama s’est même rendu à Cuba en mars dernier.
Par conséquent, il est
juste de dire que le président Obama a le mérite d’avoir mis fin à un triste
chapitre de l’histoire du 20e siècle, eu égard à la politique étrangère
américaine, d’autant plus que le gouvernement américain entretenait déjà des
relations diplomatiques complètes avec des pays tels que la Chine et le
Vietnam, deux pays avec des régimes communistes totalitaires.
Cependant, la liste des
réalisations du gouvernement Obama n’est pas très longue. Malheureusement, la
liste des promesses trahies et des espoirs déçus est beaucoup plus longue.
•
Le président Obama a accru les pouvoirs de la Maison-Blanche de lancer des
guerres impériales illimitées
Comme la citation de James Madison
ci-haut l’indique bien, les Pères fondateurs étasuniens étaient bien conscients
du danger de donner à un roi ou à un dictateur le droit de lancer le pays en
guerre, de son propre chef. Ils craignaient que cela ne soit source importante
de tyrannie et d’oppression.
Le président George W. Bush, au pouvoir
de 2001 à 2009, a effectivement agi d’une manière que les pères fondateurs des
États-Unis auraient fortement désapprouvée, car il fit tout en son possible
pour s’approprier le droit personnel de décider quand son pays entrerait ou non
en guerre, ne consultant le Congrès étasunien seulement une fois la décision
déjà prise et seulement pour la formalité.
On aurait pu penser que Barack Obama,
président nouvellement élu, dans un esprit démocratique, aurait tenté
d’inverser ce mouvement dangereux vers la transformation de la présidence
étasunienne en un centre initiateur de guerres étrangères. Malheureusement, le
président Barack Obama a fait l’inverse, en accroissant plutôt qu’en réduisant
les pouvoirs discrétionnaires du président américain de mener des guerres.
En effet, Barack Obama, détenteur du Prix
Nobel de la paix, ne perdit guère de temps pour argumenter qu’il avait, en tant
que président des États-Unis, l’autorité de bombarder n’importe
qui, n’importe quand, sans l’approbation du Congrès américain. Il
prétendit que les ‘autorisations précédentes du Congrès d’utiliser la force’
demeuraient en vigueur indéfiniment. En effet, le président Obama prétendit,
tout comme le président George W. Bush l’avait fait avant lui, que
‘l’autorisation d’utiliser la force militaire’ pour combattre le terrorisme,
adoptée par le Congrès étasunien après le 11 septembre 2001, et celle adoptée
en 2002 pour attaquer l’Irak, ne comportaient aucune date d’expiration et
qu’elles autorisaient le président américain à agir comme un empereur ou un
roi, et d’utiliser la force militaire de son pays de son propre gré.
On ne parle pas ici d’une question
triviale. C’est en fait une question très grave, parce que si cette théorie
devait être confirmée et devenait ancrée dans la pratique, sans un amendement
constitutionnel formel, ce précédent signifierait que la Constitution des
États-Unis a de facto été mise au
rancart et les États-Unis sont devenus moins une république démocratique et
davantage un empire autocratique. [Cela tendrait à confirmer le titre de mon
livre « Le
Nouvel Empire américain »]
Qui plus est, le président Obama
s’est servi de sa théorie des pouvoirs présidentiels de faire la guerre. En
effet, il a lancé huit fois plus de frappes militaires dans d’autres pays à
l’aide de drones
que le président George W. Bush avant lui ; et, il s’est même vanté qu’il
avait « ordonné des actions
militaires contre sept pays ». Ce n’est certes pas un héritage dont il
peut être fier.
•
La destruction des pays indépendants que sont l’Iraq, la Libye et la Syrie, et
le chaos au Moyen-Orient
Si on considère les actions étasuniennes
au Moyen-Orient, le président Barak Obama n’a pas rompu sensiblement avec la
politique impériale néoconservatrice du gouvernement de George W. Bush et de
Dick Cheney.
On prétend parfois que la décision du
président Obama de retirer les troupes américaines de l’Irak, en 2011, a marqué
une rupture avec l’administration précédente. En fait, l’administration
Bush-Cheney avait déjà décidé d’un tel retrait en 2008, lorsque le gouvernement
irakien refusa d’accorder l’immunité juridique aux troupes américaines dans ce
pays.
Avec le retrait des troupes américaines
de l’Irak, en 2011, l’administration Obama a tout simplement mis en œuvre un accord
à cet effet conclu entre les deux pays, et signé en 2008. Selon cet accord, les
troupes de combat américaines devaient être hors de l’Irak avant le 31 décembre
2011.
Par conséquent, nonobstant une ou deux
exceptions déjà mentionnées (l’Accord avec l’Iran et la normalisation des
relations avec Cuba), le président Obama n’a pas vraiment rompu avec les
théories néoconservatrices de recourir aux moyens militaires, pour faire face à
des problèmes, soit au Moyen-Orient, soit ailleurs.
En fait, si l’on peut dire que le
président George W. Bush a détruit le pays de l’’Irak, le président Barack
Obama quant à lui, avec ses politiques et ses initiatives, la plupart du temps
sans l’autorisation du Congrès, a détruit deux autres pays au Moyen-Orient, à
savoir la Libye et la Syrie. Il a aussi prolongé la mission militaire
américaine en Afghanistan, et il a appuyé un allié embarrassant, l’Arabie
Saoudite, quand ce dernier pays a entrepris de détruire le Yémen. Tôt ou tard,
M. Barack Obama devra s’expliquer sur ces questions.
•
Le président Obama a soutenu l’Arabie saoudite et d’autres pays Islamiques à
répandre l’extrémisme Wahhabite dans le monde
En ce début du 21ème Siècle,
le monde et tout particulièrement l’Europe sont confrontés à la menace de
l’islamisme le plus virulent, soit l’extrémisme
wahhabite, une idéologie théo-fasciste, promue par le Royaume d’Arabie
saoudite et d’autres pays islamiques, et laquelle est, dans une large mesure,
la source du terrorisme islamique mondial. Au lieu de dénoncer ce dangereux
fléau, le président Obama s’en est facilement accommodé, allant même jusqu’à
presque se
prosterner devant les dirigeants de l’Arabie saoudite, lors de nombreux
voyages dans ce pays.
Il n’y a aucun pays dans le monde qui
viole plus ouvertement les droits humains
que le Royaume d’Arabie saoudite. On pourrait penser que les États-Unis
seraient à l’avant-garde pour dénoncer de telles violations. Les wahhabites,
soit à partir de l’Arabie Saoudite ou d’autres pays islamiques, ont utilisé des
centaines de milliards de pétrodollars pour construire des madrassas [écoles
Islamiques] et d’énormes
mosquées dans les pays occidentaux, y compris aux États-Unis, pour
promouvoir leur idéologie corrosive. À titre d’exemple, l’administration Obama
n’a soulevé aucune objection lorsque la
plus grande mosquée aux États-Unis a été construite récemment, à
Lanham, au Maryland. Il est intéressant de noter qu’en 2010, la
Norvège a refusé la construction de mosquées dans ce pays avec de
l’argent étranger.
•
Le gouvernement Obama a étendu la politique néoconservatrice du chaos à
l’Ukraine et à la Russie, et il a relancé la guerre froide avec la Russie, en
encourageant l’expansion de l’OTAN
Pourquoi le gouvernement étasunien de
Barack Obama a-t-il été si prompt à susciter une nouvelle
guerre froide avec la Russie, avec sa politique d’expansion de l’OTAN ?
On observe ici une autre contradiction entre ce que dit le président Obama, et
ce qu’il fait. Pour un lauréat du prix Nobel de la paix, est-ce que
l’encerclement militaire d’un pays et l’envoi de forces militaires à ses
frontières sont des actes de paix ou des actes de guerre ? Pourquoi est-ce
précisément la politique que M. Obama poursuit envers la Russie ? Pourquoi
est-il disposé à risquer une confrontation nucléaire avec la Russie ? Cela
défie toute logique.
Le seul élément de logique pour expliquer un tel
bellicisme serait que c’est là une tentative du gouvernement américain de
saboter toute coopération économique et politique entre la Russie et les pays
européens, afin de maintenir l’Europe sous une sorte de protectorat étasunien.
Ce ne sont là que quelques unes des
questions qui viennent à l’esprit. Il y en a d’autres. Pourquoi le président
Obama se sent-il prisonnier du plan néoconservateur d’agression
militaire ? Pourquoi a t-il choisi Ashton
Carter en tant que Secrétaire
de la Défense, alors que ce dernier est un belliciste notoire, en plus d’être
l’ancien acheteur d’armes en chef du Pentagone, et qu’il s’est déjà prononcé en
faveur d’une confrontation
militaire avec la Russie ?
Ce sont là des questions cruciales auxquelles M.
Obama se doit de répondre, et cela d’autant plus que la candidate démocrate à
la présidentielle, Mme Hillary Clinton, a publiquement indiqué qu’elle
intensifierait même les politiques du président Obama dans ce domaine, si elle
était élue présidente étasunienne.
Il ne faut pas oublier qu’en février 2014, le
gouvernement Obama s’est empressé de soutenir un coup d’état en Ukraine, afin
de renverser le gouvernement élu de ce pays. Il a également armé les
putschistes, et les a encouragés à commettre des atrocités contre la population
ukrainienne d’origine russe. Une telle ingérence dans les affaires internes d’un
autre pays fait partie du programme néoconservateur qui consiste à militariser
l’Europe de l’Est, sous le couvert de l’OTAN.
•
Le président Obama
a personnellement contribué à la course à l’armement nucléaire et au risque
d’une guerre nucléaire
Même si le président Barack Obama a pris
l’engagement de travailler en faveur d’un
monde sans armes nucléaires, dans un discours prononcé à Prague, le 5
avril 2009, se disant alors prêt « à
rechercher la paix et la sécurité d’un monde sans armes nucléaires »
et à « réduire le rôle des armes
nucléaires armes dans notre stratégie de sécurité nationale », propos
qu’il a répétés à Hiroshima, le vendredi 27 mai dernier, ses paroles n’ont été
suivies d’aucun geste concret en ce sens. Au contraire, M. Obama s’est plutôt
contenté de poursuivre le même programme étasunien de « modernisation nucléaire », lequel
consiste à développer une nouvelle génération d’armes nucléaires, programme mis
de l’avant sous l’administration précédente de George W. Bush.
