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Lundi, le 26 mars 2018
Donald Trump : Est-il trop dangereux pour être un chef
d’État ?
Par
le Professeur Rodrigue Tremblay
Auteur
du livre « Le
nouvel empire américain » et du livre « Le
Code pour une éthique globale ».
« Nous [les États-Unis d’Amérique] avons dépensé $2 billions de dollars, perdu des milliers de vies. ...
De toute évidence, ce fut une erreur ... George W. Bush a fait une erreur. Nous
pouvons faire des erreurs. Mais celle-là fut toute une beauté. Nous n’aurions
jamais du aller en Irak. Nous avons déstabilisé le Moyen-Orient ...
—Ils [Le
président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney] ont menti ... Ils ont dit qu'il y avait des armes de destruction
massive. Il n'y en avait pas. Et ils savaient qu'il n’y en avait pas. Il n'y
avait pas d'armes de destruction massive. » Donald Trump (1946- ), propos tenus au cours d'un débat
présidentiel du parti républicain sur la chaîne CBS, le samedi 13 février,
2016.
« La déficience mentale et un penchant
criminel ne s'excluent pas mutuellement; non seulement ils peuvent se produire
en même temps, mais une fois combinés, ces deux caractéristiques deviennent
particulièrement dangereuses. » Bandy
X Lee (1970-), psychiatre et professeur à la Yale School of
Medicine et éditeur du livre
'Le cas dangereux de Donald Trump: 27 psychiatres et experts en santé mentale
évaluent un président’, 2017.
« Un autocrate en devenir est typiquement une
personne élue tout en étant anti établissement et qui dédaigne les normes,
remet en question la légitimité de ses adversaires politiques, tolère la
violence et est enclin à violer le principe de la liberté de la presse. » Steven Levitsky (1968-) et Daniel Ziblatt (1972-), (dans leur livre How
Democracies Die (‘Comment les démocraties meurent’), 2018,
312 p.)
«
… Un empire c'est le despotisme et un empereur c'est un despote, lié par aucune
loi ou limitation si ce n'est sa seule volonté ; c'est l'extension de la
tyrannie au de la de la monarchie absolue. Car, bien que la volonté du monarque
fasse loi, ses édits doivent être enregistrés par les parlements. Même cette
formalité n'est pas nécessaire dans un empire. »
John Adams (1735-1826)
2ème président américain (1797-1801),
(tiré de ‘The Political Writings of
John Adams: Representative Selections’, 2003)
« Connaître et ne pas savoir, être conscient
de la vérité complète tout en racontant des mensonges soigneusement construits,
émettre simultanément deux opinions qui s'annulent, en sachant bien qu'elles
sont contradictoires et en les croyant toutes les deux, confronter la logique
contre la logique, répudier la moralité tout en prétendant y souscrire...
Raconter délibérément des mensonges en
croyant réellement en eux, passer sous silence tout ce qui est devenu gênant,
puis, quand cela devient nécessaire, le retirer de l'oubli aussi longtemps que
nécessaire, nier l'existence de la réalité objective ... »
George Orwell (Eric Arthur
Blair) (1903-1950), romancier anglais, essayiste et critique social, (dans son
livre« 1984 », 1949, chap.2)
Introduction
Le président étasunien Donald
Trump (1946-), en tant que politicien, a réussi à attirer vers lui des
électeurs insatisfaits ou partiellement insatisfaits de leur situation
économique ou sociale. En effet, les inégalités
de revenu et de richesse ne cessent de s’accroître aux États-Unis, et
la balance penche du côté des gagnants, même si les perdants sont beaucoup plus
nombreux. De plus, ces derniers n’ont pas été compensés sous la forme de
programmes de perfectionnement ou de programmes sociaux plus accessibles. En
d'autres termes, de nombreux Américains sont aujourd’hui désillusionnés face
aux chances de réaliser le rêve américain et la façon dont le système et les politiques
publiques les désavantagent. Trump attirent également les électeurs intéressés
par une seule question de politique.
