La manipulation du Rapport Mueller



La manipulation du rapport du procureur spécial Robert Mueller en date du 22 mars 2019 par le duo Trump-Barr : La supercherie politique du siècle ?
(Auteur du livre « Le nouvel empire américain »du livre « Le Code pour une éthique globale » et de son récent livre « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 »)

« On partit à cet égard de ce principe très juste que, du plus grand des mensonges, l'on croit toujours une certaine partie : la grande masse du peuple laisse en effet plus facilement corrompre les fibres les plus profondes de son cœur qu'elle ne se lancera, volontairement et consciemment, dans le mal : aussi, dans la simplicité primitive de ses sentiments, sera-t-elle plus facilement victime d'un grand mensonge que d'un petit. Elle ne commet elle-même, en général, que de petits mensonges, tandis qu'elle aurait trop de honte à en commettre de grands.
—Elle ne pourra pas concevoir une telle fausseté et elle ne pourra pas croire, même chez d’autres, à la possibilité de ces fausses interprétations, d'une impudence inouïe : même si on l'éclaire, elle doutera, hésitera longtemps et, tout au moins, elle admettra encore pour vraie une explication quelconque qui lui aura été proposée.  » Adolf Hitler (1889-1945), (dans ‘Mein Kampf’, 1925, vol. I, ch. 10, p. 119)

« Si vous dites un mensonge assez gros et que vous le répétez, les gens finiront par y croire. Le mensonge ne peut être maintenu que pendant le temps où l'État peut protéger le peuple des conséquences politiques, économiques et/ou militaires du mensonge. Il devient donc extrêmement important pour l'État d'utiliser tous ses pouvoirs pour réprimer la dissidence, car la vérité est son ennemi mortel et, par extension, la vérité est le plus grand ennemi de l'État. » Joseph Goebbels (1897- 1945), (cité dans Thinkexist.com)

« La manipulation consciente et intelligente des habitudes et des opinions courantes des masses est un élément important de la société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme invisible de la société constituent un gouvernement invisible, qui est le véritable pouvoir dans notre pays. Nous sommes gouvernés, nos esprits sont modelés, nos goûts formés, nos idées suggérées, en grande partie par des hommes dont nous n'avons jamais entendu parler. » Edward Louis Bernays (1891-1995) (dans « Propagande », 1928, ch. 1)

« En politique, la stupidité n'est pas un handicap! » Napoléon Bonaparte (1769-1821), (cité dans http://www.parismarais.fr)

Nous vivons présentement une période de grande corruption. L’exemple que nous avons sous les yeux est celui de la manipulation manifeste du rapport Mueller par le gouvernement américain de Donald Trump, sans qu’il y ait beaucoup de protestations de la part de personnes en autorité. En effet, sur les près de 400 pages (hors annexes et tableaux) du rapport Mueller, tel que remis au ministre de la Justice des États-Unis, le vendredi 22 mars 2019, pas une seule d’entre elles n'a encore été rendue publique, en date de mardi, le 2 avril, que ce soit par un transfert du rapport en entier au congrès élu, ou par la publication du dit rapport pour que le peuple américain puisse prendre connaissance par lui-même du contenu réel du rapport au complet.

Jusqu'à présent, la seule chose rendue publique a été une note de quatre pages rédigée par William Barr, récemment nommé ministre de la Justice par Donald Trump, et dans laquelle Barr dit de belles choses sur son patron et dans laquelle Barr promet vaguement de rendre publique une version fortement censurée du rapport, dans un avenir plus ou moins rapproché (voir ci-dessous). Prendre pour vrai ce qu’un mandaté de Donald Trump dit, de surcroit un avocat, pourrait s’avérer une grave erreur.

L’administration Trump est reconnue pour ses mensonges à répétition. Elle n'a aucun respect pour la vérité. — Elle n’a que des intérêts partisans. En fait, Donald Trump est un partisan de la théorie politique du « gros mensonge » en tant que technique de propagande politique, telle qu’énoncée pour la première fois par Adolf Hitler (1889-1945) dans son livre de 1925, intitulé ‘Mein Kampf’. Selon cette théorie, plus les mensonges d’un politicien sont gros et hors de l’ordinaire, plus une partie de la population sera prête à le croire.

Le président Donald Trump s’en est encore inspiré le jeudi 28 mars lorsqu’il a déclaré, à tort, dans un discours prononcé à Grand Rapids, au Michigan, que le rapport Mueller « l’exonérait complètement » de tout acte répréhensible. Tout cela est fort curieux, car il n’y a pas une seule page du rapport Mueller qui ait été rendue publique, à date, et l’opinion de William Barr ainsi que son bref sommaire étaient seulement à l’effet que « Mueller n’était pas parvenu à une conclusion quant à savoir si Trump avait ou non entravé la justice » ! C’est là un bel exemple d’exagération à la Trump ! — La carrière politique de Trump a été une longue série de mensonges, de faussetés, de demie vérités, d’exagérations et de fausses déclarations, et il n’y a aucune raison de penser que l’avenir serait différent du passé.