En fait, le président Obama semble avoir
fait sien le programme nucléaire de George W. Bush, au lieu de l’arrêter. Il a
poursuivi le développement d’une nouvelle gamme d’armes nucléaires, afin de
rendre leur utilisation plus acceptable (étant plus petites, plus précises,
moins mortelles). En d’autres termes, M. Obama a préparé les États-Unis à se
lancer dans l’avenir dans de « petites guerres nucléaires », comme si
cela était possible sans déboucher sur une guerre nucléaire totale. C’est là un
drôle d’« héritage » que laisse Barack Obama derrière lui !
Selon le New York Times, le gouvernement
étasunien a testé au Nevada, en 2015, une nouvelle bombe nucléaire, le modèle
B61 12. Il s’agit du premier de cinq nouveaux
types d’ogives nucléaires prévus dans le cadre du programme étasunien de
modernisation nucléaire, le tout à un coût évalué à 1 000 milliards$,
programme qui s’étendra sur plus de trois décennies. Pour « un monde sans armes nucléaires »,
on en reparlera !
•
À l’intérieur, les inégalités de revenues et de richesse, et la pauvreté, ont
continué de croître sous l’administration de Barack Obama
Un sondage de la société Gallup, en date
du 20 janvier 2014, révélait que les deux tiers des Américains étaient
insatisfaits de la manière dont les revenus et la richesse étaient répartis aux
Etats-Unis. —Les gens sont donc vaguement conscients qu’il y a quelque chose
qui cloche dans le fonctionnement du système économique. Ils ont le sentiment
que l’économie évolue présentement contre les intérêts de la majorité et en
faveur d’intérêts particuliers.
Une étude du Centre de recherche Pew,
tirée à même des données gouvernementales, est venu confirmer que la classe
moyenne américaine se rétrécissait, la proportion des ménages
américains dans ce contingent tombant de 55 pour cent qu’elle était en 2000, à
51 pour cent en 2014. [N.B.: Une famille de classe moyenne américaine
comprenant deux adultes et deux enfants, devait gagner un minimum de
48 083 $US, en 2014.]
La proportion des Américains dont les revenus annuels sont
inférieurs à ceux de la classe moyenne atteint maintenant 29 pour cent, alors
qu’elle égalait 25 pour cent en 1971. Cela est en partie due à une immigration
mexicaine massive, car les Latinos constituent aujourd’hui près de la moitié
(49%) des adultes dont les revenus sont inférieurs à ceux de la classe moyenne.
En contrepartie, le pourcentage d’Américains dont les revenus dépassent ceux de
la classe moyenne atteint désormais 21 pour cent de la population, alors que ce
groupe représentait 14 pour cent de la population, en 1971. De
telles transformations expliquent le mécontentement généralisé aux États-Unis.
Les candidats à la présidence Donald
Trump et Bernie Sanders, des deux côtés du spectre électoral, expriment à leur
façon cette profonde insatisfaction, laquelle se transforme parfois en colère,
contre les politiques financières et fiscales du gouvernement étasunien des
dernières trente années.
Ce sont les familles américaines les plus
riches qui ont le plus profité de ces transformations, non seulement pour des
raisons économiques et technologiques, mais aussi fiscales. Les plus riches Américains, en effet, ont vu
leur taux moyen d’imposition tombé de 27 pour cent qu’il était en 1992 à 17
pour cent 2012, soit sous les trois gouvernements Clinton, Bush et Obama.
Il ne faut
donc guère se surprendre qu’une situation où les pauvres s’appauvrissent et les
riches s’enrichissent ait des conséquences politiques importantes. Ajouter à
cela l’incapacité ou le refus du gouvernement de Barack Obama de remédier à la
situation, et cela complète le tableau d’ensemble.
•
Le gouvernement de Barack Obama a autorisé les grandes entreprises et les
méga-banques à exporter les emplois et les profits à l’étranger
Une
autre caractéristique majeure de notre époque est que les bénéfices
des entreprises sont en hausse, tandis que les salaires stagnent, et
que l’impôt sur les revenues des sociétés est en baisse.
En effet, on doit chercher un début de
réponse aux nombreuses questions soulevées ci-dessus dans les politiques que le
gouvernement de Barack Obama a mis de l’avant au cours des dernières années.
Dans un premier temps, l’administration
de Barack Obama a parrainé deux gigantesques « accords
commerciaux » internationaux. De tels méga-traités ‘commerciaux’
sont négociés en secret, loin des regards, parce qu’un de leurs objectifs est
d’accorder aux entreprises et aux méga-banques une protection juridique et une
certaine immunité contre des poursuites de la part de gouvernements nationaux
démocratiquement élus. C’est le cas du Partenariat transatlantique pour le
commerce et l’investissement (Transatlantic
Trade and Investment Partnership, ou TTIP),
lequel met en cause un trentaine de pays, et l’accord de Partenariat Transpacifique pour le
commerce et l’investissement (Trans-Pacific Partnership, ou TPP), lequel
englobe une douzaine de pays, mais pas la Chine.
Ces accords ne
sont pas seulement économiques. Ils sont aussi géopolitiques. Ils font partie
de la tentative de construire un ordre économique et financier mondial
au-dessus des états nationaux. Ils représentent également une façon de protéger
les élites qui contrôlent les grandes entreprises et les méga-banques —
l’establishment du 1% — des gouvernements nationaux. Dans le cas du TTIP entre
les Etats-Unis et l’Europe, son objectif géopolitique est d’empêcher les pays
européens de développer des accords commerciaux compréhensifs avec la Russie.
Dans le cas du TTP entre les Etats-Unis et certains pays asiatiques, l’objectif
est d’isoler la Chine. Aux yeux des planificateurs néo-conservateurs de
Washington D.C., tout cela fait partie d’une sorte de guerre
économique.
En deuxième lieu, on peut dire que le
gouvernement Obama ne s’est pas pressé pour empêcher de riches Américains, de
grandes sociétés et des méga-banques d’utiliser les paradis fiscaux et les
régimes dits « d’inversion
industrielle » pour éviter de payer l’impôt.
•
Le président Barack Obama s’est empressé de nommer de nombreux néocons à des
postes élevés dans son gouvernement
Les observateurs furent surpris par les
nominations que le président Obama annonça, au tout début de son mandat. Ainsi,
un personnage néoconservateur notoire, Richard Perle, un ancien président du
Bureau des politiques au Pentagone sous la présidence de George W. Bush, et un
des principaux architectes de la guerre en Irak, exprima sa satisfaction en ces
termes : « Je suis très heureux
... Il n’y aura pas autant de changement qu’on nous avait laissés croire ».
À titre d’exemple, il conserva à son
poste le Secrétaire à la défense de George W. Bush, soit M. Robert Gates. Il
prit ensuite Rahm Emanuel, un membre du Congrès de la mouvance
néoconservatrice, à titre de chef de cabinet. Et surtout, il confia l’important
poste de Secrétaire d’État à Hilary Clinton. Le Weekly Standard, porte-étendard
néoconservateur, applaudit cette dernière nomination, en qualifiant Mme Clinton
de « Reine de la guerre »
["Warrior Queen"] !
Même le belliciste Dick Cheney se montra
ravi, déclarant être « impressionné » par les nominations de Barack
Obama. Un journaliste de la chaine MSNBC remarqua que Mme Clinton était une « neocon’s
neocon », car elle avait appuyé toutes les interventions
militaires entreprises par les Etats-Unis à l’étranger, au cours des vingt
dernières années. —Le changement véritable allait devoir
attendre.
•
Malgré ses promesses, le président Obama n’a pas fait progresser d’un iota la
solution du sempiternel conflit Israélo-Palestinien, lequel pourrit depuis 1948
En 2008, lorsqu’il était candidat
présidentiel, Barack Obama s’était
engagé à poursuivre activement un accord de paix entre Israël et les
Palestiniens. Il avait, disait-il, une stratégie à deux volets : 1-
restaurer l’image ternie des États-Unis dans le monde musulman et, 2- persuader
le gouvernement israélien de stopper l’expansion illégale des colonies sur les
terres palestiniennes.
Sur ces deux fronts, il a lamentablement
échoué. Comme cela a été le cas avec d’autres promesses de M. Obama, on
découvrit vite que des gestes concrets ne suivirent point la rhétorique et les
platitudes du moment. Il évita de mettre sur pied un groupe de travail spécial
pour mettre en œuvre la politique qu’il prétendait vouloir mettre de l’avant.
Et surtout, il n’osa point retirer à Israël la protection des vetos
étasuniens à l’ONU, ces derniers servant de couverture au gouvernement
israélien pour faire ce qu’il veut en territoire palestinien.
•
Le président Obama n’a pas divulgué les passages d’un rapport qui compromettent
l’Arabie saoudite dans les attentats du 11 septembre 2001
Il y a aussi un autre point digne de
mention. Malgré de nombreuses demandes à cet effet, le président Obama a refusé
d’informer adéquatement le peuple américain sur l’étendue de l’appui que
l’Arabie saoudite a apporté aux terroristes du 9/11. Les familles des victimes
des attaques du 9/11 et nombre d’autres personnes ont insisté auprès de M.
Obama pour qu’il dévoile le contenu de 28 pages classées secrètes dans un
rapport spécial du Congrès américain sur les attentats du 9/11, rédigé en 2002,
et montrant le possible soutien que des individus hautement placés dans le gouvernement
saoudien auraient fourni à quelques-uns des terroristes du 9/11. À la
mi-avril, le président Obama a même dit que la décision de rendre publique
l’information était « imminente ».