Tout cela crée un
terrain fertile pour un politicien populiste. Cela est arrivé ailleurs, et cela
est une réalité politique aujourd’hui aux États-Unis. Par contre, il est aussi
normal que Donald Trump soit fortement contesté par divers establishments et
conspué par ceux et celles à qui son populisme répugne.
Mais au-delà des
considérations purement personnelles qu’ont les gens de l’appuyer ou de le
combattre, quels sont les traits de caractère de ce néophyte en politique qui
font peur, et pas seulement aux États-Unis ?
À titre d’exemple,
certains observateurs
ont tracé un parallèle entre l'actuel occupant de la Maison Blanche et
l’empereur décadent Caligula
(12-41 EC) de la Rome Antique. Caligula était un populiste
autocratique, imprévisible, déséquilibré et narcissiste à l’extrême, qui
manquait de retenue. C’était aussi un sociopathe qui aimait offenser et
humilier les gens. De plus, Caligula voyait la politique comme un spectacle.
Les historiens relatent qu’il se complaisait dans la pornographie et dans le
sexe, et qu’il affectionnait perturber et mépriser les institutions. C’était un
va-t’en-guerre accompli qui courtisait l’armée.
Un auteur de
biographie trouve aussi des similitudes croissantes entre le comportement de
Trump, comme politicien, et le dictateur nazi Adolf
Hitler (1889-1945), en puisant à même son livre dont le titre est ‘Pourquoi
Hitler ? Enquête sur l’origine du mal’, 1998. En effet, Ron Rosenbaum (1946- )
explique comment les attaques répétées de Trump contre les médias et les
tribunaux ressemblent à une tactique employée, en Allemagne par Hitler, pour
consolider son pouvoir. L’histoire a un moyen de se répéter et personne ne
devrait penser que des expériences passées désastreuses ne peuvent pas se
reproduire de nos jours.
Peu importe si cela est le cas ou non, ce que
l’on peut dire, en toute certitude, c’est que jamais dans toute son histoire les
États-Unis n’ont été confrontés à un président aussi atypique que ce que Donald
Trump représente. Des personnes qui le connaissent bien ont même lancé l’alerte
que M. Trump était « profondément
malade mentalement », qu’il « n’était
pas connecté à la réalité » et de plus, qu’il perdait facilement
patience et qu’il agissait souvent sous l’effet de la colère, dans des élans de
pure
folie. Ce sont là, on en conviendra, des traits de caractère très dangereux
pour un président des États-Unis, si tout cela est véridique.
En effet, la Maison Blanche avec Trump à sa tête
semble être continuellement en proie à la tourmente, au désarroi et, à
certaines occasions, se retrouve en plein chaos,
et que le
président étasunien montrait des signes probants d’être mentalement
instable et d’agir impulsivement, comme une sorte d’électron libre, dans presque
tout ce qu’il fait. Trump est aussi une personne qui recourt
souvent au bluff
et qui est obsédée par la vengeance, n’hésitant pas
à congédier
les gens à tour de bras pour n’importe laquelle raison, parfois d’une manière
tout à fait ignoble. Ce devrait certainement être un autre signal d’alarme et
de consternation.
Il vaut la peine ici de rappeler ce que déclara
l’ancien directeur de la CIA sous Barack Obama, M. John Brennan (1955-), se
référant à Donald Trump et à son congédiement mesquin du no 2 du FBI, M. Andrew
McCabe (1968- ), le vendredi 16 mars 2018, quelques heures avant que ce dernier
ne devienne admissible à une pension :
« Lorsque l’étendue complète de votre
vénalité, de votre turpitude morale et de votre corruption politique sera
connue, vous occuperez votre juste place parmi les démagogues déshonorés dans
les poubelles de l’histoire. Vous
pouvez faire d’Andy McCabe un bouc émissaire, mais vous ne détruirez pas
l’Amérique… L’Amérique triomphera de vous. »
Récemment, par exemple, on rapporte que Donald
Trump a voulu déclencher une guerre
commerciale internationale pour la raison puérile qu’il ne voulait pas
qu’on « rit de lui » !