Mais, il y a anguille sous roche ! —Si le rapport de 400 pages du procureur spécial du ministère de la Justice, Robert Mueller, dont la mission était de vérifier s’il avait eu fraude et entrave à la justice de la part de Donald Trump dans ses relations avec la Russie, contient des conclusions positives pour l'occupant actuel de la Maison Blanche, sa famille et ses collaborateurs, ne pensez-vous pas que le tandem Trump-Barr se serait précipité pour le rendre public et, à tout le moins, en aurait remis des copies du rapport au complet au Congrès ? Pourquoi sont-ils disposés à brusquer le Congrès américain pour le garder secret ? La seule réponse logique est que le rapport complet de Mueller contient des informations très préjudiciables sur Trump, sa famille et son administration. William Barr ne veut tout simplement pas que les Américains le sachent. 

Quoi qu’il en soit, même si certains média ont très vite cru au sommaire du contenu du rapport Mueller qu’en a fait M. Barr, une nette majorité d’Américains ne sont pas tombés dans le panneau et ils n’avalent tout simplement pas les tours de passe-passe du duo Trump-Barr. S’il est vrai que le rapport Mueller en arrive à des conclusions favorables au gouvernement Trump, pourquoi garder le rapport secret ? Un sondage NPR/PBS NewsHour/Maris, par exemple, montre que seule la base politique crédule de Trump, c’est-à-dire 36 pourcent seulement, pense que le rapport au complet a « disculpé » Donald Trump et ses collaborateurs de tout acte répréhensible. Et qui plus est, 56 pourcent sont plutôt d’avis contraire et 75 pourcent souhaitent que le rapport au complet, non censuré, non expurgé, non édité et sans passages rayés, soit rendu public dans les meilleurs délais.

Le ministre de la justice étasunien William Barr a récemment sorti un lapin, ou peut-être un hareng rouge, de son chapeau pour faire en sorte de retarder le plus possible les choses, dans un effort évident de ‘noyer le poisson’ et d’amoindrir le plus possible l’impact du rapport Mueller. En effet, le vendredi 29 mars, M. Barr a écrit une lettre aux présidents des comités compétents de la Chambre et du Sénat, leur proposant de réécrire lui-même le rapport Mueller afin d’en exclure de nombreuses parties dites « sensibles », dont certaines font sans doute référence à son patron et aux membres de sa famille immédiate qui ont accès à la Maison Blanche. On peut douter qu’une telle censure soit vraiment nécessaire, car il est tout à fait probable et logique que le procureur spécial Mueller et son équipe, sachant pertinemment bien que leur rapport allait être rendu public, ont fait très attention de ne pas inclure des renseignements confidentiels de nature militaire ou de nature juridique. — Cette manipulation risque donc de devenir la supercherie politique du siècle.

Ainsi donc, le procureur général veut maintenant rendre publique sa propre version abrégée et expurgée du rapport Mueller en excluant du rapport officiel quatre grandes catégories d’informations :
- 1 Des documents et des preuves déposés devant la cour ;
- 2 des informations susceptibles de compromettre des sources ou des méthodes de renseignement sensibles;
- 3 des détails liés à des enquêtes en cours; et,
- 4 des informations qui enfreindraient indûment ‘la vie privée et les intérêts de réputation de tierces personnes’.
Cela ratisse très large avec l’intention évidente d’enterrer le rapport Mueller !

En conclusion, disons que tout indique que le gouvernement étasunien de Donald Trump est en train de faire en sorte que tout ce qui pourrait causer du tort au président, à sa famille immédiate et à ses associés dans le rapport Mueller soit expurgé de la version censurée qu’il propose de rendre public dans quelques semaines. Pour ma part, je doute fort que les dirigeants démocrates au Congrès américain veuillent accepter une censure aussi flagrante d’un rapport au sujet de personnalités politiques et dont tout le monde s’attendait à ce qu’il soit rendu public dans son entièreté, dès son dépôt officiel.

Les accusations de Adam Schiff à l’endroit de ses collègues républicains

Compte tenu de ces développements, il serait peut être opportun de rappeler les propos qu’a tenus le président du Comité du renseignement de la Chambre des représentants, M. Adam Schiff, en s’adressant à ses collègues républicains, le jeudi 28 mars, quant à leur manque de probité et d’honnêteté, et concernant leur caractère « immoral », « dépourvu de toute éthique », et leurs agissements « corrompus » :


« Vous pensez peut-être que tout ce que le président et son équipe ont fait en rapport avec cette affaire russe est totalement acceptable (OK), mais je ne crois pas que ce soit acceptable.

Mes collègues républicains pensent peut-être que c’est acceptable (OK) que les Russes aient offert des informations compromettantes sur la candidate démocrate lors des élections présidentielles dans le cadre de ce qu’on a décrit comme des efforts du gouvernement russe pour mousser la campagne présidentielle de Donald Trump. Vous pouvez croire que c’est acceptable.