Cependant, le président étasunien semble
s’être ravisé au retour d’un voyage récent en Arabie saoudite. Il semble depuis
que « l’imminence » du dévoilement de
l’information compromettante ait été reportée aux calendes grecques. De plus,
le président américain est allé plus loin. Il a déclaré qu’il opposerait son
veto à tout un projet
de loi qui permettrait aux familles des 3 000 victimes des
attentats du 11 septembre 2001 d’entamer des poursuites judiciaires contre le
royaume d’Arabie saoudite, pour dommages encourus. Il s’est, cependant, bien
gardé d’étendre la même protection au gouvernement Iranien, et ce dernier
pourra être poursuivi devant les cours de justice étasuniennes.
Malgré sa
promesse faite le 29 janvier 2009, dans son discours inaugural, d’entamer une
« ère de gouvernement transparent et
ouvert », le président Obama ne semble pas avoir cru que cela pouvait
s’appliquer aux familles des victimes des attaques du 9/11, ni au grand public
en général. C’est pourquoi certains observateurs en ont conclu qu’au lieu du gouvernement transparent qu’il avait promis,
il a dirigé l’administration « la
plus opaque, voir la plus secrète de l’histoire étasunienne ». C’est un autre exemple d’un penchant naturel,
semble-t-il, chez M. Obama, lequel consiste à dire une chose et à faire son
contraire. Cela semble avoir été chez lui, une sorte de modus operandi.
•
Conclusion générale
Pourquoi y a t-il eu un tel contraste
entre les paroles du président Obama et ses faits et gestes ? Après tout,
il avait promis, rien de moins, de « mettre
fin à l’état d’esprit qui nous a entrainé dans la guerre ».
Il y a trois explications possibles à un
tel état de choses. Tout d’abord, en tant que politicien, Barack Obama n’était
peut-être pas complètement sincère quand il déclarait vouloir changer la
mentalité à l’intérieur du gouvernement américain. Il est possible que cela ne
fût, dans son esprit, que des mots que les gens allaient vite oublier. Les
politiciens sont naturellement des opportunistes ambitieux et M. Obama a fait
la démonstration qu’il n’était pas différent. Deuxièmement, ceux qui rédigeaient
ses discours n’étaient peut-être pas les mêmes que ceux qui élaboraient les
politiques. D’où le fossé observé entre les discours fleuris et les politiques
réelles. Troisièmement, il y a aussi une explication moins généreuse : M.
Obama peut avoir servi de figure de proue
utile aux décideurs qui contrôlent véritablement, dans l’ombre, le gouvernement
étasunien. Peut être s’agit-il d’un mélange de toutes ces explications.
On peut certes soutenir que
l’administration Obama, dans l’ensemble, a été « moins mauvaise » que l’administration Bush-Cheney précédente,
tant au niveau intérieur qu’international. En réalité, compte tenu que le
candidat présidentiel élu Barack Obama est arrivé à la Maison Blanche sans
aucune expérience administrative digne de ce nom et sans avoir à ses côtés une
équipe de penseurs, et apparemment, sans avoir en mains un plan précis pour
mettre en œuvre ses nobles promesses, il a dû s’en remettre aux mêmes
conseillers néoconservateurs, interventionnistes et bellicistes, qui avaient
conseillé l’administration précédente. Il en a été réduit à réagir plutôt qu’à
agir; à suivre plutôt qu’à diriger.
C’est la raison pour laquelle les
politiques du gouvernement Obama, tout particulièrement en politique étrangère,
avec quelques exceptions près, ne semblent pas avoir divergé sensiblement des
politiques impériales du gouvernement Bush-Cheney. Le président Barack Obama,
lauréat du prix Nobel de la paix, n’a pas été à la hauteur des promesses qu’il
avait faites et des espoirs qu’il avait faits naître.
Les
deux gouvernements d’inspiration néoconservatrice de Bush et d’Obama sont
responsables d’avoir créé un désordre durable dans le monde, désordre avec
lequel des gouvernements futurs, et même des générations futures, auront à
composer.
________________________________________________________
Le
vendredi 29 avril, 2016
Élections américaines : Dix raisons
pour lesquelles Bill et Hillary Clinton ne méritent pas un troisième mandat à
la Maison-Blanche
Auteur
du livre « Le Code pour une éthique globale »
et
du livre « Le nouvel empire américain »
« Peu
de choses sont plus dangereuses que les empires poussant leurs propres intérêts
dans la croyance qu'ils font à l'humanité une faveur. » Eric
Hobsbawm (1917-2012), 'historien britannique, le 10 juin, 2003
« Il
devrait être la politique des Etats-Unis de soutenir les efforts visant à
supprimer le régime dirigé par Saddam Hussein du pouvoir en Irak... » Bill
Clinton (1946- ), tiré de la loi inspirée des neocons, et appelée l‘Iraq Liberation Act’, promulguée par le Président Clinton, en 1998
« Je
vais solliciter ses idées, je vais lui demander des conseils et je vais
l’utiliser [l’ancien président Bill Clinton] en tant
qu’émissaire de bonne volonté pour faire le tour du pays afin de trouver les
meilleures idées que nous avons, parce que je crois aussi, comme il l’a
lui-même dit, qu’on a déjà résolu quelque part en Amérique ce qui ne va pas
avec l'Amérique. »
Hillary Clinton (1947- ), candidate
démocrate à la présidence américaine, lors d'un débat le 17 janvier, 2016
« Je
vais vous dire ce que font nos militaires sous la responsabilité de [l’ancien directeur de la CIA] Michael
Hayden et de gens comme lui. Nous sommes en guerre au Moyen-Orient depuis 15
ans, 18 ans. Nous avons dépensé quatre ou cinq mille milliards de dollars ;
Nous ne savons pas ce que nous faisons; Nous ne savons pas contre qui nous nous
battons. Nous armons des gens que nous voulons de notre côté, mais nous ne
savons pas qui ils sont.
Quand
ils prennent le contrôle d’un pays, ils sont pires que ceux qu'ils ont
renversés. » Donald Trump (1946- ), candidat
républicain à la présidence américaine, en réponse à une lettre ouverte de
soi-disant « experts » en sécurité nationale
En
démocratie, les citoyens connaissent en général peu de choses sur les candidats
pour qui ils votent, en bien ou en mal, au-delà de l’image officielle créée par
la propagande. Dans le cas de la candidate démocrate Hillary
Clinton, cela fait environ 40 ans qu’elle et son mari, l’ex président
Bill Clinton, sont en politique active. Cet article vise à éclairer quelque peu
la réalité qui se cache derrière les impressions parfois superficielles que
l’on a d’eux.
Disons pour commencer qu’il existe
présentement aux États Unis un grand mécontentement populaire à l’endroit des
politiciens associés à l’establishment
politique et corporatif du pays. Sondage
après sondage
montrent une grande insatisfaction, sinon une certaine colère, de
l’électorat à l’endroit des politiciens en place, et même à l’endroit des
candidats qui veulent les remplacer. Il y règne aussi une grande polarisation
de l’électorat.
Il n’y a donc rien de surprenant à ce que
deux candidats présidentiels, le démocrate Bernie
Sanders et le républicain Donald Trump tiennent
un discours anti establishment, et
proposent des politiques de nature populiste pour sortir leur pays du marasme
relatif qui perdure.
En politique intérieure, les deux
candidats populistes Sanders et Trump mettent tous deux de l’avant, à leur
façon, des politiques favorables à la classe moyenne. Cette dernière a subi les
contrecoups de quelques trente ans de mondialisation économique et financière
et de l’implantation d’accords de ‘libre échange’, lesquels sont, en
définitive, des accords pour les investisseurs et les grandes banques, bien
avant d’être des ententes purement commerciales.
En politique extérieure, les deux se
dissocient des guerres étrangères, coûteuses et facultatives, dans lesquelles
le gouvernement américain s’est lancé au cours des dernières décennies. La
plupart de ces guerres, surtout celles encore en cours au Moyen Orient, furent
entreprises sous la pression des néoconservateurs
pro-israéliens (connus sous l’appellation
abrégée de néocons), lesquels sont fort influents tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur du gouvernement américain, et lesquels dominent la politique
étrangère américaine depuis la fin de la Guerre froide, en 1991.
Il est bien connu, en effet, que des
néo-conservateurs de premier plan sont devenus très influents dans les hautes
sphères des administrations Bush I (1989-1993) et Bush II (2001-2009). Beaucoup
se souviennent de la façon dont des personnages tels que Paul Wolfowitz, John
Bolton, Elliott Abrams, Richard Perle, Douglas Feith, ... etc., usèrent de
différentes tactiques pour impliquer les États Unis dans une guerre sans fin de
type impériale, présentée comme une série de « guerres dites
préventives » au Moyen-Orient. La première fut, bien
sûr, l’agression militaire non provoquée de George W. Bush contre l'Irak, en
mars 2003.
Même si cela est moins connu, les néocons
ont également joué un rôle important dans l'administration de Bill Clinton
(1993-2001) et dans l’administration actuelle de Barack Obama (2009-2017). Dans
les deux cas, ils se sont faits les promoteurs d'une série de provocations et
de guerres à l'étranger, en particulier au Moyen-Orient, mais aussi en Europe
de l’est, en plus de préparer le terrain pour des crises financières futures,
en mettant de l’avant des législations bancaires risquées.
Néanmoins, la candidate présidentielle
qui a les meilleures chances, selon les sondages, d’accéder à la présidence
américaine, lors des élections du 8 novembre prochain, est Hillary Clinton.
Celle-ci a d’ailleurs précisé qu’advenant son élection, elle n’hésiterait point
à consulter
son mari, l’ancien Président Bill Clinton. (L’élection de Hillary Clinton
deviendrait d’ailleurs une certitude si l’establishment
républicain réussissait à priver le milliardaire Donald Trump de l’investiture
républicaine, alors qu’il a remporté le plus grand nombre de primaires).