C’est quelque chose de fort troublant, car cela repose sur une pensée économique
erronée et sur de fausses
données. Un président américain fortement protectionniste peut faire
beaucoup de mal à l’économie mondiale.— Le principal conseiller économique de
Trump, Gary Cohn, en avait assez de cette folie et il démissionna
sur le champ. Trump ne veut autour de lui que des « faire-valoir ».
Dans les prochains mois, je crains fort que les
consommateurs américains et les marchés boursiers mondiaux donnent leur propre
évaluation de la folie économique de Trump, et ce ne sera pas joli.
Par conséquent,
plusieurs observateurs en sont venus à la conclusion que M. Trump n’est pas
assez mature et pas assez compétent pour occuper le poste de président des
États-Unis. Dans son livre « Feu
et Fureur: à l’intérieur de
la maison blanche de Trump », l’auteur Michael Wolff écrit que « Trump mène la vie ... d’un personnage de
fiction », un homme distrait, souvent coupé de la réalité, tout à fait
à l’aise de s'appuyer sur de soi-disant « faits
alternatifs », faux et subjectifs. Pour de telles personnes,
seules les apparences comptent, pas la réalité.
Des personnes qui le
suivent de près l’ont qualifié d’imprévisible
et d’incohérent.
En effet, l’inconsistance
intellectuelle de Trump dépasse l’entendement. Il peut adopter, presque
simultanément, deux positions opposées sans broncher … et sans s’excuser.
Et, comme si cela
n’était pas assez sérieux, Donald Trump n’a pris aucune mesure pour éviter
l’apparence et la réalité de conflits
d’intérêts découlant de sa fonction, dont le moindre n’est pas celui
d’un niveau de népotisme
rarement vu à la Maison Blanche.
Essayons d’y voir un
peu plus clair et complétons le tableau politique étasunien :
1. Le
système électoral américain favorise les républicains
Premièrement, disons que c’est une des
particularités du système démocratique américain qu’il arrive assez fréquemment
que le candidat gagnant qui devient président reçoive moins de votes dans
l’ensemble du pays que le candidat perdant. Il arrive même que le candidat
perdant reçoive une majorité des votes et ne soit quand même pas élu. Cela
s’est produit en 1876.
En effet, ce n’est pas nécessairement le vote
populaire qui fait en sorte d’élire le président américain, mais le vote de
quelques centaines de « grands électeurs », choisis dans chacun des
50 états, selon le système
du Collège électoral. Ce système est à l’avantage des candidats
républicains et il défavorise les candidats démocrates, parce qu’il accorde
moins de poids aux votes dans les états très peuplés qu’à ceux des états moins
peuplés.
À titre d’exemple, selon les résultats officiels
de l’élection
présidentielle de 2016, la candidate démocrate Hillary Clinton reçut
48,5 % des votes populaires (65 953 516 votes) mais ne reçut
l’appui que de 232 « grands électeurs » sur un total de 538, ou
43,12 % de ces derniers. En contrepartie, le candidat républicain Donald
Trump ne récolta que 46,09 % des votes nationaux (62 984 825
votes) mais 306 ou 56,9 % des « grands électeurs » votèrent en
sa faveur. Et c’est Donald Trump qui devint président.
Remarquez bien qu’en 2000, le candidat
républicain George W. Bush avait aussi reçu un demi million de votes en moins
que le candidat démocrate Al Gore, mais le système du Collège électoral fit en
sorte d’élire quand même George W. Bush président. — En 1876 et en 1888, un
résultat similaire fit en sorte que des candidats républicains furent élus
président étasunien, tout en recevant moins de votes que les candidats
démocrates. — On peut donc dire que le système du Collège électoral américain
tend à favoriser les candidats républicains, lesquels sont habituellement plus
conservateurs.
2- Trump est égocentrique et autoritaire
Côté personnel,
l’actuel président américain Donald Trump ne semble pas avoir beaucoup de
principes personnels. Il semble être égocentrique et il a tendance à tout
ramener à sa personne : si quelqu’un ou quelque chose lui donne du
plaisir, du prestige ou de l’argent, il est tout à fait pour. Aucun autre
président étasunien avant lui n’a osé étaler publiquement ses sentiments et ses
insultes
gratuites à l’endroit d’autres personnes, et même ses politiques, sur
un medium social comme Twitter, à tel point que Donald Trump a été qualifié de
« Bambin
en chef » !
