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Mercredi, le 8 janvier 2020
Le pari risqué de
Donald Trump avec l’Iran pour distraire de ses problèmes politiques intérieurs
« Ne laissez pas [le
Président Barack] Obama jouer la carte de
l'Iran pour déclencher une guerre afin d'être élu. — Républicains, faites
attention ! »
Donald Trump
(1946-), 45e président américain et propriétaire d’hôtels et de casinos,
(déclaration faite dans un tweet, le lundi 22 octobre 2012).
« Vous
pouvez tromper tout le monde un certain temps ; vous pouvez
même tromper quelques personnes tout le temps ; mais vous ne pouvez
pas tromper tout le monde tout le temps. »
Jacques Abbadie (1654-1727), Protestant
français, en1684. (N.B. : Souvent
attribué faussement à Abraham
Lincoln)
« D’un point de
vue politique, le nationalisme tribal insiste toujours sur le fait que son
propre peuple est entouré par « un monde d'ennemis », que c’est
« un contre tous », et qu’il a une grande différence entre ce peuple
et tous les autres. Il prétend que son peuple est unique, spécial, incompatible
avec tous les autres, et il repousse en théorie la possibilité même d'une
humanité commune bien avant qu'il ne soit utilisé pour détruire
l'humanité. »
Hannah Arendt (1906-1975), (dans ‘Les origines
du totalitarisme’, 1951)
« Bien avant que des leaders ne s’emparent du
pouvoir afin d’adapter la réalité à leurs mensonges, leur propagande comporte
un mépris extrême pour les faits en tant que tels, car, dans leurs esprits, la
réalité dépend entièrement du pouvoir qu’ont les hommes de la fabriquer. »
Hannah Arendt (1906-1975),
(dans ‘Les origines du totalitarisme’, 1951)
J’ai pensé depuis longtemps que Donald
Trump était le genre d’homme capable de faire n’importe quoi pour conserver le
pouvoir, et je veux dire n’importe quoi, y compris recourir au meurtre et à
l’assassinat — s’il était un jour menacé de destitution, — et même de commettre
un acte de guerre contre un pays étranger. — Eh bien, comme je le craignais,
c’est essentiellement ce qu’il a fait contre l’Iran.
Tel
est de nos jours, sous le régime de Donald Trump, le niveau de moralité
politique aux États-Unis. Il est plutôt bas, merci. Une technique politique
assez cynique qu’on appelle «wag-the-dog» aux États-Unis, laquelle consiste à créer une grande
diversion pour détourner l’attention du public, est bien vivante et elle est
employée fréquemment par des politiciens sans scrupules lorsqu’ils se
retrouvent en difficulté. Certains s’y font souvent prendre.
Au cours des années, le
gouvernement américain a mené une campagne fort agressive envers l’Iran :
1- Pour sa part, le Président
Donald Trump a intensifié les déclarations et les mesures de rétorsion contre
l’Iran. Il y a, en effet, une longue liste de déclarations
menaçantes faites par M. Trump à
l’encontre de l’Iran et de sa population de 80 millions d’habitants :
En
2012, par exemple, alors qu’il était encore un simple citoyen, il a déclaré,
concernant l’Iran et ses habitants, que les États-Unis « pourraient les expédier vers l’Âge de
pierre! ».
De
même, le 5 septembre 2013, il fit une autre déclaration incendiaire, disant que
« peut-être devrions-nous détruire
l’Iran et ses capacités nucléaires! »
Aussi
récemment que dimanche le 5 janvier dernier, Donald Trump a déclaré, sur Twitter, être prêt à
détruire 52 sites
culturels iraniens, ce
qui pourrait constituer un crime de guerre, etc., etc.
2- Ajoutons au tableau la
cascade de sanctions
économiques et financières sévères que le gouvernement étasunien a imposées à
l’Iran. Ces sanctions, décrites par le président américain comme « les
plus sévères jamais imposées à un pays », vont d’un embargo sur les
exportations iraniennes de pétrole, d’acier, d’aluminium, etc. jusqu’à
l’interdiction d’utiliser le dollar américain à tout pays dans ses transactions
commerciales avec l’Iran. Il va de soi que de telles sanctions ont eu des
effets dévastateurs sur l’économie iranienne.