Dans les circonstances, on peut se
demander, primo, si l’élection de Hillary Clinton à la présidence ne serait
pas, en quelque sorte, un troisième mandat du couple Clinton à la
Maison-Blanche, et secundo, ce que l’on peut attendre d’une telle éventualité.
La boutade de Bill Clinton, en 1992, qu’avec le couple Clinton, les USA
pouvaient avoir « deux
présidents pour le prix d’un » n’a guère perdu de sa pertinence.
Il y a quelque temps, j’avais identifié trois crises majeures de ce début de siècle,
dont les origines remontaient à des décisions prises sous le règne du Président
Bill Clinton (1993-2001).
Nous pouvons peut-être les rappeler ici
et en rajouter un certain nombre qui s’appliquent davantage à la candidate
Hillary Clinton:
1-
La première crise a trait à la relance d’une deuxième Guerre froide avec la
Russie
L'histoire
retiendra que le président Bill Clinton prit sur lui-même de briser une
importante promesse faite par son prédécesseur, le président George H. Bush, à
l’effet que le gouvernement américain n’allait pas agrandir l'OTAN en
accueillant dans son sein des pays de l’Europe de l'Est, si la Russie acceptait
de dissoudre le Pacte de Varsovie. Comme on le sait, au cours de sa campagne de réélection, en
1996, plus précisément, le 22 octobre 1996, le président Clinton crut retirer
un avantage électoral en
promettant d’élargir l'OTAN pour y englober la Pologne, la Hongrie et la
Tchécoslovaquie. À cette époque, peu de gens se rendaient compte que cette
promesse brisée marquait le début d'une nouvelle guerre froide
avec la Russie, comme l’a fait remarquer George
F. Kennan (1904-2005), un diplomate américain et spécialiste de la
Russie.
On connaît
encore moins le fait que Mme Hillary Clinton, quand elle était secrétaire
d'État dans le gouvernement démocrate de Barack Obama, nomma une personne
néoconservatrice de premier plan, Mme Victoria Nuland, épouse de l’idéologue
néoconservateur Robert Kagan, au poste de porte-parole du Département d'État
américain. Mme Nuland fut par la suite promue au poste de secrétaire d'État
adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, soit en mai 2013, toujours
dans la même administration démocrate de Barack Obama. Auparavant, elle avait
travaillé pour Dick Cheney, alors vice président républicain dans le
gouvernement de George W. Bush. Elle agissait alors comme conseillère
principale de politique étrangère. Par après, elle fut nommée ambassadrice
auprès de l'OTAN.
C’est la
même Mme Nuland qui dirige présentement le programme américain qui vise à
provoquer la Russie dans une nouvelle guerre froide. (On a là une preuve qu’à
Washington D.C., on peut transiter avec facilité d'une administration
républicaine à une administration démocrate, pourvu qu'on appartienne à la
confrérie des néo-conservateurs).
2-
Le gouvernement de Bill Clinton s’est
employé à réduire le rôle des Nations Unies dans le monde, à compter de
1998-1999
Le président Bill Clinton a miné
considérablement la crédibilité des Nations Unies quand il décida d’ignorer le
Conseil de Sécurité de l’ONU pour impliquer les États Unis dans la guerre du Kosovo,
en 1998-1999, en lançant une campagne de bombardements en Yougoslavie. Il s’agissait alors d’une violation
flagrante de la Charte des Nations Unies, cette dernière proscrivant toute guerre
d’agression qui ne reçoit pas son imprimatur. Ce fut un précédent dangereux.
En
effet, quelques années plus tard, son successeur encore plus belliqueux et
encore plus méprisant de la loi internationale, le président George W. Bush,
invoqua le précédent mis de l’avant par Bill Clinton pour lancer une guerre
d’agression contre l’Irak, en mars 2003, toujours sans recevoir l’aval du
Conseil de Sécurité.
C’est
pourquoi, on peut dire que le président Bill Clinton doit assumer une part
évidente de responsabilité pour le chaos qui prévaut présentement dans le
monde. En pratique, les Nations Unies ont dû céder leur place à l’organisation
de l’OTAN, laquelle dorénavant sert de
caution plus ou moins ouverte aux guerres impériales que les États Unis mènent
dans le monde. Cela est une violation du cadre légal de l’ONU et même des
principes prévus dans la Charte de Nuremberg, cette dernière définissant une
agression militaire comme étant un « crime contre la paix
et la sécurité de l’humanité ».
En
1991, peu de gens virent que l'effondrement de l'Union soviétique finirait par
provoquer l'effondrement de l'Organisation des Nations Unies, laquelle, peu à
peu, en est réduite au même niveau d’influence qu’avait l'ancienne Société des
Nations,
durant les années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale.
3-
Bill Clinton a permis un
retour aux abus bancaires d’avant la Grande Dépression, et il prépara le
terrain pour la crise financière de 2007-2009
En effet, le président Bill Clinton
promulgua, le 12 novembre 1999, une loi parrainée par les sénateurs
républicains Gramm, Leach et Bliley, laquelle loi éliminait, en pratique, la
plupart des dispositions qui établissaient une séparation entre les banques
d’affaires (lesquelles émettent des titres et d’autres produits risqués), et
les banques commerciales (qui acceptent des dépôts assurés par le
gouvernement), une séparation qui existait depuis 1933, en vertu de la Loi Glass-Steagall.
Avant l’adoption de la loi de 1999, sous
le régime de la précédente loi Glass-Steagall, il était illégal pour une banque
acceptant des dépôts assurés par la FDIC d’investir dans d'autres avoirs que
des obligations gouvernementales et dans d’autres titres à faible risque. Avec
sa signature, cependant, le Président Clinton se trouva à permettre aux super
grandes banques et aux grandes compagnies d'assurance, dorénavant très peu
réglementées, d’adopter des pratiques financières risquées, un penchant fort
connu au cours de l’histoire et qu’il était facile de prédire qu’il allait se
répéter si on enlevait les garde-fous. Comme on le sait, les nouveaux produits
financiers des banques et des compagnies d'assurance se sont effondrés en
2007-2009, et cela a conduit à la grande crise
financière dite des « subprimes ».
Alors
que le candidat démocrate Bernie Sanders a déclaré vouloir rétablir pleinement
la loi Glass-Steagall, son adversaire, l'ancienne secrétaire Hillary Clinton,
s’oppose pour sa part au rétablissement la loi bancaire de 1933, préférant
introduire des mesures pour mieux encadrer les pratiques du système bancaire parallèle qu’on appelle le «shadow
banking».
4- La
guerre américaine de 2003 contre l’Irak a véritablement commencé en 1998, avec
la signature par le président Bill Clinton de la loi de la ‘Libération de
l’Irak’
Le 19 février 1998, un petit groupe de
néoconservateurs américains (Robert Kagan, Paul Wolfowitz, Elliot Abrams, John
Bolton, Richard Perle, …etc.), désireux de pousser les États Unis dans une
guerre au Moyen Orient, écrivirent une lettre ouverte au
président Bill Clinton. Ils l’incitaient à prendre les moyens nécessaires pour
« renverser le régime de Saddam
Hussein » en Irak.
Le président Clinton ne se lança pas en
guerre immédiatement pour faire plaisir aux néocons, après tout il était en fin
de mandat, mais il accepta de faire sienne, en la signant le 31 octobre 1998,
une loi concoctée par les Républicains et il promulgua la loi dite de
‘Libération de l’Irak’ (The Iraq Liberation
Act).
La loi
stipulait que dorénavant, ce serait : « la politique des États Unis de soutenir les efforts pour renverser le
régime de Saddam Hussein en Irak…». Bill
Clinton fit même voter un montant de $97 millions de dollars pour l’entraînement et l’équipement
militaire de l’opposition irakienne. Tout cela ouvrit la porte à une guerre
d’agression des États Unis contre l’Irak.
Ce ne fut donc pas une surprise quand le
président George W. Bush, à la recherche d’un appui bi partisan pour la guerre
qu’il projetait contre l’Irak, se référa explicitement à la loi de Libération
de l’Irak de 1998, signée par le président Bill Clinton. Il s’en est servi pour
faire adopter par le Congrès américain, le 2 octobre 2002, une loi qui autorisait
le recours à la force contre l’Irak. On peut donc dire que le président Bill
Clinton mit la machine de guerre américaine en marche contre l’Irak dès 1998,
et il doit assumer une part de responsabilité pour tous les désastres humains
et autres qui ont découlé de cette première guerre d’agression, au début du 21ème
siècle.
5- Hillary
Clinton a à son crédit sa propre guerre d’agression, (soit la guerre américaine
en Libye menée sous de fausses représentations et laquelle créa des millions de
réfugiés)
Mais Hillary
Clinton n’est pas en laisse par rapport à son président de mari puisqu’elle a,
elle aussi, puissamment contribué à détruire un autre pays, cette fois-ci, la
Libye.
En effet,
malgré les pressions, le président Barack Obama se montrait réticent à copier
George W. Bush avec son invasion militaire de l’Irak en 2003.
Voilà
pourquoi, en 2011, il hésitait à lancer une nouvelle guerre d'agression
américaine, cette fois contre la Libye, même si les néocons à l'intérieur et à
l'extérieur de son administration poussaient fort pour une telle guerre. Ce
dernier pays, dirigé par le colonel Mouammar Kadhafi, avait eu le malheur
d’être identifié dans le grand
plan des néo-conservateurs comme l'un des pays arabes dont les néo-conservateurs voulaient
renverser le gouvernement dans leur campagne de déstabilisation du Moyen
Orient, en utilisant à cette fin, la force militaire américaine au profit
d'Israël.
À l'époque,
il y avait deux poids lourds dans le gouvernement de Barack Obama qui
s’opposaient avec véhémence aux pressions des néocons pour une nouvelle
intervention militaire américaine pour renverser le gouvernement de la Libye,
soit le vice-président Joe Biden et le secrétaire à la Défense Robert Gates. Mais
c’était sans compter sur l’apport de la principale
alliée des néoconservateurs à l’intérieur du gouvernement, soit la secrétaire d'État Hillary
Clinton.