C’est pourquoi Donald
Trump est une personnalité
politique très atypique, même pour les États-Unis, un pays où l’argent joue un rôle déterminant en politique. En tant que
magnat de l’immobilier, propriétaire d’hôtels et
de casinos, entre autres possessions, Trump a apporté dans ses bagages à la
Maison Blanche l’éthique autoritaire que l’on retrouve dans certains coins sombres de
cette industrie, une éthique de ploutocrate
que l’on peut qualifier d’impitoyable.
Habitué à diriger seul son empire immobilier, il était fort mal préparé
pour être à la tête d’un gouvernement démocratique, lequel est, par définition,
décentralisé. Cependant, son approche autoritaire semble plaire à ses
supporteurs. En fait, Trump agit comme s’il était le représentant des durs-à-cuire
à la Maison Blanche.
Dans un nouveau livre intitulé « Comment
les démocraties meurent », deux politologues (Steven Levitsky
et Daniel Ziblatt de l’université de Harvard) ont identifié quatre facteurs qui
permettent de déterminer si un leader politique est un autoritaire
dangereux :
1. Le leader montre seulement un faible engagement envers les règles
démocratiques ;
2. Il ou elle nie la légitimité des opposants ;
3. Il ou elle tolère la violence ;
4. Il ou elle montre une volonté de restreindre les libertés civiles ou
la liberté des médias.
Selon les auteurs, « un
politicien qui répond même à l’un de ces critères devrait être une source de
préoccupation. » Malheureusement, à leurs yeux, « Donald Trump les rencontre tous »!
En ce qui a trait la violence, Trump n’a pas hésité à nommer une tortionnaire
pour diriger le C.I.A. La torture est une pratique immorale qu’il a lui-même endossée
dans le passé.
Fondamentalement, Donald Trump est un démagogue
sans aucun scrupule — étant à
la fois populiste et autoritaire — le type de ceux qui sont devenus dictateur
dans d’autres pays. Cela devrait être une source de préoccupation parce que
depuis quelques temps déjà, les présidents américains ont étiré la loi afin de gouverner
par ordonnance, c’est-à-dire, en émettant des décrets. Ils s’en ont
servi notamment pour garder les États-Unis sur un pied
de guerre permanent. Donald Trump a élargie cette pratique et l’a
élevée à un nouveau niveau. En effet, au cours de sa première année au pouvoir,
c’est pas moins de 58 décrets
que le président Trump a émis, en
plus de signer une trentaine de soi-disant « proclamations », sans
qu’il y ait quelque contribution que ce soit venant du Congrès.
Il est peut-être normal que certains chefs d’entreprise soutiennent le
gouvernement de Donald Trump, surtout s’ils peuvent en retirer des avantages
pécuniaires, (s’ils reçoivent, par exemple, d’énormes allégements fiscaux
financés à même une hausse de la dette publique). Ce peut être aussi le cas de
politiciens prêts à danser avec le diable si cela peut faire avancer leur
carrière. Cependant, c’est une autre affaire lorsque Trump étend son culte
de la personnalité aux fonctionnaires de carrière américains, lesquels
sont censés être au service de la nation et doivent défendre la Constitution,
et non pas être placés dans l’obligation de prêter allégeance à une personne
qui siège temporairement à la Maison Blanche.
On peut aussi trouver étrange que Donald Trump s’applaudisse lui-même. Cependant, quand il demande, d’une
manière insistante, d’être applaudi quand il parle, qu’il dise ou non la
vérité, et quand il va jusqu’à prétendre que ce serait « anti-américain » de ne point l’applaudir,
cela devrait soulever quelques
inquiétudes !
Par conséquent, on ne doit guère se surprendre que Trump suscite un
certain dégoût
aux États-Unis pour son
caractère insupportable. En effet, les sondages montrent qu’une majorité
d'Américains ne peuvent tout simplement pas le sentir. Il met même ses
partisans dans l’embarras.