En 1955, les États-Unis avaient pourtant signé un traité
d’amitié avec l’Iran. Comme ce traité n’a jamais été résilié, les quinze juges
de la Cour
internationale de justice, située à La Haye, décidèrent à
l’unanimité, le 3 octobre 2018, que les sanctions commerciales imposées par les
États-Unis étaient une violation du traité. Cependant, l’administration de
Donald Trump a ignoré l’avis de la cour.
3- La date du 8 mai 2018 est
aussi une date fatidique car elle marque une autre provocation américaine
contre l’Iran et une insulte envers plusieurs pays.
C’est
en effet la date quand le président américain Donald Trump a annoncé que les
États-Unis se retiraient de l’Accord
sur le nucléaire iranien, une entente signée le 24 novembre 2013, par l’Iran
et les six pays que sont la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni, les
États-Unis et l’Allemagne, et dont le but principal était de stabiliser le
Moyen-Orient. Cette décision a ouvert une Boîte de Pandore de catastrophes à
venir. Mais Donald Trump voulait plaire à ses grands donateurs sionistes et
espérer se créer une image d’homme fort, et … au diable les conséquences !
4- Évidemment, la plus grande
provocation de Donald Trump, à date, a été de faire ce qu’aucun président
américain n’avait fait auparavant, c’est-à-dire passer l’ordre d’assassiner un
haut général iranien, membre du gouvernement iranien. Cet attentat semble avoir
été coordonné
avec le
gouvernement israélien.
En
effet, l’assassinat du général
Qassem Soleimani, et celle du chef de milice
irakien Abu
Mahdi al-Muhandis, avec une frappe de drones
américains sur l’aéroport de Bagdad, le 2 janvier dernier, est un acte de
guerre et comme cela était fort prévisible, il a enflammé le Moyen-Orient.
Peut-être
qu’en ce faisant, le politicien étasunien Trump a voulu se draper du manteau de
« commandant militaire en chef »
en prévision de son procès pour destitution au Sénat américain et pour la
prochaine élection présidentielle américaine de 2020.
Il
s’agit d’un stratagème politique qui a bien fonctionné pour George W. Bush en
2003, avec son invasion militaire de l’Irak, une guerre d’agression illégale et
coûteuse, dans laquelle les États-Unis sont toujours impliquées, 17 ans plus
tard. On sait aujourd’hui, et cela est bien connu, que la guerre contre l’Irak
reposait sur de gros
mensonges, c’est-à-dire ceux sur les armes de destruction massive (ADM)
inexistantes en Irak.
Depuis
2018, et avec sa décision militaire du début de l‘année, Trump a pensé pouvoir
répéter la même arnaque que celle de
Bush-Cheney en 2003, et il pense sans doute pouvoir récolter les mêmes
avantages politiques et monétaires de la part des fort nombreux groupes
bellicistes qui s’agitent aux États-Unis.
Conclusion
Il
reste à voir jusqu’où ira l’aventure militaire risquée entre les deux pays. Il
reste aussi à voir si le peuple américain et le Congrès américain suivront
Donald Trump dans son pari militaire risqué contre l’Iran.
Sa
déclaration du 8 janvier était vide de contenu, et elle n’inspire guère
d’optimisme pour l’avenir.
[A
suivre]
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Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à
l’Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur
essai en 2018 « La régression
tranquille du Québec, 1980-2018 », (Fides).
Il est
l’auteur du livre « Le nouvel empire américain » et du livre « Le Code pour une éthique globale », de même que de son dernier
livre publié par les Éditions Fides et intitulé « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 ».
Site Internet de
l'auteur : http://rodriguetremblay.blogspot.com/
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Mis en ligne,
mercredi, le 8 janvier, 2020, à 12h30 pm.
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© 2020 Prof.
Rodrigue Tremblay