En effet,
Hillary Clinton réussit à surmonter la formidable opposition du duo Biden-Gates
à une intervention militaire américaine en Libye en persuadant un président
Obama faible et irrésolu que le président libyen Kadhafi avait un supposé plan
de « génocide » contre son propre peuple et que le gouvernement
américain avait la « responsabilité de protéger la population
libyenne » et empêcher un tel « génocide », peu importe ce que
dit la loi internationale sur les agressions militaires. Il y a un dicton qui
dit que « celui qui veut noyer son
chien l'accuse de la rage »!
Ce faisant,
Hillary Clinton ne faisait rien d’autre que suivre le précédent créé par son
mari, le président Bill Clinton, quand ce dernier bombarda la Yougoslavie, en
1998-1999, en dehors du droit international. Il y avait quelque chose
d’ironique à ce que le président Obama se range du côté d’Hillary Clinton et
des néocons alors que lors de la campagne électorale qui l’opposait à Mme
Clinton en 2008, il avait dit que cette dernière empruntait le langage de
George W. Bush.
En 2011, il
est vrai que le gouvernement de Mouammar Kadhafi était aux prises avec une
rébellion, soutenue par des puissances étrangères, mais l’accusation d’un
« génocide » appréhendé était fort exagérée.
Suite au
bombardement de la Libye par les États Unis et une poignée de pays européens,
des groupes rebelles réussirent à capturer le colonel Mouammar Kadhafi, le 20
octobre 2011. Après l’avoir sodomisé, ils l’assassinèrent, lui et sa famille.
Il s’en est suivi un grand chaos en Libye, et ce pays en déroute est encore la
proie de combats entre différents groupes de fanatiques islamiques. De plus, la
Libye désorganisée est la source de millions de réfugiés fuyant leur pays
dévasté vers l’Europe et d’autres parties du monde.
On peut se
surprendre que Hillary Clinton se soit publiquement vantée d’un pareil désastre. Dans les jours qui ont suivi le renversement du
gouvernement Kadhafi, en effet, elle déclara ce qui suit sur un plateau de
télévision : « nous sommes venus; nous
avons vu; il est mort! »
Ses
conseillers néocons lui avaient dit qu'on se souviendra d’elle comme
l’instigatrice d’une nouvelle « Doctrine Clinton »! Si la création
d'une catastrophe humaine de haute échelle compte comme
« expérience » dans un curriculum vitae, la candidate Hillary Clinton
est sans aucun doute « qualifiée » pour devenir présidente des
États-Unis. Cependant, il est évident qu’elle souffre d’un déficit d'empathie
humaine élémentaire.
6- Hillary Clinton: la candidate
de proue de l’establishment du 1%
En tant que
politiciens professionnels, Bill et Hillary Clinton sont devenus le couple
politique le plus riche de tous les temps. En 2012, leur patrimoine combiné
dépassait 112,000,000.00 $. En revanche, le candidat démocrate Bernie Sanders
avait des avoirs qui ne dépassaient guère 420,000.00 $. Il n'y a pas l'ombre
d'un doute que la famille politique Clinton appartient à l’establishment du 1% et même du 0,1%, parmi les contribuables
américains. La politique a été une industrie des plus enrichissante pour eux.
On ne doit
donc guère se surprendre que la candidate démocrate à la présidentielle soit de
loin le choix
privilégié de l'establishment. Les néocons trouvent en elle une alliée
très fiable. Si elle devient présidente des États-Unis, ils peuvent espérer
continuer et même accélérer la réalisation de leur plan d'ensemble pour le
Moyen-Orient. Ce serait la joie dans certains quartiers!
En revanche,
les deux candidats à la présidentielle Bernie Sanders et Donald Trump
s’opposent aux guerres américaines tous azimuts d'inspiration néoconservatrice,
et ils mettent de l’avant des politiques et des réformes favorables à la classe
moyenne. Pour sa part, le candidat démocrate Bernie Sanders propose des politiques
sociales agressives, tandis que le candidat républicain Donald Trump ambitionne
de renverser la marche vers une mondialisation industrielle et financière
toujours plus poussée, laquelle s’est traduite par la perte de millions
d'emplois rémunérateurs aux États Unis, suite au déplacement des installations
de production et des profits de sociétés américaines vers l'étranger.
La candidate Hillary Clinton peut
cependant bénéficier d’un système vicié de sélection du candidat démocrate à la
présidentielle. En effet, l’establishment
du parti démocrate s’est réservé un nombre de 719 « superdélégués »
non élus, soit 15 pourcent de l’ensemble des délégués à la convention démocrate
des 25-28 juillet prochains, lesquels peuvent faire pencher la balance dans le
sens de leurs intérêts. Dans ces conditions, même si le candidat Bernie Sanders
obtenait une légère majorité des délégués élus, suite aux résultats des
primaires, ses chances d’être choisi représentant démocrate à l’élection
présidentielle sont presque nulles.
Tout cela pour dire qu’il n’y a pas de
candidat plus associé à l’establishment
politique aux Etats-Unis, et au gâchis que cet establishment laisse derrière lui, que Madame Hillary Clinton.
7-
L’intention arrêtée de Hillary Clinton
de poursuivre la politique américaine de provoquer des changements de
gouvernement dans les autres pays et de créer le chaos dans ces pays
Hillary Clinton, par ses faits et gestes,
est une va-t-en-guerre invétérée, laquelle fait penser au sénateur John McCain,
le candidat républicain à la présidence en 2008. Quand elle siégeait comme
sénatrice de l’État de New York (2001-2009), elle se rangea avec enthousiasme
derrière la guerre d’agression de George W. Bush contre l’Irak, et quand elle
était secrétaire d’État (2009-2013), elle a admis avoir joué un rôle important
dans le coup
d’état qui renversa, le 28 juin 2009, le président démocratiquement élu du Honduras, Manuel Zelaya, par l’armée de ce
pays.
De même, le
soutien de Hillary Clinton pour Israël
est sans nuances. Dans les milliers de courriels
personnels qu’elle a envoyés à des amis alors qu’elle était secrétaire d'État, certains contenant des secrets d'état, (peut-être
un acte illégal), elle a nombre de fois affirmé sa volonté d'utiliser l'armée
américaine pour réaliser les objectifs du gouvernement israélien au
Moyen-Orient. Dans un courriel révélateur, par exemple, et envoyé au printemps
de 2012, elle exprime son point de vue très clairement en ces termes :
« La meilleure façon
d'aider Israël à faire face à la menace nucléaire de l'Iran est d'aider le
peuple syrien à renverser le régime de Bachar al-Assad ...
Pour les dirigeants
israéliens, la véritable menace d'une Iran nucléarisée n’est pas la crainte
qu'un dirigeant iranien devenu fou lance une attaque nucléaire non provoquée
contre Israël, ce qui mènerait à l'anéantissement des deux pays. Ce que les
dirigeants militaires israéliens craignent vraiment —mais ils ne peuvent pas le
dire —est la perspective de perdre leur monopole nucléaire ...
Par la suite,
Israël et les États-Unis pourraient être en mesure de développer une vision
commune quant au moment où le programme nucléaire iranien deviendrait tellement
dangereux qu’une action militaire s’imposerait ...
En bref, la
Maison-Blanche peut apaiser la tension qui existe entre Israël et l'Iran en
faisant le bon choix en Syrie. »
Il ne fait
aucun doute que si Hillary Clinton devenait présidente des États Unis, elle
n’aurait aucun scrupule à employer la puissance militaire américaine pour
appuyer les objectifs d’un pays étranger, Israël, au Moyen Orient. Cela devrait
faire partie des débats dans une campagne électorale.
8-
Hillary Clinton entretient des liens étroits avec la haute finance de Wall
Street et d’autres puissants intérêts
Tandis que le candidat Bernie Sanders
finance sa campagne électorale, dans une large mesure, à partir de petits dons
individuels, et alors que le candidat Donald Trump finance sa campagne à même
ses propres fonds, la candidate Hillary Clinton compte principalement sur
l’apport important de riches lobbyistes professionnels, de grandes sociétés et
de méga banques. Le financier
milliardaire Georges
Soros, par exemple, a contribué à hauteur de 8 millions de dollars à la
campagne de Hillary Clinton. Des méga banques,
telles Citigroup Inc, Goldman Sachs et Morgan Stanley, figurent parmi ses
principaux donateurs. Hillary Clinton est de loin celle qui dépense
le plus parmi tous les candidats présidentiels.
Un recours aussi systématique à de riches
donateurs devrait soulever des soupçons, car cela pourrait vouloir dire que ces
derniers auront son oreille lorsqu’elle occupera la Maison-Blanche. Le rôle
central que joue l’argent
dans les élections américaines rend de plus en plus difficile d’élire un
gouvernement « du peuple, par le
peuple et pour le peuple », selon les mots du président Lincoln.
Un financier et politicien américain, Simon Cameron
(1799-1889), a déjà lancé en boutade qu’ « un politicien honnête est celui qui, une fois acheté, reste acheté ».
En effet, depuis la décision fatidique de la Cour Suprême américaine, en
janvier 2010, dans la cause dite de « Citizens United », par un vote serré de 5
contre 4, cette dernière statuant que les sociétés incorporées faisaient partie
du « peuple » et que dépenser de l’argent à des fins électorales
faisait partie de la « liberté d’expression », l’importance que prend
l’argent dans l’issue des élections est devenu une question centrale aux États
Unis.
Dans le cycle électoral en cours, Hillary Clinton est la seule candidate
chez les démocrates qui reçoit des montants élevés de riches donateurs, à
hauteur de 77 pourcent de tous les dons recueillis. Certaines de ces
contributions lui viennent indirectement de donateurs
étrangers. Tout candidat qui fait reposer sa campagne électorale sur
les dons provenant de richissimes individus ou sociétés devrait avoir des
comptes à rendre.