3- Trump parle et agit
comme un sociopathe qui aime rendre les gens misérables
Ce serait presque amusant
si ce n’était pas potentiellement si tragique. En effet, Trump est plus qu’un malappris qui ne
respecte aucune règle de bienséance et qui ignore la logique. C’est aussi un
politicien qui sent le besoin de se vanter continuellement et qui a besoin de
constamment exagérer et de surestimer. En effet, aucun autre président
américain avant lui ne peut l’égaler en tant qu'adepte de l’autocongratulation,
car Trump maîtrise à la perfection l’art de se glorifier lui-même. Il semble
souffrir d’une mégalomanie
avancée.
En fait, il est passé expert à
se déclarer faussement un expert dans à peu près tout, en plus de se déclarer,
à l’occasion, être un génie
autoproclamé.
Trump a aussi avoué qu’il aimait « rendre la vie des gens misérable »,
c’est-à-dire la vie des journalistes, des auteurs, de compétiteurs et de tous
ceux qui tombent dans ses mauvaises grâces. Un exemple, parmi des centaines,
sinon des milliers d’autres poursuites sans fondement, est sa
poursuite-baillon, frivole mais très coûteuse, en perte de temps et d’argent,
contre l’auteur Timothy
O'Brien pour avoir écrit le livre “TrumpNation”.
Après avoir perdu en cour, Trump a déclaré au journal Washington
Post : « Je l’ai fait pour rendre la vie d’O’Brien
misérable, ce dont je suis fort heureux. » On conviendra que c’est là
une pratique que seul un sadique très malveillant peut adopter, en violant
ouvertement le droit du peuple d’avoir une presse libre et celui de tout
citoyen ou citoyenne de pouvoir jouir de la liberté d’expression dans un pays
démocratique.
4- Trump est reconnu comme étant un menteur compulsif
C’est aussi un fanfaron impétueux en plus d'être,
comme de nombreuses allégations
publiques le présentent, un obsédé
sexuel. Il est aussi présumé être un prédateur
sexuel en série qui
aime dénigrer les femmes.
L'ancien vice-président Joe Biden (1942- ) n'a pas mâché ses mots, quand
il s’adressait à un rassemblement anti-agression sexuelle, à l’Université de
Miami, le mardi 20 mars dernier, disant aux étudiants ce qu'il pensait de
Donald Trump et sa façon de traiter les
femmes :
« Si nous avions été au même
lycée, je l'aurais emmené [Donald Trump]
derrière la salle de gym et je l’aurais rossé pour son manque de respect envers
les femmes. »
Il est bien connu maintenant que Donald Trump est un menteur
compulsif. Il semble
craindre la vérité comme la peste. Fondamentalement, cela est du au fait qu’il
est intellectuellement
malhonnête. C’est sans doute la principale raison pour laquelle ses avocats
s’opposent à ce qu’il témoigne seul et sous serment dans l’enquête du juge
d’instruction extraordinaire Robert Mueller, sur sa prétendue collusion
électorale avec la Russie.
Dans ses déclarations
publiques, cependant, Trump feint d’être disposé à se laisser interroger sous
serment par Robert Mueller, déclarant: "« Je suis impatient d’y participer, en effet »
; « et, je le ferai sous
serment ». — Cela est plus que douteux. — C’est probablement un autre
exemple d’une mascarade de « bon
flic-mauvais flic » de la part de Trump, parce qu’en réalité, il
n’acceptera jamais d’être interrogé sous serment, sans la présence de ses avocats, et
il blâmera à coup sûr ses avocats pour une autre de ses voltefaces.
C’est aussi la raison
pour laquelle Trump n’a tenu qu’une seule conférence
de presse formelle depuis son entrée en fonction, contrairement à ses
prédécesseurs, lesquels en tenaient une à chaque mois, afin d’éviter d’être
questionné par des journalistes chevronnés. Il préfère plutôt tenir des
ralliements politiques partisans où personne ne peut le contredire ou lui voler
la vedette.