Mes collègues pourraient penser que ce n’est pas grave, lorsque cette assistance a été offerte au fils du président (Donald Trump Jr.), alors que ce dernier jouait un rôle clé dans la campagne, que le fils du président n’ait pas appelé le FBI; et qu’ il n'ait pas catégoriquement refusé cette aide étrangère. Non, au contraire, il a affirmé qu'il « était content » de recevoir une telle aide de la part des Russes. Vous pourriez penser que c’est acceptable qu’il ait participé à cette rencontre ?

Vous pensez peut-être que c’est correct que Paul Manafort, le directeur de la campagne de Donald Trump, et une personne qui a une grande expérience des campagnes électorales, ait également pris part à cette rencontre. Vous pensez peut-être que c’est acceptable (OK) que le gendre du président (Jared Kushner) ait également pris part à cette réunion. Vous pourriez penser que c’est OK qu’ils l’aient caché au public. Vous pensez peut-être que ce n’est pas grave si leur seule déception après cette réunion ait été que l’information compromettante sur Hillary Clinton qu’on leur a livrée n’était pas meilleure. Vous pourriez penser que c’est OK. — Moi je ne
le crois pas.

Vous pensez peut-être que c’est acceptable qu’après que cette rencontre ait été dévoilée au public, un an plus tard, ils aient menti à ce sujet en disant que la discussion avait porté sur des adoptions. Vous pensez peut-être que ce n’est pas grave que le président ait aidé à dicter ce mensonge. Vous pourriez penser que c’est OK. — Moi je ne
le crois pas.

Vous pourriez penser que c’est acceptable que le directeur de la campagne présidentielle de Donald Trump ait offert des informations sur cette campagne à un oligarque russe en échange d'avantages financiers. Vous pourriez penser que c’est OK. — Moi je ne le crois pas.

Vous pourriez penser que c’est OK que ce directeur de campagne ait fourni des données de sondages à une personne liée aux services de renseignement russes. — Moi je ne le crois pas.

Vous pensez peut-être qu’il est acceptable que le président ait lui-même demandé à la Russie de pirater les courriels de son adversaire, s'ils pouvaient l’entendre. Vous pensez peut-être qu’Il n’y a rien là mais, plus tard dans cette même journée, les Russes ont tenté de pirater un serveur de la campagne d’Hillary Clinton. — Moi je ne le crois pas.

Vous pensez peut-être que ce fut acceptable que le gendre du président (Jared Kushner) ait cherché à établir une voie de communication secrète avec les Russes par le biais d’un poste diplomatique russe. — Moi je ne le crois pas.

Vous pourriez penser que c’était OK qu’un associé du président (Roger Stone) ait pris contact directement avec le GRU (les Services secrets de l’armée russe) via Guccifer 2.0 et WikiLeaks, alors que cette agence est considérée comme un service de renseignement hostile à l’Amérique. Vous pensez peut-être que ce n’est pas grave qu’un haut responsable de la campagne ait reçu pour instruction de contacter ce collaborateur et de savoir ce que cette agence de renseignement hostile avait à dire en termes d’information compromettante sur son adversaire.

Vous pensez peut-être que c’est acceptable que le conseiller à la sécurité nationale désigné [Michael Flynn] ait fait des tractations secrètes [pendant la période de transition] avec l’ambassadeur de Russie à propos d’un assouplissement des sanctions américaines, et vous pouvez penser que le fait qu’il ait menti au FBI sur ces tractations soit correct.

Vous pourriez dire que tout ça est OK parce que c’était ce qu’il fallait faire pour gagner [l’élection]. Mais je ne pense pas que cela soit acceptable. Je ne pense pas que cela soit OK.
Je pense plutôt que c’est immoral. Je pense que c’est contraire à l’éthique. Je pense que c’est antipatriotique et, oui, je pense que c’est un exemple de corruption,  et qu’il y a là un élément de preuve qu’il y a eu collusion…


[De plus], je ne pense pas qu’il soit normal que, pendant une campagne présidentielle, Donald Trump ait demandé l'aide du Kremlin pour monter un projet immobilier à Moscou, lequel lui aurait rapporté une fortune, selon le procureur spécial, des centaines de millions de dollars. Je ne pense pas que ce soit acceptable qu’il ait caché ces tractations au public. Je ne pense pas que ce soit acceptable qu’il ait en même temps plaidé en faveur d’une nouvelle politique plus favorable à l’égard des Russes, alors même qu’il cherchait l’aide du Kremlin pour gagner de l’argent. Je ne pense pas que ce soit OK que son avocat ait menti à notre comité. Pour cela, il existe un mot différent de celui d’une collusion et ce mot est ‘compromission’. »

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Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal.

On peut le contacter à l’adresse suivante : rodrigue.tremblay1@gmail.com.


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Mis en ligne, le mardi, le 2 avril 2019.
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© 2019 Prof. Rodrigue Tremblay