9-
La responsabilité personnelle de Hillary Clinton dans l’assassinat de
l’ambassadeur Stevens lors du désastre de Benghazi
Il y a deux scandales dans le désastre
de Benghazi, en Libye, et l’ex secrétaire d’État
Hillary Clinton est impliquée dans les deux.
Le premier tient au fait le Département
d’État que présidait Mme Clinton n’a pas fourni une protection suffisante au
consulat où se trouvaient l’ambassadeur J. Christopher Stevens et l’officier de
renseignement Sean Smith. Et pire, avant d’être attaqués et tués par des
militants islamistes, le 11 septembre 2012, ils avaient demandé une protection
militaire de toute urgence, à trois reprises, et cette aide leur avait été refusée.
Hillary Clinton a dit assumer sa part de responsabilité dans ce fiasco.
Le deuxième scandale vient du fait que
l’ex secrétaire Hillary Clinton avait semble-t-il accepté que la mission
diplomatique de son ministère en Libye serve de couverture aux opérations
secrètes de la CIA dans ce pays. Cela
plaçait automatiquement les employés du ministère en danger. L’ambassadeur Stevens
avait été désigné, dès mars 2011, agent de liaison avec les rebelles opposés au
gouvernement libyen. Son rôle était de faciliter l’acheminement des armes et
proposer des tactiques pour renverser le gouvernement du président Mouammar Kadhafi.
Selon les recherches du
journaliste américain d’investigation, Seymour
Hersh, « la seule responsabilité du consulat américain [à Benghazi] était de fournir une couverture pour
acheminer des armes. Il n'avait aucun rôle politique réel assigné. »
Et ces armes n’étaient pas seulement transmises aux rebelles islamiques qui
combattaient le gouvernement libyen du président Kadhafi ; elles étaient
aussi acheminées clandestinement vers la Syrie et remises à d'autres unités
rebelles islamistes dans leur tentative de renverser le gouvernement de Bachar
al-Assad.
Tout cela est une affaire bien
trouble lorsque l’on sait que toutes ces opérations secrètes étaient illégales
en vertu du droit international, et cela jette un certain éclairage sur la
responsabilité de Hillary Clinton et sur son « expérience ».
10-
Hillary Clinton promet de nouvelles
guerres américaines de type impérial, notamment au Moyen Orient
Lors d’un récent
discours devant des délégués de l’organisation de
l’AIPAC (American Israel
Public Affairs Committee), le 21 mars, la
candidate Hillary Clinton a fait part clairement de ses intentions de
contourner les Nations Unies, quand elle a déclaré: « Je m’oppose vigoureusement à toute tentative par des tiers pour imposer
une solution [au conflit israélo-palestinien], y compris par le Conseil de sécurité de l'ONU. » Dans un discours
similaire, au cours de la primaire démocrate en
Pennsylvanie, en avril 2008, Hillary Clinton avait dit jusqu’où elle était prête
à aller pour défendre Israël, « Si
je suis présidente, nous allons attaquer l'Iran ... Nous serions en mesure de
les rayer complètement de la carte. »
Il faut vraiment avoir un esprit
psychopathique pour faire pareille déclaration, c’est-à-dire soulever la
perspective d’anéantir un pays de 80 millions de d’habitants. Un tel état
d'esprit devrait disqualifier toute personne qui aspire à devenir président des
États Unis. Son adversaire démocrate à ce moment-là, le candidat Barack Obama,
avait accusé Hillary Clinton de rodomontades et avait remarqué qu’elle
utilisait une rhétorique qui collait à celle de George W. Bush.
Hillary Clinton a toutes les qualités pour être une
propagandiste de la guerre perpétuelle. C'est probablement parce qu'elle est
imbue du dangereux mythe de l'exceptionnalisme
américain. Dans son livre biographique ‘Hard
Choices’ et dans diverses entrevues, elle a clamé haut et
fort sa conviction que « l'Amérique
reste la ‘nation indispensable’ ». C’est là un état d’esprit
dangereux, surtout venant de politiciens qui contrôlent des armes nucléaires.
L'histoire du 20ème siècle et la montée de l'Allemagne nazie devraient
enseigner à toute personne démocratique qu’il est dangereux de brandir le mythe
de la supériorité de leur nation sur les autres.
Rappelons que la candidate Hillary
Clinton a réaffirmé récemment son soutien à l’imposition par les États Unis
d’une zone
d'exclusion aérienne
en Syrie,
semblable à celle qu’elle avait proposée en Libye, en 2011, avec les résultats
désastreux que l’on sait. En effet, ce sont des terroristes islamistes qui ont
pris le relais dans ce pays. Elle semble n'avoir rien appris du fiasco qu’elle
a créé en Libye. C’est le signe d’un très mauvais jugement.
Conclusion
Le sénateur américain du Kentucky, le
républicain Rand
Paul a soutenu, en 2015, que selon lui « Hillary Clinton est une néoconservatrice, [parce
que] elle a appuyé la guerre en Irak, et
en Afghanistan ...
Si
Hillary Clinton devient présidente, nous serons de nouveau en guerre au
Moyen-Orient. »
Si on se fie à toutes les déclarations
guerrières d’Hillary Clinton, et elles sont nombreuses, et considérant son
passé trouble au Département d’État, il est normal que l’on s’interroge sur la
possibilité qu’elle soit effectivement une néoconservatrice de cœur. On devrait
le lui demander carrément lors d’un débat ou lors d’une entrevue. Tout ce que l’on
sait, c’est qu’une présidente Clinton pousserait les États Unis vers la guerre
perpétuelle. C’est là une considération à méditer pour les Américains qui
l’appuient.
Si on pousse
les choses un peu plus loin, et si on prend en considération l’héritage controversé
que le président Bill Clinton a laissé derrière lui, suite à ses deux mandats
présidentiels de 1993-1997 et de 1997-2001, de même aussi que la forte
possibilité que ce dernier agisse en tant que proche conseiller de son épouse,
on peut certes s’interroger si ce serait une bonne idée que les Américains
gratifient le couple Clinton d’un troisième séjour à la Maison-Blanche.
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Dimanche, le 22 février 2016
Les mensonges, fabrications et falsifications du gouvernement
Bush-Cheney pour attaquer l'Irak, pour son pétrole et pour Israël
Par Rodrigue Tremblay
(Auteur
des livres « Le
Code pour une éthique globale », et « Le nouvel empire américain »)
Nous [les États-Unis d’Amérique] avons
dépensé $2 billions de dollars, perdu des milliers de vies. ... De toute
évidence, ce fut une erreur ... George W. Bush a fait une erreur. Nous pouvons
faire des erreurs. Mais celle-là fut toute une beauté. Nous n’aurions jamais du
aller en Irak. Nous avons déstabilisé le Moyen-Orient ...
—Ils [Le président George W. Bush et le
vice-président Dick Cheney] ont menti ... Ils ont dit qu'il y avait des armes
de destruction massive. Il n'y en avait pas. Et ils savaient qu'il n’y en avait
pas. Il n'y avait pas d'armes de destruction massive.
Donald Trump (1946- ), propos tenus au cours d'un
débat présidentiel du parti républicain sur la chaîne CBS, le samedi 13
février, 2016.
[George W. Bush] veut renverser le régime
de Saddam Hussein, par une action militaire, en prétextant une conjonction
entre le terrorisme et les armes de destruction massive (ADM).
—Mais les renseignements et les faits
sont trafiqués de manière à justifier une politique préétablie.
Richard Dearlove (1945- ), Chef des Services secrets britanniques (MI6), (observation tirée
du rapport intitulé 'Downing Street memo', le 23 juillet, 2002).
Il ne fait aucun doute que Saddam Hussein
possède aujourd’hui des armes de destruction massive. Il ne fait aucun doute
qu'il les a stockées afin de s’en servir contre nos amis, contre nos alliés, et
contre nous.
Dick Cheney (1941- ), déclaration faite au congrès
national des vétérans américains, le 26 août, 2002.
Présenter, comme on l’a fait, l’existence
hypothétique d'armes de destruction massive comme une menace pour les
États-Unis constitue, à mon avis, une tentative de tromper sciemment le peuple
américain.
Général Hugh Shelton (1942- ), ancien Chef des
armées américaines de 1997 à 2001, (opinion émise dans ses mémoires intitulées
« Sans hésitation: l'odyssée d'un guerrier américain », 2010).
Nous [les États-Unis d’Amérique] sommes
allés en guerre non seulement contre l’Irak et pas seulement contre des groupes
d'insurgés, mais aussi contre une grande partie du monde arabe, contre des
dizaines et des dizaines de millions de personnes ... Ce fut une erreur
stratégique de proportions monumentales de croire que cette guerre allait être
confinée à l'Irak ... [Cette guerre en Irak] est en passe de devenir le plus grand
désastre stratégique de toute notre histoire.
Général William E. Odom (1932-2008), commentaire émis
devant le Comité des relations étrangères du Sénat américain, le 18 janvier,
2007.
Le
candidat républicain aux élections présidentielles américaines, Donald
Trump, a rendu un grand service à la vérité et aux historiens de
l’avenir en déclarant publiquement, le samedi 13 février, 2016, ce que la plupart
des gens savaient déjà, à savoir que la guerre d'agression des États-Unis
contre l'Irak, en mars 2003, était non seulement illégale au regard du droit
international; elle fut aussi un grand exercice de propagande trompeuse et
reposait sur des documents truqués, sur une série de mensonges et sur des
falsifications.
Pour ma part, j’ai publié un livre au
début de 2003, lequel détaillait la façon dont le gouvernement de George W.
Bush et de Dick Cheney avait monté un casus
belli sous de faux prétextes contre l’Irak, avec l'aide de néoconservateurs
pro-israéliens œuvrant dans les échelons supérieurs du gouvernement américain.