5- Trump n’est pas le
genre de personne à qui confier le contrôle d’armements nucléaires
Même si l’on pouvait
réfuter la moitié de ce qui a été écrit sur lui, c’est-à-dire ses
excentricités, ses mises en scène risibles, ses raisonnements absurdes, et ses mensonges,
Donald Trump serait encore une sorte de monstre immonde. Et on n’insistera
jamais assez pour dire que c’est un homme
dangereux à
qui confier le pouvoir, surtout aux États-Unis avec son énorme arsenal d’engins
nucléaires. Trump est en effet une personne instable et
irresponsable ; il a peu de jugement, il est erratique et imprudent, et il
est un va-t’en-guerre
impulsif. Il emploie constamment un ton belliqueux dans ses relations avec
les dirigeants d’autres pays. C’est une très mauvaise combinaison pour un chef
d’état dans un monde complexe comme le nôtre.
Et pour compléter le
portrait, considérons le souhait qu’a formulé Donald Trump de revenir à une
époque révolue où des leaders totalitaires bien connus organisaient de grands
spectacles publics de force militaire. En effet, Trump a demandé à « ses
généraux » de préparer un pompeux et « grandiose » défilé
militaire de plusieurs millions de dollars, en son honneur, à Washington
D.C., le jour du Souvenir, le tout avec des soldats en uniforme qui
défileraient en rangs serrés sur l’Avenue Pennsylvania, avec des avions et des
hélicoptères bourdonnant autour du Washington Monument et avec des chars
d’assaut ‘Abrams’ de 70 tonnes et des missiles ‘Patriot’ roulant devant la loge
du président. Trump semble avoir eu cette idée après avoir assisté au
déploiement militaire français le 14 juillet dernier. C’est un peu comme si un
puéril Trump avait vu un jouet dans la cour du voisin et aurait dit « j’en veux un moi aussi ! »
Un tel spectacle de
Pow Wow militaire confirmerait, si besoin en est, de l’engouement de Trump pour
les jouets militaires. Ce serait un rappel des défilés militaires sur la Place
Rouge de l’ancienne Union Soviétique ou des défilés militaires plus récents de
la Corée du Nord, pour étaler ses missiles. Ce serait toute une ironie, en
effet, si les États-Unis, lesquels combattirent l’Allemagne fasciste pendant la
Seconde Guerre mondiale, adoptaient des pratiques et des apparats fascistes à
leur tour, trois quarts de siècle plus tard.
En ce qui concerne
l’accès aux armes nucléaire, Tom Collina, directeur des politiques d’un Fonds
anti-nucléaire, a noté qu'un sondage
récent indique que 60 % des Américains ne font pas confiance à
Trump avec les armes nucléaires. En conséquence, il a conclu: « la population a raison de se méfier de Trump
avec des armes nucléaires, et nous devons tous nous exprimer et nous opposer à
ces nouvelles politiques risquées ». — Je suis entièrement d’accord.
Trump n’est pas
seulement une personne insensible qui n’a d’empathie pour personne d’autre que
pour lui-même, il pourrait aussi se transformer en un psychopathe génocidaire
quand il parle ouvertement du fait que c’est « le calme avant la tempête », et quand il dit (à propos de la
Corée du Nord) que ce pays « goûtera
au feu, à la fureur et à une force que franchement le monde n’a jamais vu
auparavant », menaçant même de « détruire
totalement la Corée du Nord », un pays de plus de 25 millions
d’habitants! Cela est d’autant plus scandaleux que Donald Trump a proféré cette
menace insensée lors d'un discours aux Nations Unies, une organisation
spécifiquement créée pour éviter la guerre.
Par conséquent, on ne
peut exclure complètement la possibilité
d’actes
immondes de sauvagerie venant de l’administration Trump dans les
mois et les années à venir. La désorganisation actuelle dans la Maison Blanche
de Donald Trump pourrait conduire à des catastrophes humaines, compte tenu de
l’instabilité du caractère du président étasunien et du manque de courage moral
et de vision de la part des dirigeants républicains actuels à la fois à la
Chambre des Représentants et au Sénat.
6- On peut
s'attendre à ce que Trump se tourne vers des trucs du genre "wag the dog" pour se
tirer d'affaire
C’est une pratique
courante chez certains présidents américains de recourir à la tactique du
« wag
the dog » (littéralement « laisser la queue remuer le chien »),
c'est-à-dire une pratique qui consiste à créer une diversion pour faire oublier
des problèmes politiques intérieurs ou personnels, en provoquant des conflits
militaires à l’étranger.