La maison d’édition ‘Les Intouchables’ de
Montréal publia une première édition du livre en février 2003, sous le titre
« Pourquoi Bush veut la guerre ». Cette dernière fut suivie, en 2004,
d’une version en langue anglaise publiée aux États-Unis sous le titre
« The New American Empire ». En 2005, l’éditeur français l’Harmattan
publia une version européenne intitulée « Le nouvel empire américain ».
La maison ‘Nova Publishing’ de Ankara, en Turquie, publia par après une
traduction en langue turque intitulée ‘Yeni Amerikan
Imparatorlu›u’.
Les machinations et les truquages
derrière la guerre désastreuse contre l'Irak, laquelle a littéralement fait des
centaines
de milliers de morts et créé des millions
de réfugiés, et laquelle a complètement déstabilisé l'ensemble
du Moyen-Orient, constituent donc un sujet que j’ai étudié depuis plusieurs
années.
On ne sera guère surpris que
j’aie accueilli la sortie de M. Trump avec satisfaction lorsque ce dernier
décida d’ouvrir les yeux du public américain sur la réalité de la guerre en
Irak, même si les personnes impliquées dans cette travestie coupable n’ont pas
été inculpées, et encore moins condamnées, pour leur négligence et leur
duplicité, sinon pour leur trahison, en vertu des articles de la Charte
de Nuremberg et de la Charte des
Nations Unies. Pire peut-être encore, aucune enquête publique sérieuse
de cet épisode sordide du début du 21ème siècle n’a
été conduite pour éclaircir comment le gouvernement
du duo Bush-Cheney a planifié une attaque militaire préméditée contre l'Irak
dans le but de provoquer un « changement de régime politique » dans
ce dernier pays.
Par conséquent, il serait
peut-être utile de résumer la triste liste des événements qui ont conduit à ce
que le général américain William Odom a qualifié du « plus grand désastre
stratégique de l'histoire des États-Unis ». Nous pouvons aussi dire que
cette guerre illégale a été une grande catastrophe pour les populations du Moyen-Orient,
et elle pourrait aussi se révéler être un désastre pour l'Europe et le monde
dans son ensemble, surtout si le chaos actuel dans cette partie du monde devait
conduire à une troisième
guerre mondiale.
1- UN EXERCICE DE DÉCEPTION:
Quand George W. Bush prit le pouvoir en janvier 2001, son secrétaire au Trésor,
Paul H. O'Neill
(1935- ), l'ancien PDG d'Alcoa, rappelle que le projet de renverser le
gouvernement irakien de Saddam Hussein fut soulevé par Bush dès la première
réunion du cabinet de la nouvelle administration. Dans la biographie de M.
O'Neill, sous la plume du journaliste Ron Suskind et intitulé “The
Price of Loyalty”, (Le prix de la loyauté), il
y est indiqué que George W. Bush avait pleinement l'intention d'envahir l'Irak
et faisait tout en son possible pour trouver une excuse afin de lancer une
guerre préventive contre Saddam Hussein. Comme l’écrit M. Suskind, il circulait
même un document du Pentagone, daté du 5 Mars 2001 et intitulé « Candidats
potentiels étrangers pour des contrats dans les champs pétroliers
Irakiens », lequel contenait une carte géographique des zones pétrolifères
à développer en Irak. Bien sûr, on s’était bien gardé de faire allusion à un
tel plan détaillé
dans le cadre de la campagne électorale de l’an 2000, et encore moins d’en
débattre.
Cependant, un organisme de recherche
néoconservateur et pro-Israël baptisé du nom de « Projet
pour le Nouveau Siècle Américain » (PNAC), avait élaboré un projet
pour renverser le gouvernement irakien, et cela dès septembre 2000. Le double
objectif de base visait à sécuriser l'accès aux réserves pétrolières de l'Irak
et à supprimer un ennemi potentiel de l'état d'Israël. Ce groupe de réflexion,
fondé par William Kristol et Robert Kagan, était principalement dirigé par le
vice-président Dick Cheney; par le secrétaire de la défense Donald Rumsfeld;
par Paul Wolfowitz, (l'adjoint de Rumsfeld au ministère de la défense); par Jeb
Bush, le frère cadet de George W. Bush, alors gouverneur de la Floride; et par
Lewis Libby, l'adjoint de Cheney.
Son mémorandum sur l'Irak portait le titre de « Reconstruire les Défenses de l'Amérique:
Stratégies, Forces et Ressources pour un Nouveau Siècle ».
Il y était clairement indiqué que: « En
fait, les États-Unis cherchent depuis des décennies à jouer un rôle plus
durable dans la sécurité régionale du Golfe [Persique]. Alors que le conflit non réglé avec l’Iraq lui donne
une justification immédiate, le besoin d’une présence militaire américaine
significative dans le Golfe va au-delà de la question du renversement
du régime de Saddam Hussein ». Ce fut ce projet que l'administration nouvellement
élue de Bush-Cheney décida de faire sien, en secret, huit mois avant les
attaques terroristes de 9/11.
Il est aussi pertinent et nécessaire de mentionner que le document de la PNAC sur l'Irak, mentionné ci haut, suivait à la trace
un autre rapport, rédigé en 1996 pour le gouvernement israélien de Benjamin
Netanyahu et intitulé « A
Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm ». Ce document indiquait ceci : « Israël peut modeler son environnement
stratégique en coopération avec la Turquie et la Jordanie, en affaiblissant, en
endiguant et même en repoussant la Syrie. Afin de contrecarrer les ambitions
régionales de la Syrie, les efforts pourraient viser à expulser Saddam Hussein
du pouvoir, un objectif stratégique en soi important pour Israël. »
En 2001, l'administration Bush-Cheney
semblait avoir fait sienne la stratégie proposée au gouvernement israélien
quelques années auparavant.
2- POSSIBLE NÉGLIGENCE: Dans quelle
mesure le gouvernement de Bush-Cheney a été négligent en ne prenant pas les
mesures nécessaires pour empêcher les attaques terroristes de 9/11? C’est là
une question légitime étant donné que la Maison Blanche de George W. Bush avait
reçu, le lundi 6 août 2001, soit 36 jours avant les attaques terroristes, un
rapport confidentiel de la CIA intitulé « Ben
Laden est déterminé à frapper les Etats-Unis ». M. Bush était
alors en vacances d'un mois dans son ranch de Crawford, au Texas, et aucune
alerte ou mesure spéciale ne furent lancées ou prises afin d’avertir les
autorités pertinentes du danger.
3- UN GOUVERNEMENT PARALLÈLE : Dès
le début, la nouvelle administration de Bush-Cheney créa un organisme
bureaucratique spécial pour la collecte de renseignements, pour faire de la
propagande et pour coordonner les préparatifs de guerre. Ce fut le bureau du
Pentagone baptisé du nom de ‘Office de
Planification Spéciale’ (OPS), lequel fut placé sous la supervision
directe de Paul Wolfowitz, le secrétaire adjoint à la Défense. Tel que rapporté
par le renommé journaliste Seymour Hersh, le nouvel organisme avait été conçu
avec comme but de contourner la C.I.A. et la propre agence de renseignements du
Pentagon, la D.I.A., et devait servir de source principale de renseignements
pour le Président Bush concernant la possession possible par l'Irak d'armes de
destruction massive et la relation éventuelle de ce dernier pays avec le réseau
terroriste al-Qaïda. La nouvelle agence avait aussi comme mission de trouver
des arguments ou des prétextes pour que les États-Unis puissent se lancer en
guerre contre l'Irak. Douglas Feith, un sous-secrétaire à la Défense, dirigeait
l'organisme quasi secret, assisté de William Luti, un ancien officier de la
marine et un ex-collaborateur du vice-président Dick Cheney.
Un fait important qui aurait dû faire
l’objet d’une enquête, mais qui ne l’a pas été, était la facilité avec laquelle
certains généraux israéliens avaient libre accès à l'OPS, tel que cela fut
rapporté par la lieutenant-colonel
Karen
Kwiatkowski, une spécialiste du
Moyen-Orient et une haut gradée de la ‘Air Force’ américaine, affectée à
l’agence.
4- UNE PROPAGANDE DE GUERRE : Suite
aux évènements du 11 septembre 2001, peu d'Américains pensaient accuser l'Irak
d’avoir été derrière les attaques terroristes, car aucun des 19
terroristes impliqués avait quelque rapport que ce soit avec
l'Irak. En fait, les 19 pirates de l'air dans les attentats du 11 septembre
étaient affiliés au groupe terroriste islamiste al-Qaïda et 15 sur 19 étaient
des citoyens de l'Arabie Saoudite, 2 étaient des citoyens des Émirats arabes
unis et les 2 autres venaient de l'Egypte et du Liban. Aucun d’entre eux ne
venaient de l'Irak. De plus, leurs camps d'entraînement étaient situés en
Afghanistan.
Voilà pourquoi, dans les sondages faits
dans la foulée du 11 septembre 2001, seulement 3
pour cent des Américains mentionnaient l’Irak ou Saddam Hussein comme
responsables possibles des attentats. Il fallait donc, de toute évidence,
changer cette perception si le gouvernement de Bush-Cheney voulait se lancer à
tout prix en guerre contre l'Irak. C’est alors que fut lancée une campagne concertée pour soulever,
dans l’esprit du public, le mythe des armes
de destruction massive supposément cachées en Irak et les liens
présumés que Saddam Hussein était sensé entretenir avec le réseau al-Qaïda, le
tout avec le concours actif des médias néo-conservateurs américains.
Ainsi, en septembre 2003, la propagande
avait tellement bien réussi que, selon un sondage du journal Washington
Post, 69 pour cent des Américains en étaient venu à croire que Saddam
Hussein avait été personnellement impliqué dans les attaques menées par
al-Qaïda, même si il n'y avait aucune preuve d’un tel lien entre les deux.
Telle est la force de la propagande gouvernementale lorsque les médias
collaborent dans l'exercice de désinformation.
L'histoire enregistrera que les
États-Unis n'ont pas usé de représailles contre l'Arabie Saoudite, un pays qui
avait beaucoup à voir avec les attaques terroristes du 9/11, mais qu’il l'a
fait avec violence contre l'Irak, un pays qui n'avait eu rien à voir avec les
attentats. Ce fut un exemple remarquable de propagande de guerre, laquelle
servit à monter un dossier falsifié contre l'Irak pour attaquer et envahir ce
pays, sans égard à la vérité factuelle.
Tous ces faits sont bien documentés et
corroborés. Les futurs historiens auront donc de nombreuses sources pour
établir la vérité historique.
Conclusion
En
alertant la population américaine sur la tricherie du gouvernement de Bush-Cheney
pour aller à la guerre contre l'Irak, le candidat présidentiel Donald Trump a
rendu un grand service à son pays. Il est irréfutable que la guerre que les
Etats-Unis ont lancé au Moyen-Orient a causé beaucoup de destruction et
beaucoup de misère en Irak et dans l'ensemble du
Moyen-Orient.
Et les séquelles de la catastrophe initiale se poursuivent encore aujourd'hui,
treize ans après l'invasion militaire américaine de l'Irak en 2003.
Un événement comparable dans
l’histoire récente où un pays fortement armé a envahi militairement un autre
pays plus faible a été la décision du chancelier allemand Adolf Hitler
d'envahir la Pologne le 1er septembre 1939, plongeant alors l'Europe dans le
chaos pour de nombreuses années. Il faut espérer que le chaos actuel au
Moyen-Orient, avec des opérations militaires menées pas un si grand nombre de
pays, tant en Irak qu’en Syrie, ne débouchera sur une catastrophe encore plus
grande.
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Samedi, le 23 janvier 2016
Troubles financiers et risques accrus d’une récession économique
mondiale sévère en 2016-17
« Puissiez-vous
vivre en des temps intéressants. »
Sort maléfique, censé être la traduction
d'une malédiction chinoise traditionnelle
« Les
causes d’une déflation ne sont pas un mystère. La déflation est dans presque
tous les cas un effet secondaire d'un effondrement de la demande globale —une
baisse des dépenses si grave que les
producteurs doivent abaisser leurs prix sur une base continue afin de trouver
des acheteurs. De même, le effets économiques d'un épisode déflationniste sont,
en général, similaires à ceux de toute autre forte baisse dans les dépenses
globales, à savoir, une récession, une hausse du chômage, et des troubles
financiers. »
Ben S. Bernanke (1953-), le 21 novembre, 2002
« Permettez-moi de réitérer ce que j’ai dit à la même
date l'année dernière et l'année précédente... Tôt ou tard, il aura un crash
financier et il sera terrible. Nous entrerons dans un sérieux cercle vicieux et
le résultat sera une dépression économique majeure. Il y aura une ruée pour
vendre, laquelle dépassera tout ce que nous avons vu à la Bourse. Il serait
prudent pour les investisseurs d’alléger dès maintenant leurs dettes. »
Roger Babson (1875-1967), le 5 Septembre, 1929
Ce début d’année 2016 s’est révélé fort chaotique
pour les marchés financiers mondiaux, si on considère pour l’instant la sévère
correction boursière qui a cours. En réalité, ce premier mois de l'année 2016 a
enregistré la baisse la plus sévère des valeurs financières jamais vue en un
début d’année, alors que l’indice MSCI
mondial, lequel
mesure les principaux marchés boursiers des pays développés et émergents, a
chuté de plus de 20 pourcent, par rapport à sa valeur du début de 2015. Pour
sûr, il y aura des rebondissements de marché survendu dans les semaines et les
mois à venir, mais cela pourrait être néanmoins le signe avant-coureur de
troubles financiers et économiques.
Plusieurs commentateurs ont peut-être un
peu trop vite conclu que l'épicentre de ce début de crise financière et
économique se trouvait en Chine, suite aux fortes chutes de l’indice composite
de Shanghai en début d'année. À mon avis, la réalité est plus complexe, et même
si les problèmes financiers et économiques de la Chine contribuent certes à
l'effondrement des prix mondiaux des produits de base, l'épicentre de la crise
se trouve encore, à mon avis, à Washington D.C.
En effet, ce début de crise est
essentiellement un prolongement de la crise
financière de 2007-08, laquelle fut temporairement suspendue et
repoussée dans le temps par la banque centrale américaine, la Fed, grâce à sa
politique monétaire agressive et peu orthodoxe de lancer plusieurs rondes d’assouplissements
monétaires quantitatifs (QE), à savoir l'achat
de grandes quantités d'actifs financiers auprès des méga-banques commerciales
et autres institutions américaines, y compris des titres adossés à des
hypothèques, avec de l'argent nouvellement créé. En conséquence, le bilan de la
Fed est passée d'un peu plus d'un billion (trillion en anglais) de dollars en
2008 à environ quatre et demi billions de dollars au moment où le programme
d'assouplissement monétaire quantitatif fut suspendu, en octobre 2014.
D’ailleurs, d'autres banques centrales ont emboité le pas à la Fed, en
particulier la Banque centrale du Japon et la Banque centrale européenne, alors
que toutes deux ont également adopté des politiques d'assouplissement monétaire
en se portant acquéreur de grandes quantités d'actifs financiers.
On peut se demander quels sont les motifs
qui ont poussé la Fed
américaine à se lancer dans une politique monétaire ultra agressive en
2008. Il y a trois raisons principales qui expliquent cette décision. En
premier lieu, c’est un fait que le gouvernement de fin d’exercice de George W.
Bush était dépassé par les faillites successives de méga-banques américaines, à
commencer par celles de la banque d’affaires Bear Stearns au
printemps de 2008 et celle de Merrill Lynch au
début de septembre de la même année. La panique atteignit son paroxysme le
lundi 15 septembre 2008 quand la grande banque d’affaires internationale Lehman Brothers
fit faillite à son tour. Devant la paralysie du gouvernement, la Fed crut de
son devoir d’intervenir en force.
Elle commença par la fusion forcée des
deux premières banques en difficulté, la première avec la banque JPMorgan Chase et la deuxième avec la Bank of America. (Pour des raisons obscures, elle se refusa à faire
la même chose quand la banque Lehman Brothers s’effondra à son tour.)
En deuxième lieu, il faut dire que les
grands banquiers américains s’opposaient avec force à l’idée que le
gouvernement américain nationalise les méga-banques en difficulté, comme cela
avait été fait vingt ans auparavant quand le gouvernement de Bush père avec
créé la Resolution
Trust Corporation,
en 1989, pour prendre le contrôle de 747 banques
d’épargne qui avaient dû déposer leur bilan.
Et,
troisièmement, la Fed craignait à juste titre que la crise bancaire de 2007-08
et l’effondrement des cours boursiers ne débouchent sur une déflation
généralisée, selon le modèle vécu par le Japon en 1987, comme c’est le cas quand une panique
financière frappe une économie surendettée. Elle souhaitait éviter à tout prix
une dépression
économique causée par la déflation des dettes, comme cela s’est produit dans les années ’30.
Mais
l’injection massive de liquidités monétaires dans une économie comporte ses propres
r isques. Cela peut en effet se traduire en une énorme bulle financière, tant sur le marché boursier que sur le marché
des obligations, quand le nouvel argent ainsi créé vient gonfler les marchés
financiers, alors que la croissance de l’économie réelle de la production et de
l’emploi demeure léthargique. En fait, depuis 2009, le marché boursier
américain a monté en flèche, alors que les taux d’intérêt s’effondraient et que
le marché obligataire explosait à son tour.
Un événement
important s’est produit le mercredi 16 décembre dernier quand la Fed annonça
qu’elle ne soufflerait plus dans le ballon financier et qu’elle allait plutôt
commencer à resserrer le crédit. Elle annonça en fait qu’elle haussait la
fourchette de son taux prêteur sur le marché des fonds bancaires fédéraux qui
était auparavant de zéro à ¼ pourcent, à entre ¼ et ½ pourcent. C’était le signal de la fin de la
récréation et que le règne de l’argent gratuit venait de prendre fin. En
pratique, cela voulait dire que dorénavant le marché boursier allait davantage
être tributaire des perspectives économiques réelles et qu’il en irait de même
du marché obligataire. Dans ces circonstances, il est normal que les deux
marchés aillent en sens inverse, la prospérité faisant hausser les titres
boursiers mais les pressions inflationnistes faisant chuter le marché
obligataire, quoique la banque centrale ne fasse.
Depuis 2008,
la banque centrale américaine s’est lié les mains avec ses prêts bancaires au
taux plancher, et j’ai toujours cru qu’elle rencontrerait des difficultés quand
elle voudra y mettre fin. En effet, il est toujours périlleux de vouloir
restreindre une bulle financière qu’on a soi-même créée —comme la Fed l’a fait
pour sauver les grandes banques américaines de la faillite —sans que l’économie
réelle n’en souffre tôt ou tard. Dans le cas présent, si les marchés boursiers
mondiaux continuent à se contracter et que la déflation mondiale des prix s’accélère,
cela contribuera à alourdir les dettes des consommateurs, des sociétés et des
pouvoirs publics, et ce sera possiblement une répétition à grande échelle de ce
que le Japon vit depuis un quart de siècle, (c’est-à-dire, la
déflation, des taux d’intérêt plancher et une stagnation économique relative).
Pour le
moment, cette déroute financière a de fortes chances de provoquer une récession
économique en 2016-17. Et un retour en arrière nous montre que le monde
pourrait aussi revivre la série d’événements économiques et financiers de
1937-38 quand un krach boursier et une récession se renforcèrent l’un l’autre,
et cela, huit ans après la crise boursière et financière majeure de 1929-32.
En conclusion,
on peut dire que la création de la Fed en 1913, en tant que banque centrale
semi publique, semi privée, n’a pas mis fin à la récurrence des crises
financières. Ses politiques, cependant, ont été fort bénéfiques aux grandes
banques parce que c’est par son intermédiaire qu’elles ont pu socialiser leurs
pertes.
Il faudra
suivre le tout de très près.
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