Sur ce point, depuis que les
problèmes domestiques de Trump s'accumulent présentement, avec une série de
procès intentés par des femmes avec qui il a eu des affaires dans le passé,
avec de graves allégations que des gouvernements
étrangers ont été impliqués dans son
élection, et avec le rapport à venir du juge d’instruction extraordinaire qui pourrait lancer des accusations d'obstruction de la justice
contre lui, on peut s'attendre à ce qu'il veuille détourner l'attention de ses
problèmes et qu’il prenne des décisions stratégiques risquées, voire
catastrophiques. En fait, c'est un modus
operandi chez lui de tenter de détourner l'attention de ses problèmes
personnels en créant des problèmes ailleurs.
Il ne faut pas oublier que Donald Trump est la
première personne à être élue président des États-Unis sans avoir quelque
expérience politique ou militaire que ce soit. Tout récemment, Trump s'est entouré de personnes, genre faire-valoir, qui sont des partisans
immoraux de la torture
et des défenseurs belliqueux de la pratique de provoquer des changements
de régime dans d’autres pays. Le summum du cynisme de sa part —
considérant qu’il a fait campagne en répétant constamment que la guerre
d’agression de Bush-Cheney, lancée en 2003 contre l’Irak, a été un désastre et
une décision stupide — s’est produit le jeudi 22 mars, quand il nomma l’un des
architectes néoconservateurs de la guerre en Irak en la personne du très
belliqueux et va-t-en-guerre John
Bolton, en tant que son conseiller de la sécurité nationale. Je pense
que les États-Unis d’Amérique ont un gros problème en ayant un tel individu
comme président.
Conclusion
Tout en gardant à
l’esprit ce que j’ai écrit dans l’introduction de cet article, et les motifs
rationnels pour lesquels ses supporteurs l’appuient, Donald Trump n’en demeure
pas moins un empereur sans vêtements, et ce n’est pas une dissonance
cognitive de la part de ses partisans qui peut occulter ce simple fait.
En effet, quand tout
est dit et pris en considération, il est impossible de ne point conclure qu’il
y ait quelque chose de fondamentalement malsain chez Donald Trump. De nombreux experts
et observateurs
ont averti le monde que son état d’esprit était un danger pour la sécurité
publique. Les
républicains, en particulier, ceux qui présentement contrôlent le
Congrès des États-Unis, doivent savoir qu’ils ont la responsabilité de
réfléchir et d’agir en fonction de ces renseignements avant que des dommages
irréparables ne soient causés. Si Trump devait faire quelque chose de
catastrophique dans les semaines ou les mois à venir, au plan économique ou
militaire, ces républicains au Congrès étasunien devront en assumer une grande
part de responsabilité personnelle et collective.
Il y a plus d’un an, à
cause de son manque de sérieux et de préparation, j’ai fait la mise en garde à
l’effet que Donald Trump, comme président étasunien, allait être « une menace pour la démocratie
américaine et un facteur de chaos pour le monde ». Malheureusement,
chaque jour semble apporter de nouvelles confirmations de cette évaluation.
Par conséquent, avec
le temps, les motifs pour destituer Donald Trump vont devenir de plus en plus
irréfutables. Son départ de la Maison Blanche deviendra de plus en plus une
affaire urgente et deviendra de plus en plus impératif. Il y a fort à parier,
en effet, que des procédures pour sa destitution
comme président étasunien seront rapidement lancées, si le parti démocrate
prend le contrôle de la Chambre des Représentants lors des élections de
mi-mandat de cet automne, ou possiblement plus tôt, si suffisamment de
Républicains s’ouvrent les yeux auparavant.
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Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal et un ancien ministre dans le gouvernement québécois.
Il est l’auteur du nouveau livre « La régression tranquille du Québec (1980-2018 »
et des livres « Le nouvel empire américain » et « Le Code pour une éthique globale».
et des livres « Le nouvel empire américain » et « Le Code pour une éthique globale».
Prière de faire suivre l’article.
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